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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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journée.
Va-t'en dans ta chambre. T'en sortiras juste pour dîner.
     
    Il était écrit
quelque part que cette journée allait être à marquer d'une pierre blanche
puisqu'un petit homme tiré à quatre épingles vint sonner à la porte du 2318,
rue Emmett, quelques minutes à peine après le départ des enfants pour l'école,
ce midi-là. Toujours sur ses gardes face à des étrangers, Laurette ne fît
qu'entrouvrir la porte pour lui demander ce qu'il voulait.
     
    — Bonjour madame
Morin, la salua l'homme. Je suis Armand Tremblay, le nouveau fondé de pouvoir
de la Dominion Oilcloth. Je passe pour le bail.
     
    — Ben, mon mari
est pas là, déclara Laurette en entrouvrant davantage la porte sans toutefois
inviter l'homme à entrer.
     
    — C'est pas
grave, madame. Je suppose qu'il est parti travailler ?
     
    — En plein ça.
     
    — Bon. Je vous
laisse votre nouveau bail, dit Tremblay en lui tendant un document qu'il venait
de tirer de la mince serviette en cuir qu'il portait sous le bras. Voulez-vous
le lui faire signer ? Je passerai demain matin pour le ramasser.
     
    — C'est correct,
accepta Laurette en prenant possession des feuilles qu'il lui tendait.
     
    Après avoir
refermé la porte, elle s'empressa de regagner la cuisine et consulta le nouveau
bail avec curiosité.
     
    — Ben, voyons
donc ! Ça a pas d'allure cette affaire-là ! s'exclama-t-elle en constatant que
la compagnie avait fixé le loyer à dix-sept dollars. Ça fait deux piastres par
mois d'augmentation d'un seul coup. Est-ce qu'ils pensent qu'on l'imprime, cet
argent là ? s'emporta-t-elle. Si ça a du bon sens de voler le pauvre monde
comme ça !
     
    Jusqu'au retour
de son mari, elle ne cessa d'échafauder mille projets pour ne pas avoir à payer
une telle somme pour se loger.
     
    — Le gars de la
Dominion Oilcloth nous a laissé le nouveau bail, dit-elle à Gérard dès qu'il
eut franchi le seuil de la porte d'entrée. Il est sur la table.
     
    Son mari prit le
document et ne se préoccupa que du montant inscrit sur la ligne pointillée.
     
    — Cybole, ils y
vont pas avec le dos de la cuillère ! Dix-sept piastres par mois.
     
    — Moi, je trouve
ça écœurant, dit-elle en s'approchant. On devrait déménager. Je suis certaine
qu'on pourrait trouver un plus beau logement au même prix sur Dufresne
     
    ou sur Poupart.
On reste ici dedans depuis douze ans, mais il y a rien qui nous oblige à
continuer jusqu'à la fin de nos jours.
     
    Gérard prit un
long moment pour réfléchir à la suggestion de sa femme avant de dire d'une voix
un peu hésitante :
     
    — Tu peux ben
chercher un autre logement si ça te tente, mais pas dans le coin du four à
chaux, sur Poupart. Moi, aller vivre au milieu de cette poussière blanche là,
ça me tente pas.
     
    — Ben non, si je
cherche quelque chose sur Poupart,' ce sera proche de Notre-Dame ou en haut de
Sainte-Catherine, dans le coin de chez mon père.
     
    — Fais à ta tête,
ajouta Gérard. Quand est-ce que le gars de la compagnie doit venir chercher le
bail ?
     
    — Il m'a dit
qu'il allait revenir demain, mais je peux toujours lui dire que j'ai oublié de
te le montrer. Ça va nous donner toute la fin de semaine pour voir si on
pourrait pas trouver mieux ailleurs.
     
    Gérard acquiesça,
mais après une courte réflexion, il se sentit tout de même obligé de faire
remarquer à Laurette :
     
    — Oublie pas que
déménager, ça coûte pas mal cher et que c'est pas mal de trouble. Il va falloir
payer un truck, faire un grand ménage et acheter de la peinture. C'est toi qui
sais si on a les moyens de payer tout ça.
     
    — On va commencer
par voir si on trouve quelque chose avant de se mettre à calculer, rétorqua sa
femme. Ah! j'allais oublier. Ton gars est en punition depuis la fin de
l'avant-midi dans sa chambre.
     
    — De qui tu
parles ?
     
    — Devine ! De
Richard, comme d'habitude. Ce petit maudit-là est allé casser des pintes de
lait chez les voisins pour voler leurs coupons de lait. Je lui ai promis que tu
lui en sacrerais une en arrivant.
     
    — Pourquoi tu lui
en pas donné une toi-même ?
     
    — Parce que t'es
son père, bonyeu ! s'emporta Laurette. C'est pas toujours à moi de le punir,
cet enfant-là.
     
    — Bon, bon, c'est
correct, accepta Gérard en poussant un soupir résigné.
     
    Le père de
famille entra dans la chambre que Richard partageait avec Gilles.
     
    — Va-t'en dans la
cuisine, ordonna-t-il à ce dernier en lui montrant la porte.

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