Des rêves plein la tête
gars pourra être confirmé comme
les autres s'il sait ce qu'il doit savoir. Il lui reste presque deux semaines.
Une quinzaine de
minutes plus tard, Laurette rentra à la maison, satisfaite de l'arrangement.
Tous les soirs, durant une semaine et demie, Jean-Louis dut réviser son
catéchisme sous sa supervision après avoir effectué ses devoirs réguliers.
— Lâche-le, lui
conseilla Gérard. Tu vas finir par l'écœurer du catéchisme jusqu'à la fin de
ses jours.
— Laisse faire,
toi, répliqua sèchement sa femme. Il est pas dit qu'on aura fait toutes ces
dépenses-là pour rien. Il
va la faire sa
confirmation et sa première communion, je t'en passe un papier !
Le vendredi,
après avoir lavé sa vaisselle, la mère de famille se dirigea avec son fils vers
le presbytère, comme il avait été entendu avec l'abbé Saint-Onge. L'enfant
était passablement nerveux et ne cessait de bouger.
— Aie pas peur,
moman sera pas loin, lui chuchota Laurette pendant qu'ils attendaient l'arrivée
du vicaire.
La porte du
bureau s'ouvrit un instant plus tard et l'abbé Saint-Onge, toujours aussi
souriant, fit entrer le gamin. L'entrevue ne dura qu'une dizaine de minutes.
Quand la porte s'ouvrit à nouveau pour livrer passage à son fils et au prêtre,
Laurette ne put s'empêcher de s'exclamer :
— Vous avez déjà
fini ?
— Bien oui,
madame Morin. Votre garçon a fait ça comme un grand. Je lui ai posé trois ou
quatre questions et il savait très bien les réponses. Tout est arrangé.
Toute fière,
Laurette remercia le prêtre et rentra à la maison en tenant fermement la main
de son Jean-Louis.
Le dimanche
suivant, elle tint à être présente à la grand-messe pour assister à la
confirmation de son fils. Gérard, qui préférait toujours la basse-messe, n'y
vit aucun inconvénient.
Ce matin-là,
Jean-Louis fut réveillé très tôt et sa mère s'assura qu'il soit impeccablement
habillé avant de prendre le chemin de l'église Saint-Vincent-de-Paul où les
futurs confirmés se regroupèrent autour des trois institutrices de première
année. De l'autre côté de l'allée centrale, des dames de la congrégation
Notre-Dame voyaient à maintenir la discipline chez les fillettes qui allaient,
elles aussi, être confirmées.
À la fin de la
grand-messe, monseigneur Gauthier entonna le Veni creator avant de poser
quelques questions aux futurs confirmés et d'invoquer le Saint-Esprit. Ensuite,
le prélat prit place au centre du chœur, revêtu de sa chape dorée et coiffé de
sa mitre. Les parents, anxieux et fiers, tendaient le cou pour tenter de voir
leur fils ou leur fille. Les enfants, maintenant debout dans l'allée centrale,
les uns derrière les autres, s'approchaient à tour de rôle de l'évêque de
Montréal qui leur apposa le signe de la croix sur le front avec le saint Chrême
avant de les gifler légèrement. \
Lorsque la
cérémonie prit fin, Laurette se fraya difficilement un passage dans la foule afin
de retrouver son fils. L'agrippant par la main, elle rentra à la maison la tête
haute.
— Dimanche
prochain, tu vas pouvoir mettre ton brassard et faire ta première communion,
dit-elle à son fils, après lui avoir ordonné d'aller changer de vêtements.
Malheureusement,
à la date prévue, le beau temps n'était pas au rendez-vous.
— Maudit verrat !
jura Laurette en regardant par la fenêtre de sa chambre la forte pluie danser
sur la chaussée. Il mouille à «siaux» ! Des affaires pour gaspiller son habit
neuf.
— Énerve-toi donc
pas, chercha à l'apaiser Gérard. Il est encore de bonne heure. Ça va se calmer.
Mais il n'en fut
rien. C'est sous un véritable déluge que Gérard accompagna son fils à l'église
paroissiale pour sa première communion. Pour l'occasion, Conrad et Lucille, les
parrain et marraine de l'enfant, étaient venus de Saint-Hyacinthe. Annette et
Honoré se joignirent à eux avant la messe.
A leur sortie de
l'église, les fortes averses s'étaient transformées en une petite pluie fine.
Les Morin et les
Brûlé, à l'abri
de leurs grands parapluies noirs, regagnèrent l'appartement de la rue Emmett
pour partager le repas de fête préparé par Laurette.
Avant le repas,
Annette tendit à son petit-fils un missel neuf tandis que Lucille lui offrait
un bénitier.
— Ça veut dire,
mon garçon, qu'à partir de dimanche prochain, tu vas être obligé d'aller à la
messe tous
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