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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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jours
suivants, Laurette compta soigneusement le nombre de cigarettes contenues dans
son étui chaque fois qu'elle devait le laisser sans surveillance. Étrangement,
le compte était toujours bon. Elle allait renoncer à cette habitude agaçante
quand elle s'aperçut, un midi, juste après le départ des enfants pour l'école,
qu'il lui en manquait deux.
     
    — Attends qu'il
revienne, lui ! Il va en manger toute une, le petit maudit voleur!
s'écria-t-elle, furieuse, en rangeant la cuisine.
     
    Évidemment, ses
soupçons visèrent tout de suite Richard. Elle n'envisagea même pas la
possibilité que Gilles ou Jean-Louis puisse être coupable. Elle mania le fer à
repasser durant tout l'après-midi avec des gestes rageurs, incapable de penser
à autre chose qu'au larcin dont elle avait été victime.
     
    Si?
     
    Un peu après
quatre heures, les enfants rentrèrent de l'école les uns après les autres.
Denise et Jean-Louis revinrent les premiers et s'installèrent à table pour se
débarrasser de leurs devoirs et de leurs leçons le plus rapidement possible.
     
    — Où sont tes
frères ? demanda Laurette à Jean-Louis.
     
    — Je sais pas. Je
les ai pas vus en revenant.
     
    A peine l'écolier
venait-il de, répondre que la porte de la clôture s'ouvrit avec fracas,
laissant passer ses deux frères en train de chahuter. Laurette s'avança vers la
porte moustiquaire.
     
    — Richard, entre
ici une minute ! lui cria-t-elle. Quelque chose dans le ton de sa mère dut
alerter le
     
    gamin parce qu'il
s'immobilisa durant une seconde avant de monter les trois marches conduisant au
balcon.
     
    — Quoi, m'man?
     
    — Entre ! lui
ordonna-t-elle sèchement.
     
    Son fils pénétra
dans la cuisine et laissa tomber son sac d'école à ses pieds.
     
    — Qu'est-ce qu'il
y a ?
     
    — Va me chercher
les deux cigarettes que t'as prises dans mon porte-cigarettes à midi, dit sa
mère sur un ton de voix menaçant. Fais ça vite !
     
    — Mais...
     
    Denise et
Jean-Louis cessèrent de s'occuper de leurs devoirs pour dévisager leur cadet
avec curiosité. Au même moment, Gilles entra et se glissa derrière son jeune
frère.
     
    — M'man...,
commença-t-il.
     
    Richard lui jeta
un regard d'avertissement qui le poussa à se taire.
     
    — Grouille-toi !
lui cria sa mère, sans tenir compte de l'intervention de Gilles.
     
    À la grande
surprise de Laurette, son fils ne nia pas lui avoir volé des cigarettes. Elle
s'était tellement attendue à des dénégations véhémentes de sa part qu'elle en
fut déstabilisée durant un bref moment.
     
    — Envoyé !
Qu'est-ce que t'attends pour faire ce que je viens de te dire ?
     
    — Ben, je les ai
plus, avoua le gamin dont les oreilles étaient devenues rouges.
     
    — Tu les as plus
! Où est-ce qu'elles sont ?
     
    — Je les ai
fumées, admit piteusement Richard en^ faisant un pas en arrière et en rentrant
la tête entre les épaules.
     
    Malheureusement
pour lui, il ne fut pas assez vif pour éviter sa mère. Nullement handicapée par
son sérieux surplus de poids, Laurette fit trois pas rapides, l'empoigna par
une épaule et lui administra une gifle propre à lui arracher la tête. Sous la
violence du choc, les genoux de l'enfant fléchirent.
     
    — Envoyé, à
genoux dans le coin ! lui ordonna-t-elle, folle de rage. On a dans la maison un
maudit voleur et un hypocrite ! rugit-elle en le montrant à ses frères et
sœurs. Voler sa propre mère, est-ce que c'est pas assez écœurant, ça? Attends
que ton père arrive de l'ouvrage, le menaça-t-elle. Tu vas voir ce qu'il va te
faire ! T'as fini de m'en faire voir de toutes les couleurs, toi ! S'il faut
t'envoyer dans une école de réforme pour faire du monde de toi, c'est ça qu'on
va faire. Il y a des places pour des trimp comme toi !
     
    A bout de souffle
et d'invectives, la mère de famille se laissa tomber dans sa chaise berçante et
s'alluma une cigarette pour reprendre le contrôle de ses nerfs. Agenouillé dans
le coin, Richard n'avait même pas eu une larme de repentir. Il se frottait la
joue sur laquelle l'empreinte des doigts de sa mère était nettement visible. Le
silence retomba rapidement dans la cuisine. Gilles rejoignit Jean-
     
    s'
     
    Louis et Denise à
table pour exécuter ses travaux scolaires. Chacun fit en sorte de ne pas
attirer l'attention de sa mère sur lui et garda le nez plongé dans son travail.
     
    Lorsque Gérard
rentra, Laurette lui expliqua en quelques mots ce que leur fils

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