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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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l'uniforme qu'elle allait
devoir porter pour son entrée à l'école Sainte-Catherine, le surlendemain. Sa
grand-mère le lui avait confectionné quelques jours auparavant.
     
    — Regardez comme
elle est belle, notre Denise ! déclara fièrement Annette aux femmes assises
autour de la table. Pensez-vous qu'elle sera pas une belle fille avec ses beaux
boudins, habillée comme ça?
     
    Chacune
s'émerveilla en poussant des « oh ! » et des « ah ! ». Laurette ne manqua pas
de remercier sa mère de s'être donné tant de mal pour confectionner cet
uniforme.
     
    — Ce serait
peut-être pas une mauvaise idée que tu te mettes à apprendre à coudre, lui fit
alors remarquer cette dernière. Avec quatre enfants, ça te serait pas mal
utile.
     
    — Vous le savez,
m'man, j'ai les mains pleines de pouces. Les sœurs ont ben essayé de me
montrer, dans le
     
    temps, mais je
faisais tout de travers. Ça a tout pris pour que j'apprenne à tricoter comme du
monde.
     
    — C'est ben de
valeur, Laurette, déplora sa mère. Regarde Pauline et Marie-Ange, elles se
débrouillent pas mal en couture. Si tu faisais la même chose, tu pourrais te
faire des robes qui te coûteraient pas trop cher.
     
    — Je le sais ben,
mais je suis pas capable, dit sa fille sur un ton assez brusque pour faire
comprendre à sa mère qu'elle ne désirait pas s'étendre sur le sujet.
     
     
    Le lendemain de
la fête du Travail, Laurette s'empressa de réveiller sa fille après le départ
de son mari. Elle l'assit devant elle et défit les guenilles autour desquelles
les cheveux de la gamine avaient été enroulés la veille avant de l'envoyer se
laver.
     
    — Tu mettras ton
uniforme juste après le déjeuner pour pas le tacher, lui ordonna-t-elle.
     
    Pendant que
Denise procédait à sa toilette, elle réveilla Jean-Louis et Gilles et leur
servit leur déjeuner après les avoir habillés. À huit heures, elle déposa
Gilles et Richard dans le landau et vérifia une dernière fois la tenue de sa
fille avant d'entraîner tout son petit monde à l'extérieur.
     
    Ce matin-là, le
soleil était au rendez-vous et une légère brise plaquait les papiers gras
contre les maisons. Il faisait un temps si magnifique que les écoliers, le
visage long, regrettaient amèrement d'avoir à retourner s'asseoir sur les bancs
d'école. Il y avait dans l'air une sorte de solennité. On se serait presque cru
un dimanche matin. On n'entendait nulle part les cris excités des enfants
emportés dans leurs jeux. Partout où les yeux se portaient, ils ne
rencontraient que des jeunes, sacs au dos, en route, seuls ou en groupe, vers
une école du voisinage. Si les garçons avaient envahi les trottoirs de la rue
Fullum où était située l'école
     
    Champlain, les
fillettes occupaient ceux des rues Dufresne et Sainte-Catherine avant de
pénétrer dans la cour de l'école Sainte-Catherine, voisine du couvent.
     
    En ce premier
jour de classe, Laurette avait décidé d'accompagner son aînée à l'école autant
pour assister à l'événement que pour lui montrer le trajet à suivre. Elle avait
emprunté les rues Fullum et Sainte-Catherine en poussant son landau.
     
    — Tu vas
reconnaître ton chemin ? demanda-t-elle à la fillette.
     
    — Ben oui, m'man.
Ça fait cent fois que vous me le montrez, répondit Denise, un peu énervée par
la perspective de se retrouver bientôt abandonnée, au milieu de centaines
d'inconnues.
     
    — Je veux surtout
pas que tu passes par la ruelle Grant et la rue Archambault, la prévint sa
mère. C'est trop dangereux. Et parle pas à du monde que tu connais pas. Traîne
pas en chemin. Viens-t'en directement à la maison quand la cloche sonne.
     
    — Oui, m'man.
     
    En cours de
route, Laurette avait demandé à Denise de tenir Jean-Louis par la main jusqu'à
leur arrivée devant le haut treillis entourant la cour de l'école. La mère de
famille vérifia une dernière fois la tenue de sa fille avant de la pousser
légèrement vers la porte d'entrée. Plusieurs centaines de petites filles
avaient envahi la cour patrouillée par des dames de la congrégation Notre-Dame.
Ces dernières, la tête surmontée par leur haute cornette, marchaient de long en
large, entourées d'élèves jacassantes.
     
    — Vas-y, ordonna
Laurette à sa fille. Je reste ici et je te regarde.
     
    Denise obéit et
entra dans la cour. Les yeux plein d'eau, la jeune mère de famille vit sa fille
se frayer lentement un chemin au milieu des écolières plus

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