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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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peu d'ordre dans la maison.
Sur ces entrefaites, une petite pluie fine se mit à tomber, empêchant les
enfants d'aller s'amuser dans la cour. Ces derniers se réfugièrent dans leur
chambre pendant que leur mère s'installait sur le balcon arrière, protégée en
partie par le hangar sur le toit duquel la pluie tambourinait doucement.
Au-dessus de sa tête, elle entendait Emma Gravel et sa fille Colette se
disputer au sujet d'une pièce de vêtement que la fillette avait abîmée la
veille.
     
    La journée du
dimanche passa encore plus lentement que celle du samedi. La colère, l'angoisse
puis la jalousie qui avaient habité Laurette depuis le départ de son mari
avaient cédé peu à peu la place au désespoir. Comment allait-elle maintenant
nourrir ses enfants si Gérard ne revenait pas ? Comment arriverait-elle à payer
le loyer ? Et que faire des cinq enfants qu'elle avait sur les bras ? Elle ne
pouvait tout de même pas demander à ses parents ou à ses frères de l'aider. Ils
avaient peine à subvenir à leurs propres besoins. Plus elle y songeait, plus
elle s'en voulait d'avoir fait une scène pour aussi peu... Si encore elle avait
eu la moindre idée où le chercher... Gérard était orgueilleux. Elle était de
plus en plus certaine qu'il ne marcherait pas sur son orgueil pour revenir à la
maison.
     
    — M'man, Richard
vient donner des coups de pied dans ma porte de chambre. Il a réveillé Carole
que je venais d'endormir, se plaignit Denise, debout derrière la porte
moustiquaire.
     
    — Richard, mon
petit verrat ! Si tu te calmes pas, tu vas en manger une maudite ! promit sa
mère d'une voix forte sans se donner la peine de se lever.
     
    Des pas
précipités dans le couloir lui apprirent que son fils de six ans venait de
réintégrer sa chambre en courant.
     
    Après avoir
écouté un bref moment "pour s'assurer que le calme était revenu, elle se
remit à réfléchir.
     
    A la fin de
l'après-midi, Laurette prit une décision qui lui rendit une partie de sa
sérénité. Si Gérard n'était pas rentré ce soir-là, elle irait l'attendre devant
la Dominion Rubber le lendemain, à la fin de sa journée de travail. Après le
souper, elle décida de cuisiner un gâteau aux épices, le préféré de son mari.
Avant de se coucher, elle eut même le temps de le glacer.
     
    Étrangement, elle
dormit profondément cette nuit-là, comme si le fait d'avoir pris une décision
pour éclaircir la
     
    situation l'avait
pleinement rassurée. Toutefois, après sa première tasse de café, le lendemain
matin, elle était beaucoup moins certaine d'avoir trouvé la solution. Tout en
faisant son lavage hebdomadaire avec l'aide de Denise, elle sentait sa belle
assurance la quitter peu à peu.
     
    « Qu'est-ce que
je vais faire s'il refuse de me parler ? se demanda-t-elle à plusieurs
reprises. Il peut ben me passer au nez sans même me regarder... Devant tout le
monde, je vais avoir l'air d'une vraie maudite folle s'il fait ça. »
     
    Plus la journée
avançait, plus elle s'interrogeait de l'intérêt et de la sagesse d'aller se
planter devant la sortie de la Dominion Rubber. Tout en lavant les vêtements et
en les étendant sur la corde à linge, Laurette devenait de plus en plus tendue.
Ses enfants l'énervaient au plus haut point et la moindre de leurs sottises la
faisait sortir de ses gonds.
     
    Après un repas du
midi plutôt agité, elle ne put plus en supporter davantage. Elle ordonna aux
aînés d'emmener les plus jeunes au parc Frontenac et de ne revenir qu'à la fin
de l'après-midi. Avant leur départ, elle n'eut qu'à les regarder pour constater
qu'ils mouraient tous d'envie de lui demander où était passé leur père.
     
    — Faites ben
attention en traversant les rues, leur recommanda-t-elle au moment où ils
quittèrent la maison.
     
    Profitant de
l'accalmie bienfaitrice, elle nettoya un peu l'appartement et confectionna un
bouilli de légumes durant l'après-midi. Ensuite, elle se coiffa et s'habilla
avec autant de soin que pour une sortie dominicale. Tout en se préparant, elle
refusait de s'avouer qu'elle avait l'intention de séduire à nouveau son mari.
     
    « Si je fais tout
ça, c'est juste pour pas lui faire honte devant les gars qui travaillent avec
lui », se mentit-elle.
     
    A la fin de
l'après-midi, Jean-Louis et Denise ramenèrent les plus jeunes à la maison tel
qu'il avait été convenu. S'ils
     
    remarquèrent la
mise soignée de leur mère, aucun n'osa la questionner à ce

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