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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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pratiquement
pas.
     
    — Baptême ! jura
Honoré dans la cuisine. Ce monde-là, ça sait juste boire et jacasser.
     
    Sa remarque
visait surtout deux frères de Conrad Morin qui semblaient boire comme s'ils
s'apprêtaient à traverser le désert. L'un d'eux, un petit homme chauve,
poussait même le manque de savoir-vivre jusqu'à aller se servir lui-même dans
la cuisine, ce qu'avait remarqué Bernard avec un certain déplaisir.
     
    — Dis donc, Jos,
t'aurais pu penser à m'en rapporter une ! s'était exclamé son frère Rolland en
le voyant revenir pour la troisième fois avec une bouteille de bière qu'il
était allé chercher dans la cuisine.
     
    — Dérangez-vous
pas, avait dit Armand. On va vous servir, si vous en voulez une.
     
    Sur ce,
l'adolescent quitta le salon et alla chercher une bouteille de bière pour
l'invité assoiffé.
     
    — Il y en a qui
boivent comme des trous, p'pa, avait-il fait remarquer à son père.
     
    — Je le vois ben,
s'était contenté de répondre Honoré avec humeur.
     
    Un peu après
trois heures, alors que la fête battait son plein, le nommé Jos réapparut dans
la cuisine d'un pas un peu chancelant en demandant où étaient les toilettes.
     
    — C'est cette
porte-là, dit Bernard en lui indiquant celle qui conduisait au balcon enneigé.
     
    L'invité en bras
de chemise ouvrit la porte et la referma derrière lui, trop ivre pour se rendre
compte qu'il était à l'extérieur. Pris d'un fou rire, le jeune homme fit signe
à son frère de venir voir par la fenêtre.
     
    Ce dernier
revenait de l'appartement de la rue Emmett où il était allé alimenter la
fournaise en charbon.
     
    Les deux
adolescents virent alors le petit homme chauve de dos en train d'ouvrir sa
braguette pour se soulager. Puis tout à coup, l'homme disparut.
     
    — Où est-ce qu'il
est passé? demanda Bernard en s'étirant le cou.
     
    — Maudit innocent
! Il est tombé en bas du balcon, cette affaire ! lui répondit son frère en
éclatant de rire.
     
    Malgré leur fou
rire, les deux adolescents se précipitèrent vers la porte, sortirent sur le
balcon et, se penchant, purent apercevoir l'invité étendu à plat ventre dans la
neige, au pied de l'escalier.
     
    — Ayoye ! Une
chance qu'il y a de la neige sinon il se serait fait une méchante bosse, fit
Armand en contenant avec peine son hilarité. Qu'est-ce qu'on fait? On va le
chercher ?
     
    — Que le diable
l'emporte, dit Bernard en lui faisant signe de retourner à l'intérieur. Il a
voulu boire comme un maudit cochon, qu'il endure ! Il va finir par se
réveiller. Ça va le dessoûler.
     
    — On viendra le
chercher dans cinq minutes. On est pas pour le laisser crever là, déclara son
frère aîné en reprenant son sérieux. Il a rien sur le dos.
     
    Quelques minutes
plus tard, Armand endossa son manteau et sortit dans l'intention de retrouver
l'invité ivre et de le faire rentrer dans la maison. Arrivé sur le balcon, il
s'arrêta net. L'adolescent vit des empreintes de pas dans la neige jusqu'à la
porte cochère, mais l'homme s'était volatilisé. Perplexe, il rentra.
     
    Au son de
l'accordéon et du violon, les invités s'en donnaient à cœur joie et chantaient
à tue-tête. Armand alla jusqu'à la porte du salon et fît signe à son jeune
frère de venir le rejoindre.
     
    — Le bonhomme est
plus dans la cour, chuchota-t-il à l'oreille de Bernard. As-tu une idée où il
est passé, ce maudit ivrogne-là ?
     
    Au même moment,
de violents coups furent frappés à la fenêtre du salon. Conrad Morin, assis dos
à la fenêtre, sursauta en découvrant son frère, dehors, sans manteau et tête
nue.
     
    — Mais qu'est-ce
que Jos fait dehors pas habillé ? demanda le père du marié en se levant
précipitamment pour aller lui ouvrir la porte.
     
    Les musiciens
arrêtèrent de jouer et les danseurs, surpris, se tournèrent tous vers la porte
où ils virent apparaître le petit homme complètement frigorifié.
     
    — Sacrement, vous
êtes sourds, vous autres ! jura Jos Morin en se frictionnant vigoureusement les
bras. J'étais en train d'attraper mon coup de mort dehors;
     
    — Veux-tu bien me
dire ce que tu faisais là ? lui demanda sa femme, une grosse matrone à l'air
peu commode.
     
    — J'avais envie,
sa...
     
    — Surveille tes
paroles, lui ordonna sèchement sa femme.
     
    — Laisse-moi
parler si tu veux savoir, reprit le frère de Conrad Morin avec humeur.
     
    L'homme semblait
beaucoup moins ivre que quelques

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