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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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tressait les longs
cheveux de Denise, il regardait le ciel gris de cette matinée de septembre par
la fenêtre. Lassé d'attendre le signal du départ, il finit par demander à sa
mère :
     
    — Est-ce que je
peux aller jouer dans la cour en attendant ?
     
    — Es-tu malade,
toi ? Des plans pour te salir avant d'aller à l'école. Reste assis tranquille.
Tes frères partent dans dix minutes.
     
    Laurette en
profita pour examiner une dernière fois sa tenue vestimentaire. Son fils de six
ans était propre comme un sou neuf. Ses cheveux mouillés étaient plaqués sur
son crâne, ce qui rendait ses grandes oreilles décollées encore plus
apparentes. Elle vit qu'il avait placé près de sa chaise le vieux sac d'école
de Jean-Louis qu'elle lui avait donné la veille. L'aîné des garçons était le
seul membre de la famille à avoir la chance d'étrenner un sac d'école neuf en
ce 8 septembre 1945.
     
    Après avoir
endossé sa veste de laine grise, la mère de famille donna finalement le signal
du départ. Elle sortit de la maison et s'immobilisa sur le trottoir en
compagnie de ses quatre enfants. Denise partit la première, toujours en
compagnie de son amie Colette, pendant que Laurette s'adressait à ses garçons.
     
    — Richard, écoute
ben ce que ta maîtresse va te dire et va pas faire le malcommode. Tu m'entends?
Quand la cloche sonnera, t'attendras tes frères pour t'en revenir à la maison.
Je veux pas te voir traverser la rue De Montigny et la rue Sainte-Catherine
tout seul. As-tu compris ?
     
    — Oui, m'man.
     
    — Bon. C'est
correct. Vous pouvez y aller et chamaillez-vous pas en chemin.
     
    Lorsqu'elle se
retrouva seule dans l'appartement en compagnie de sa petite fille de quatre
ans, elle fut surprise par le calme qui venait soudainement d'envahir les
lieux. Tout à coup, tout lui semblait étrange. De l'autre côté de la clôture,
la grande cour était anormalement silencieuse,
     
    à peine troublée
de temps à autre par les pleurs d'un jeune enfant et le cri d'une mère impatiente.
     
    — Tu peux aller
jouer avec ta poupée sur le balcon, proposa-t-elle à Carole qui semblait
s'ennuyer.
     
    Après avoir remis
de l'ordre dans les chambres des enfants et lavé la vaisselle du déjeuner, la
mère de famille prit son panier de vêtements à repriser et s'installa dans sa
chaise berçante. Elle éprouvait un léger remords de ne pas avoir accompagné
Richard à l'école pour son premier jour de classe.
     
    «Je l'ai fait
pour les trois autres, c'est vrai, mais c'était pas la même chose. Aujourd'hui,
il a ses deux frères avec lui, il est pas tout seul, se justifia-t-elle. En
tout cas, ça va faire tout un changement de pas l'avoir dans les jambes du
matin au soir, lui, se dit-elle en esquissant un léger sourire. Il peut se
vanter de m'en avoir fait voir de toutes les couleurs depuis qu'il est au
monde. À cette heure, c'est aux maîtresses de l'endurer un peu. »
     
    À peine
venait-elle de se dire cela qu'elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Elle
se leva précipitamment pour connaître l'identité de celui ou de celle qui osait
pénétrer chez elle sans sonner quand elle aperçut Richard dans le couloir.
     
    — Veux-tu ben me
dire ce que tu fais ici dedans, toi ? lui demanda-t-elle, stupéfaite.
     
    — Ben, l'école
est finie.
     
    — Comment ça,
finie? Il est même pas dix heures et demie, protesta sa mère.
     
    — L'école est
finie. La maîtresse nous a placés en rang et elle nous a envoyés dehors quand
la cloche a sonné.
     
    — Ça a pas
d'allure pantoute, cette affaire-là, dit Laurette. A part ça, où est-ce que
t'as mis ton sac d'école ?
     
    — Je l'ai laissé
dans la classe, comme les autres.
     
    — A quelle heure
tu recommences ?
     
    — Je le sais pas,
la maîtresse l'a pas dit.
     
    Il y eut un bref
silence dans la cuisine avant que sa mère réalise soudain qu'il n'avait pas
tenu compte de sa recommandation la plus importante.
     
    — Mais dis donc,
toi, je t'ai pas dit d'attendre tes frères pour revenir à la maison ?
     
    — Oui.
     
    — Comment ça se
fait que t'es revenu tout seul de l'école ? Je t'avais dit que je voulais pas
pantoute te voir traverser De Montigny et Sainte-Catherine ?
     
    — Oui, mais ils
sortaient pas. Je les ai attendus dans la cour longtemps, mais ils sont pas
venus. Je pensais qu'ils m'avaient oublié.
     
    — Il y a quelque
chose de pas clair dans cette affaire-là. Toi, ma tête croche, si t'as déjà
fait un

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