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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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fille.
     
    Durant l'heure
suivante, on échangea des nouvelles au sujet de membres de la famille, d'amis
et de voisins que Laurette ne connaissait pas. Elle ne participa pas à la
     
    conversation, qui
se tint strictement entre les Morin. Un peu après trois heures, Conrad se leva.
     
    — C'est ben beau
tout ça, déclara-t-il en consultant la montre qu'il venait de tirer de la poche
de son gilet, mais le temps file et si on continue à traîner, on va finir par
manquer notre train.
     
    Quand ils eurent
endossé leurs manteaux et chaussé leurs bottes, Lucille, Conrad et Colombe
embrassèrent leurs hôtes. Gérard prit son manteau en déclarant à ses invités :
     
    — Je vais aller
vous reconduire jusqu'à la rue Notre-Dame.
     
    — On va sûrement
se revoir avant l'été, dit Lucille. Prenez bien soin de vous, Laurette, et
ménagez-vous.
     
    — Vous pouvez
compter sur moi, madame Morin. Les invités quittèrent la maison et Laurette
referma la
     
    porte derrière
eux en poussant un soupir de soulagement.
     
    — Maudit verrat
que je l'haïs, elle ! s'écria-t-elle, enfin seule dans son appartement.
     
    Avec des gestes
brusques, elle ramassa les verres sales laissés dans le salon, les lava et les
rangea dans l'armoire. Avant de vider les cendriers, elle alla changer de robe pour
ne pas risquer de tacher l'unique vêtement qu'elle possédait qui était digne
d'être porté lors de sorties. Elle venait à peine de revenir dans la cuisine
quand Gérard rentra.
     
    — Ça a pas été
long, lui fit-elle sèchement remarquer en s'emparant du tricot qu'elle avait
commencé la semaine précédente.
     
    — Le p'tit char
est arrivé presque tout de suite. Je pense qu'ils ont ben aimé leur visite,
ajouta-t-il en s'assoyant dans l'une des deux chaises berçantes.
     
    — Je sais pas
s'ils ont aimé ça, mais on peut pas dire qu'ils se sont fait mourir à me
féliciter pour le repas,
     
    répliqua sa femme
d'une voix acide. Pas un compliment. Rien!
     
    — S'ils ont vidé
leurs assiettes, c'est qu'ils ont aimé ça, dit Gérard avec logique.
     
    — Bonyeu, Gérard!
Il me semble que c'est pas trop demander que de dire que c'est bon quand on
vient de manger quelque part, non ?
     
    — Mes parents
sont du monde comme ça, Laurette. Tu les changeras pas à l'âge qu'ils ont, la
raisonna son mari.
     
    — Et ta mère ! Ta
sainte mère ! Elle, elle me tape sur les nerfs en maudit ! Tu peux pas savoir
comment ! Si elle s'imagine qu'elle m'en impose avec ses «vous» gros comme le
bras, elle se trompe. Toujours à critiquer ! Il y a rien que je fais qui est
correct, d'après elle.
     
    — T'exagères.
     
    — J'exagère pas
pantoute, bonyeu! Dis-moi une seule chose de fin qu'elle m'a dit pendant tout
le temps qu'elle a été ici-dedans. Rien! «Vous devriez pas faire ça, ma fille
», « Laissez-vous pas aller, ma fille », singea Laurette en prenant une pose.
Verrat qu'elle me rend folle !
     
    — Bon, ça va
faire, fit Gérard, excédé, en élevant la voix.
     
    — Ça valait ben
la peine que je me désâme à faire un grand ménage, ils ont même pas voulu rien
regarder, poursuivit Laurette, au bord des larmes.
     
    — T'es fatiguée.
Je pense que tu ferais mieux d'aller faire un somme avant le souper, lui
suggéra Gérard, un peu remué par le chagrin évident de sa femme.
     
    — Tout ce qu'ils
ont remarqué, ce sont les mauvaises odeurs dehors. C'est tout de même pas notre
faute s'il y a des usines autour qui puent.
     
    — Ben oui. T'as
raison.
     
    — Et ta sœur !
Jamais un mot plus haut que l'autre, mais l'air de juger tout ce qu'elle voit.
     
    — Elle est gênée,
Laurette. Tu devrais le savoir qu'elle s'intéresse juste à ses cours de piano.
     
    — Je pense que
t'as raison, reconnut-elle en se levant brusquement après avoir déposé son
tricot sur le coin de la table. Je vais aller dormir une heure. Avec tout ça,
j'ai poigné un bon mal de tête.
     
    — C'est ça. Va te
coucher. Je te réveillerai vers cinq heures.
     
    Chapitre 7
     
    L'arrivée de
Denise
     
    Le printemps
prometteur de 1933 fut malheureusement suivi par un été pluvieux et frais.
Laurette fut probablement l'une des rares femmes du quartier à ne pas s'en
plaindre. Elle avait ainsi mieux supporté son état, surtout que la future mère
avait pris passablement de poids durant les derniers mois et se déplaçait
malaisément.
     
    Un lundi matin du
début du mois d'août, un cri en provenance de l'étage

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