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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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pour prouver que je suis pas une servante dans
la maison et que j'ai droit, moi aussi, à une journée de congé de temps en
temps.
     
    — Mon Dieu !
s'exclama Lucille. C'est bien la première fois que j'entends une femme mariée
parler de cette manière. Mais vous avez pas peur de vous promener comme ça,
sans votre mari ?
     
    — Pantoute. Vous
oubliez que moi, j'ai été élevée en ville, ajouta Laurette d'une voix cassante.
Je connais ça, la ville.
     
    Lucille Morin
tiqua en entendant la remarque signifiant qu'elle n'était qu'une campagnarde.
Les yeux de sa bru pétillèrent de satisfaction.
     
    — Quand même, ma
fille, poursuivit la mère de Gérard en reprenant vite son aplomb, il me semble
qu'une femme mariée devrait pas sortir sans son mari.
     
    — Ce que votre
garçon vous dit pas, madame Morin, reprit Laurette, presque à bout de patience,
c'est que je veux qu'il vienne avec moi pour se changer les idées après sa
semaine d'ouvrage. Mais il veut pas.
     
    — Pourquoi,
Gérard ? lui demanda son père.
     
    — Parce que c'est
plate en maudit de suivre une femme tout une journée de temps dans les magasins
de la rue Sainte-Catherine. Je l'ai fait une fois, j'en ai eu assez.
     
    — Je suppose que
dans votre état, vous allez renoncer à continuer, fit Lucille, la mine sévère.
     
    — Pantoute,
s'entêta Laurette. J'ai juste quatre mois de faits et...
     
    — Colombe, la
coupa Lucille en s'adressant brusquement à l'adolescente, va donc t'asseoir un
peu dans le salon.
     
    — Pourquoi,
m'man?
     
    — J'ai des choses
à dire à Laurette qui te regardent pas. Vas-y.
     
    — On va y aller
avec toi, déclara son père en faisant signe à Gérard de le suivre au salon.
     
    Après quelques
raclements de chaises, Laurette se retrouva seule avec sa belle-mère. Refusant
de s'en laisser imposer par sa belle-mère, la jeune femme se leva et entreprit
d'amasser la vaisselle sale et de la déposer dans l'évier. Lucille se leva à
son tour et se mit à l'aider à tout ranger.
     
    — Comment ça se
passe pour le petit, ma fille ? demanda-t-elle en faisant montre d'un peu de
gentillesse, pour la première fois depuis son arrivée.
     
    — Pas trop mal,
lui répondit sa bru, surprise par le changement de ton soudain de son
interlocutrice.
     
    — Vous avez pas
mal au cœur le matin ?
     
    — Jamais.
     
    — C'est vrai que
vous êtes loin d'avoir maigri, lui fit remarquer sa belle-mère d'une voix
acide. Surveillez votre poids, Laurette, parce que vous allez vous apercevoir
qu'après votre accouchement, ce sera difficile de perdre tout ce que vous aurez
pris. C'est pas quand on est en famille à pleine ceinture qu'il faut commencer
à faire attention.
     
    — J'ai presque
pas engraissé, madame Morin, se défendit Laurette.
     
    — C'est vous qui
le savez, ma fille, rétorqua Lucille avec l'air de douter de la chose. Vous
savez, les hommes
     
    aiment pas les
grosses femmes. Une femme qui se surveille pas perd bien souvent son mari.
Laissez-vous pas aller.
     
    — Ça risque pas
de m'arriver, rétorqua sa bru qui sentait, encore une fois, la moutarde lui
monter au nez.
     
    Au même moment,
Colombe revint dans la cuisine.
     
    — Tiens, la
belle-sœur. Prends ce linge à vaisselle-là et aide-nous. Des doigts, c'est pas
juste bon pour apprendre le piano.
     
    La jeune fille
sursauta en entendant cette remarque un peu méchante. Sa mère lui jeta un
regard pour l'avertir de ne pas répliquer.
     
    Un long silence
régna ensuite dans la pièce, uniquement troublé par la vaisselle heurtée et les
bribes de conversation entre le père et le fils, toujours assis au salon. Une
fois la cuisine nettoyée, les femmes rejoignirent les hommes et on parla
surtout du nouveau bébé qui allait voir le jour au mois d'août.
     
    — Avez-vous pensé
au prénom ? demanda Lucille sans s'adresser spécifiquement au père ou à la
mère.
     
    — Si c'est une
fille, on va l'appeler Denise, déclara Laurette. Si c'est un garçon, on va
l'appeler Jean-Louis.
     
    — Vous lui
donnerez pas le prénom de l'un de ses grands-parents ? dit sa belle-mère,
étonnée.
     
    — Non, répondit
Gérard. Cette tradition-là se fait pas dans la famille de Laurette. Par contre,
si c'est une fille, ses parents vont être parrain et marraine et si c'est un
garçon, ce sera vous autres.
     
    Le soulagement
évident de Lucille n'échappa pas à la maîtresse de maison, qui souhaita alors
que son premier né soit une

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