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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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viarge,
elle a juste le tic-tac et le branlant! Jamais je croirai qu'elle a tant de
péchés que ça!»
     
    Finalement, elle
entendit le claquement sec du guichet refermé par le confesseur. La porte
s'ouvrit sur la pénitente, immédiatement remplacée par une autre, probablement
aussi impatiente que Laurette d'en finir avec cette obligation.
     
    La jeune femme
enceinte attendait depuis près d'une demi-heure quand elle se retrouva enfin la
prochaine à pouvoir pénétrer dans l'isoloir. La confession du vieillard fut
plutôt courte. Avant même de le réaliser, Laurette vit la porte qu'il avait
refermée derrière lui se rouvrir lentement. Elle fit un pas pour prendre sa
place quand quelqu'un la devança et s'empara de la poignée de la porte pour
pénétrer dans les lieux.
     
    — Aïe ! s'écria
Laurette à mi-voix en empoignant la porte pour la maintenir ouverte, c'est mon
tour.
     
    — Je suis
pressée, fit avec hauteur une femme âgée d'une quarantaine d'années vêtue d'un
chic manteau gris perle.
     
    — C'est pas mon
problème, chuchota Laurette, les dents serrées, maintenant fermement sa prise
sur la porte. Vous avez juste à faire la queue comme les autres.
     
    Il y eut de
faibles murmures derrière les deux femmes qui s'affrontaient, mais personne
n'osa se mêler de l'altercation.

 
    L'autre n'en
démordait pas et cherchait à pénétrer dans l'isoloir en repoussant Laurette qui
avait fait un pas de plus pour en obstruer l'entrée.
     
    — Ma maudite
fraîche ! s'emporta la jeune mère en la poussant. Ôte-toi de là, c'est mon
tour.
     
    — Basse classe !
fit l'autre en affichant un air dégoûté, tout en continuant à se cramponner à
la porte pour la maintenir ouverte. ,.     v
     
    Ce fut là une
très mauvaise idée. Laurette s'arc-bouta, entra dans l'isoloir et tira sur la
porte dans l'intention de la fermer derrière elle. Pour y arriver, elle donna
une solide poussée à l'intruse pour lui faire lâcher prise, mais en pure perte.
Il y eut alors un craquement sec.
     
    Sous le regard
ébahi d'une poignée de fidèles, les pentures cédèrent et la dame au manteau
gris emporta la porte dans sa chute.
     
    — Bonyeu
d'épaisse! ne put s'empêcher de s'exclamer Laurette. Regarde ce que tu viens de
faire !
     
    La dame, un peu
étourdie, finit par repousser la porte pour pouvoir se relever. Personne
n'avait bougé pour lui offrir son aide. Dans l'isoloir central, le confesseur
sembla réaliser subitement qu'il venait de se passer un événement grave
lorsqu'il entendit le bruit de la porte s'écrasant sur le parquet de marbre.
Occupé à écouter la confession d'un pécheur agenouillé à sa gauche, il n'avait
rien entendu de la sourde lutte que s'étaient livrée les deux femmes pour
entrer dans son confessionnal, à sa droite.
     
    En entendant
bouger le confesseur, Laurette réalisa soudain la gravité de la situation et
décida de quitter l'église sur-le-champ, sans demander son reste. La chance
était de
     
    CHÈRE LAURETTE
     
    ¦
     
    son côté
puisqu'il s'agissait du confessionnal occupé par l'abbé Léger.
     
    Le gros prêtre
fut incapable d'extirper rapidement son importante masse de l'étroit cagibi. Il
finit tout de même par en sortir et, ébahi, aperçut alors la porte arrachée de
l'isoloir. Il tourna la tête dans toutes les directions pour essayer de
comprendre ce qui avait bien pu se produire.
     
    Évidemment, l'adversaire
de Laurette avait, elle aussi, disparu.
     
    — Qu'est-ce qui
s'est passé ? demanda le vicaire, stupéfait, en replaçant son étole autour de
son cou.
     
    Personne ne lui
répondit, mais le sourire que quelques fidèles affichaient traduisait avec évidence
une situation plutôt cocasse. Devant le silence persistant, une vieille dame,
agenouillée dans un banc situé à faible distance, cessa d'effectuer sa
pénitence pour lui apprendre à voix basse que la porterait été arrachée par
deux femmes qui s'étaient disputées pour entrer dans son confessionnal. L'homme
de Dieu secoua la tête en signe de désapprobation et posa la porte contre le
mur avant de réintégrer sa place.
     
    Pour sa part,
Laurette n'eut pas trop du trajet du retour à la maison pour retrouver un
semblant de calme. Une main sur le ventre, elle marchait d'un pas rapide alors
que ses tempes bourdonnaient.
     
    r —La maudite
vache d'effrontée! jura-t-elle en marchant. Si jamais je lui revois la face, je
lui arrache les yeux ! Elle était encore secouée par la

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