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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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leur
     
    ¦
     
    venait cette
difficulté à apprendre. Pas d'elle, en tout cas. Est-ce qu'il était possible
que cela vienne de Gérard? Pendant un bref moment, elle eut envie de le
réveiller pour lui poser la question... Peu avant de s'endormir, elle prit la
résolution de surveiller d'encore plus près les travaux scolaires de ses
enfants.
     
    Au presbytère
voisin, l'abbé Léger venait de frapper à la porte du bureau du curé Crevier,
une liste à la main.
     
    — Entrez, dit le
prêtre en levant la tête du document qu'il était en train de lire, uniquement
éclairé par une petite lampe de travail en cuivre.
     
    La porte s'ouvrit
sur le vicaire bedonnant.
     
    — Qu'est-ce qu'il
y a, l'abbé ?
     
    — Je viens de
retrouver sur mon bureau la liste des demandes d'aide faites" à la
Saint-Vincent-de-Paul que je vous ai laissée hier après-midi.
     
    — Oui.
     
    — Est-ce que ça
se peut, monsieur le curé, qu'il y ait une erreur?
     
    — Pourquoi vous
me demandez ça ?
     
    — Sur la liste,
vous avez "barré le nom de madame Trépanier.
     
    — Il y a pas
d'erreur, l'abbé, déclara le curé d'une voix tranchante.
     
    — Mais j'ai reçu
moi-même cette mère de famille, monsieur le curé. Elle a six enfants sur les
bras et elle a pas d'ouvrage. Elle m'a dit qu'elle aurait rien à leur donner à
manger dans le temps des fêtes si on l'aidait pas. Elle m'a eu l'air pas mal
méritante.
     
    Le pasteur de la
paroisse poussa un bref soupir d'exaspération avant de retirer ses lunettes.
     
    — Je trouve,
l'abbé, que ça vous prend du temps à apprendre, laissa-t-il tomber. Il me
semble que depuis le temps que vous appartenez à la paroisse, vous devriez
connaître un peu mieux certains paroissiens. J'ai refusé d'aider votre madame
Trépanier pour une raison de moralité. Est-ce qu'elle vous a dit qu'elle était
veuve ?
     
    — Non. Je lui ai
pas demandé.
     
    — Elle est ni
veuve ni séparée. Comprenez-vous ce que ça veut dire, l'abbé? Votre madame
Trépanier est une Jézabel ! Une pécheresse ! Elle a jamais été mariée avec le
ou les pères de ses enfants. Elle pratique même pas. Elle fait baptiser ses
petits parce qu'ils ont besoin d'un extrait de baptême pour s'inscrire à
l'école. C'est tout un exemple dans la paroisse ! Vous pensez tout de même pas
qu'on va encourager du monde comme ça à continuer !
     
    — Oui, mais c'est
pas la faute des enfants, plaida le vicaire.
     
    — Tant que je
serai curé de cette paroisse, la Saint-Vincent-de-Paul aidera juste les
paroissiens méritants, les bons catholiques, trancha le curé. Cette famille-là
recevra pas une cenne.
     
    — C'est compris,
monsieur le curé, dit le prêtre avant de se retirer dans le salon où il
retrouva l'abbé Saint-Onge en train de lire son bréviaire.
     
    Hautement
préoccupé par l'entretien qu'il venait d'avoir, le gros prêtre se mit à
arpenter la pièce de long en large. Son confrère finit par quitter des yeux son
livre de prières pour le regarder d'un air intrigué.
     
    — Dis donc,
Raymond, essayes-tu de nous faire tomber dans la cave ? lui demanda-t-il, l'air
espiègle. Si tu continues comme ça, tu vas passer à travers le plancher ou, au
moins, effacer les fleurs du tapis.
     
    Raymond Léger
s'arrêta brusquement de marcher pour aller s'asseoir dans l'un des fauteuils un
peu affaissés de la pièce.
     
    — Je suis pas mal
embêté, avoua-t-il, sans tenir compte de la remarque sarcastique du jeune
vicaire.
     
    Il s'empressa
alors de lui résumer la situation d'un air grave.
     
    — Bon. Puis ?
C'est pas la fin du monde, lui fit remarquer l'abbé Saint-Onge.        %
     
    — Je trouve pas
ça juste pour les enfants, si tu veux le savoir, répliqua son confrère
tourmenté. Ils ont rien fait de mal. Je vois pas pourquoi ils pâtiraient à
cause de leur mère. J'ai eu envie de raconter à notre curé l'histoire de
Marie-Madeleine, mais j'ai pensé qu'il apprécierait pas que je lui fasse la
leçon.
     
    — T'as bien fait,
l'approuva son vis-à-vis.
     
    — Je pense que je
vais donner à la mère la plus grande partie de mon traitement du mois de
novembre pour qu'elle puisse acheter quelque chose à manger à ses enfants.
C'est pas grand-chose, mais ce sera mieux que rien.
     
    — Tu ferais
peut-être mieux d'acheter toi-même de la nourriture, suggéra son confrère. Il y
a rien qui te dit qu'elle boira pas une partie de l'argent que tu vas lui
donner.
     
    — Je me vois mal
aller

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