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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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qui
semblait vouloir s'installer dans la voiture. Le conducteur reprit la parole le
premier.
     
    — Il reste juste
à prier en chemin pour que le pauvre frère soit à l'Oratoire, poursuivit-il. Il
rajeunit pas, le petit frère. Je pense qu'il a pas loin de quatre-vingt-cinq
ans et
     
    T-
     
    il paraît qu'il
est assez souvent malade. L'hiver passé, on a essayé d'aller le voir. Il était
ni à l'Oratoire ni au collège Notre-Dame. Il paraît qu'il était encore malade.
     
    — C'est vrai,
assura le père de Gérard. Pour moi, il doit être épuisé. Presque toutes les
semaines, on raconte dans les journaux qu'il y a des centaines de malades qui
viennent le voir chaque jour.
     
    — Cry de cry !
s'exclama le chauffeur sur un ton moqueur. Si c'est rendu dans les journaux de
campagne, ça doit être pas mal vrai.
     
    — Paul ! Tu
devrais savoir que Saint-Hyacinthe, c'est une ville, pas la campagne, le reprit
sa sœur d'une voix gourmée.
     
    — Je disais ça
juste pour voir si t'étais encore vivante en arrière, plaisanta Paul Bouchard.
On t'a presque pas entendue depuis qu'on est partis de chez vous. Je le sais
ben que Saint-Hyacinthe est une ville. C'est moins gros que Montréal, mais ben
aussi gros que Joliette.
     
    — Pourquoi tu
parles de Joliette ? lui demanda son beau-frère Conrad.
     
    — Cry de cry,
parce qu'il y a des maudites bonnes chances que je sois obligé de déménager là
l'été prochain. La compagnie veut m'envoyer à Joliette. Je pense que j'aurai
pas le choix d'aller rester là avec Françoise.
     
    — Je trouve ça
triste qu'on ait arrêté la construction de la basilique cette année après
s'être donné tant de mal pour ramasser l'argent, fit remarquer Lucille en se
tournant vers l'amie de son fils.
     
    — Moi aussi,
balbutia Laurette, qui n'était même pas au courant que les travaux avaient été
interrompus.
     
    — Bah ! Il reste
quand même la crypte en attendant, dit Paul. C'est tout de même pas mal mieux
que du temps de la petite chapelle sur la montagne.
     
    — C'est normal
que la construction soit arrêtée, laissa tomber son beau-frère, la mine sombre.
Après tout, on est en pleine crise.
     
    — Il paraît que
cette crise-là est pas si grave que ça, reprit le conducteur. Taschereau a
déclaré cette semaine qu'elle est ben moins pire que ce qu'on dit parce qu'il y
a encore des centaines de salles de cinéma qui marchent à Montréal.
     
    La voiture
roulait en direction ouest, vers le mont Royal, dans des rues où la circulation
n'était entravée que par les rares tramways du dimanche après-midi. Finalement,
parvenus sur la montagne, les Morin descendirent de voiture et se joignirent à
la petite foule qui était entrée prier dans la crypte dédiée à saint Joseph.
Chacun eut beau regarder partout, personne n'aperçut le frère André.
     
    — C'est ben plate
qu'on l'ait pas vu, dit Paul en sortant.
     
    — Surtout que ça
t'a fait dépenser du gaz pour rien, lui signala son beau-frère en replaçant son
chapeau sur sa tête.
     
    — Cry de cry, ça,
ça me dérange pas, rétorqua l'oncle de Gérard. Oublie pas que c'est toi qui
payes les dépenses du voyage.
     
    — Crains rien,
j'oublie pas, le rassura Conrad.
     
    — Mademoiselle
Brûlé et moi, on va faire quelques pas pour se dégourdir les jambes, annonça
soudain Lucille au moment où les hommes s'allumaient une cigarette près de la
voiture.
     
    Laurette eut beau
lancer du regard un appel au secours à son amoureux, ce dernier ne broncha pas
et fit semblant de ne pas l'avoir remarqué. Bon gré mal gré, elle dut emboîter
le pas à la grande femme strictement corsetée dont la robe gris perle ne
portait aucun autre ornement
     
    qu'une toute
petite croix. La femme de près de cinquante ans au chignon sévère avait un
visage étroit et ses petits yeux noirs, retranchés derrière ses lunettes à fine
monture en acier, avaient eu le temps d'examiner sans indulgence la jeune fille
fréquentée par son fils.
     
    Lorsque Laurette
se mit à marcher à ses côtés en s'efforçant de garder le sourire, l'autre ne
sembla pas sensible à sa timidité.
     
    — C'est la
première fois qu'on peut se parler, laissa tomber la mère de Gérard. Je sais
que mon garçon vous fréquente déjà depuis plusieurs mois et il a l'air de vous
apprécier.
     
    — Vous pouvez me
dire «tu», madame Morin, offrit poliment Laurette d'une voix peu assurée.
     
    — Quel âge
avez-vous, ma fille ? demanda Lucille

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