Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
rien.
     
    — On va te faire
des belles noces, inquiète-toi pas, reprit sa mère.
     
    Malgré son grand
désir de devenir madame Morin, Laurette vivait pleinement les derniers jours de
sa vie de jeune fille. Avec un pincement au cœur, elle voyait s'écouler ses
derniers moments sous le toit paternel. Elle avait beau savoir qu'elle allait
s'installer tout près, elle sentait que rien ne serait plus jamais pareil. Lorsqu'elle
viendrait chez ses parents, ce ne serait plus qu'à titre d'invitée. La chambre
à coucher où elle se réfugiait depuis son enfance ne serait plus la sienne.
Déjà, Bernard piaffait d'impatience de s'y installer.
     
    Lors des deux
derniers dimanches, elle avait légèrement sursauté lorsque le curé Monette
avait annoncé, du haut de la chaire, l'intention de Gérard Morin, fils de
Lucilie et Conrad Morin de Saint-Hyacinthe, d'épouser Laurette Brûlé, fille
d'Annette et d'Honoré Brûlé, résidants de la paroisse. Était-elle prête à se
marier ? Le voulait-elle vraiment? Aimait-elle suffisamment Gérard pour vivre
tout le reste de sa vie à ses côtés ? Toutes ces questions se bousculaient dans
sa tête et la rendaient affreusement nerveuse.
     
    Novembre arriva
et tout sembla brusquement aller beaucoup trop vite. L'appartement de la rue
Emmett l'attendait. La plus grande partie de ses affaires était déjà rangée
dans les tiroirs des meubles de son futur logis. Tous ses cadeaux de noces y
avaient également été transportés, occupant beaucoup trop d'espace chez les
Brûlé qui s'apprêtaient à recevoir les invités.
     
    Ses parents
s'étaient saignés aux quatre veines pour lui offrir un mobilier de chambre à
coucher. Lucille et Conrad Morin n'avaient pas voulu faire moins en donnant au
jeune couple une radio Marconi, le rêve de Laurette et de Gérard. Des oncles,
des tantes et des cousins des deux familles leur
     
    avaient envoyé
pour l'occasion des couvertures, une coutellerie, de la vaisselle, des
ustensiles de cuisine et toutes sortes de petites choses plus ou moins utiles.
     
    Par ailleurs,
chez les Brûlé, tout le monde avait mis la main à la pâte pour préparer la
fête. Honoré et ses fils avaient débarrassé le salon du divan pour le remplacer
par une longue table confectionnée avec des madriers et des chevalets. Ils
avaient réquisitionné toutes les chaises de la maison et en avaient emprunté
aux voisins pour permettre à tous les invités de s'asseoir. L'oncle Adrien
avait promis d'apporter son accordéon et Paul Bouchard, le frère de Lucille
Morin, son violon. Tout s'était terminé, l'avant-veille, par un ménage en
profondeur de l'appartement et, surtout, par le lavage de toute la vaisselle
contenue dans les armoires d'Annette.
     
    — Pourquoi on
lave tout ça ? se plaignit Laurette à sa mère. Il me semble, m'man, qu'on avait
ben assez de faire un grand ménage partout.
     
    — J'ai pas envie
de passer pour une cochonne, ma fille, répondit sa mère. La maison va être
pleine de monde. Il y en a qui vont aller se servir dans mes armoires. J'ai pas
le goût pantoute qu'ils tombent sur un morceau de vaisselle gras. De quoi on
aurait l'air ?
     
    La veille du
mariage, tout était prêt. La table était déjà dressée dans le salon et les
chaises alignées le long des murs de la pièce. Honoré avait déniché deux vieux
bancs au fond du hangar qu'il avait déposés dans la cuisine en déclarant qu'ils
finiraient bien par servir à quelque chose le lendemain.
     
    Au début de la
soirée, la neige se mit à tomber doucement pendant qu'Annette coiffait sa
fille, fixant sur sa tête une multitude de rouleaux de toutes les grosseurs.
     
    — Mais m'man, je
pourrai jamais dormir avec ça sur la tête, protesta Laurette en se regardant
dans le miroir suspendu au-dessus de l'évier de la cuisine.
     
    — T'as pas le
choix, ma fille, décréta sa mère en examinant chaque pièce de vêtement que la
future mariée avait suspendue à un cintre. Tu vas voir comment tu vas être
belle, demain matin, avec ta robe gris perle neuve et ton voile.
     
    — C'est correct,
se résigna la jeune fille en pénétrant dans sa chambre.
     
    — On se couchera
pas trop tard, dit Annette aux siens. Demain matin, il va falloir se lever de
bonne heure si on veut que tout soit prêt pour dix heures.
     
    Son mari secoua
sa pipe au-dessus du poêle dont il venait de retirer un rond et ajouta une
bonne quantité de charbon avant de prendre la direction de sa chambre. Avant

Weitere Kostenlose Bücher