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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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âgées qu'elle et
venir
     
    la rejoindre près
du treillis. La fillette était timide et, de toute évidence, passablement
impressionnée par tous les cris excités d'élèves qui rejoignaient des amies
qu'elles n'avaient pas vues de l'été. Soudain, parmi les visages, elle reconnut
Colette Gravel, la fille des voisins, avec qui elle jouait parfois dans la
cour. Elle s'empressa de laisser sa mère derrière elle pour se diriger vers
cette figure connue.
     
    — Ça fait de quoi
de les voir partir pour l'école, pas vrai ? fit une voix dans le dos de
Laurette, qui se retourna et reconnut sa voisine.
     
    — Vous avez ben
raison, madame Gravel. Ça nous fait pas mal vieillir, d'un coup sec.
     
    — On a beau se
dire que c'est normal, c'est pas plus facile, reprit la voisine.
     
    — C'est certain.
     
    — Dans deux
jours, on va être habituées à les voir partir et on n'en fera plus de cas. Pour
mon Léo, ça été la même chose... Ah! pendant que j'y pense, reprit Emma Gravel,
quel chemin vous avez dit à votre fille de prendre ?
     
    — La rue Fullum.
     
    — C'est ce que
j'avais pensé dire à la mienne aussi, mais après coup, j'ai pensé que c'était
la rue que tous les garçons de l'école Champlain prennent. La petite risque de
se faire achaler. Ça fait que je lui ai demandé de passer par la ruelle Grant
et la rue Archambault. C'est plus court et c'est toujours plein de filles qui
reviennent de l'école. C'est moins dangereux, à mon avis.
     
    — Vous avez
peut-être raison, j'avais pas pensé à ça, reconnut Laurette, soudain songeuse.
C'est ce que j'aurais dû dire à ma fille. Denise ! cria-t-elle pour attirer
l'attention de la fillette en train de bavarder avec Colette un peu plus loin,
dans la cour.
     
    Denise et Colette
s'approchèrent du treillis et Laurette ordonna à sa fille d'attendre Colette à
la fin des classes pour faire route avec elle.
     
    ¦
     
    Chapitre 19
     
    La guerre
     
    — Ah ben non,
c'est pas vrai ! s'écria Gérard en se détournant de la radio qu'il écoutait depuis
son retour du travail.
     
    Son exclamation
avait fait sursauter Denise, installée à table aux côtés de sa mère en train de
lui montrer comment former des « a » dans son cahier.
     
    — Qu'est-ce qui
se passe encore? lui demanda sa femme en jetant un coup d'œil au poêle sur
lequel cuisait le souper.
     
    — Il y a que King
vient d'annoncer que le Canada a déclaré la guerre à l'Allemagne.
     
    — Puis?
     
    — Cybole,
Laurette, réveille-toi ! T'as pas l'air de te rendre compte que si c'est comme
en 1917, j'ai l'âge pour aller me battre de l'autre bord.
     
    — Ben, voyons
donc! s'insurgea sa femme. T'es père de famille. Tu sais ben qu'ils feront
jamais ça.
     
    — S'il y a la
conscription, tous les hommes de dix-huit à quarante-cinq ans auront pas le
choix, pères de famille ou pas. Ça va être l'armée.
     
    — Ah ben, il
manquait plus que ça, dit Laurette dans un souffle, soudainement en proie à la
plus vive inquiétude.
     
    Quelques jours
plus tard, Honoré et Annette vinrent rendre visite un soir aux Morin en
compagnie d'Armand
     
    et de Pauline. Il
fut autant question de la déclaration de Mackenzie King que des explications
d'Ernest Lapointe, son lieutenant au Québec. Ce dernier venait de promettre
solennellement aux Canadiens français du Québec que jamais il n'y aurait
conscription au Canada. Selon lui, tout ce que le gouvernement demanderait
bientôt aux Canadiens, ce serait de participer activement à l'effort de guerre
en acceptant le rationnement du sucre, de l'huile, du fer, des tissus et de
quelques autres .produits.
     
    — Moi, j'ai ben
de la misère à croire que les Anglais du Canada vont laisser faire ça, déclara
Honoré aux deux jeunes hommes. Ils vont finir par vouloir aller se battre à
tout prix pour le roi d'Angleterre et ils vont forcer le gouvernement à faire
la conscription.
     
    — En tout cas,
les bureaux de l'armée engagent déjà à tour de bras, fit remarquer Armand,
aussi inquiet de la situation que son beau-frère Gérard.
     
    — Des
volontaires, juste des volontaires, lui fit remarquer son père en allumant sa
pipe. Ça, c'est correct. Il y en a qui aiment mieux risquer de se faire tuer
plutôt que de continuer à crever de faim parce qu'ils ont pas d'ouvrage. C'est
leurs affaires.,
     
    — Sœur Thérèse
nous a dit de prier pour les soldats, intervint Denise, assise sagement aux
côtés de sa mère qui berçait

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