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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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de
se mettre au lit, le père de famille écarta les rideaux qui masquaient l'unique
fenêtre de la pièce et regarda longuement la petite rue Champagne.
     
    — C'a pas l'air
de vouloir se calmer dehors, dit-il à sa femme. Il neige de plus en plus fort.
     
    — Il manquerait
plus qu'il fasse tempête, dit Annette, soudain inquiète. Une affaire pour
empêcher le monde de venir aux noces. Ce serait ben de valeur pour Laurette.
     
    — C'est ça le
problème des noces l'hiver. On peut jamais savoir quelle température il va
faire, lui fit remarquer son mari en s'étendant dans le lit. En tout cas, on
verra ben demain matin...
     
    Annette dormit
mal cette nuit-là. À plusieurs reprises, elle se leva et alla regarder par la
fenêtre. Vers quatre heures, elle se rendormit après avoir constaté qu'il ne
neigeait plus. Lorsqu'elle s'éveilla deux heures plus tard, Honoré était déjà
debout et rentrait dans l'appartement.
     
    — Quel temps il
fait dehors ? lui demanda-t-elle en refermant plus étroitement sa robe de
chambre contre elle.
     
    — On gèle tout
rond, mais au moins, il neige plus.
     
    — Est-ce qu'il
est tombé pas mal de neige ?
     
    — Juste une
dizaine de pouces, d'après moi, répondit Honoré en retirant ses bottes. J'ai
pelleté en avant et en arrière après avoir nourri Coco. J'espère juste que mes
clients vont se souvenir que je leur ai dit que je passerais pas aujourd'hui à
cause des noces.
     
    — De toute façon,
on est en hiver. Il fait assez froid pour se débrouiller sans glace jusqu'à
lundi matin, répliqua Annette.
     
    — On n'est pas
les seuls à être debout de bonne heure comme ça, poursuivit Honoré. Gérard est
passé pendant que je pelletais en avant. Il s'en allait chauffer l'appartement.
Rappelle-moi d'envoyer Bernard ou Armand chez eux au commencement de
l'après-midi pour ajouter du charbon dans sa fournaise. Comme ça, les nouveaux
mariés gèleront pas en rentrant à soir.
     
    Dans les minutes
suivantes, Laurette et ses frères firent leur apparition dans la cuisine.
     
    — On déjeune pas
? demanda Bernard.
     
    — On mange pas et
on boit pas si on veut aller communier.
     
    — On peut pas
faire une exception ? Après tout, m'man, on n'est pas dimanche.
     
    — Non, mon
garçon. Il manquerait plus que t'ailles pas communier le matin des noces de ta
sœur, s'insurgea sa mère.
     
    Sans attendre de
réplique, la mère de famille s'empara d'une brosse à cheveux et fit signe à sa
fille de venir s'asseoir sur la chaise devant elle. Elle lui retira
méticuleusement chacun des rouleaux, en prenant soin de ne pas emmêler
     
    les mèches
torsadées. Une heure plus tard, Laurette alla se maquiller légèrement et enfila
la robe gris perle confectionnée par sa mère pour l'occasion. Lorsqu'elle parut
dans la cuisine, le visage de ses parents s'illumina de fierté. Leur fille ne
leur avait jamais semblé si belle.
     
    A vingt ans,
l'adolescente un peu rondelette avait cédé la place à une jeune femme attirante
au visage agréablement arrondi rehaussé de pétillants yeux bruns. Ses cheveux
brun foncé plus longs que ne l'exigeait la mode étaient soigneusement bouclés.
     
    Quelques minutes
avant neuf heures trente, Honoré donna aux siens le signal du départ.
     
    — On va y aller
avant que Gérard pense que Laurette a changé d'idée, plaisanta-t-il en tentant
de cacher sa nervosité. Il doit déjà nous attendre à l'église.
     
    Les Brûlé
quittèrent leur appartement et durent marcher dans la rue à cause de
l'accumulation de neige tombée la veille. Laurette donnait le bras à sa mère
tandis qu'Honoré marchait devant en compagnie de ses deux fils. Ils longèrent
la rue Dufresne jusqu'à la rue Sainte-Catherine. Ils empruntèrent alors le
trottoir de la grande artère commerciale, fort encombré, mais plus sécuritaire.
     
    Ils arrivèrent à
l'église au moment où les cloches se mettaient à sonner joyeusement pour
annoncer le mariage à toute la paroisse. Quelques passants s'arrêtèrent sur le
trottoir pour admirer la future mariée reconnaissable à son voile. Quelques
parents, demeurés sur le parvis pour fumer une dernière cigarette avant la
cérémonie, s'empressèrent d'entrer dans le temple en apercevant la mariée.
     
    En ce samedi
matin hivernal, il n'y avait qu'une cinquantaine de personnes présentes dans
l'église Saint-Vincent-de-Paul. Une bonne moitié d'entre elles n'étaient que
des curieux. Pendant qu'Armand et Bernard

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