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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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tranquille pantoute, admit-elle quelques minutes avant de se
mettre au lit.
     
    — Bon. C'est
correct. Si ça peut te tranquilliser, je vais mettre des morceaux de pain
beurrés avec du poison à rat dans le salon. Il paraît qu'ils résistent pas à
ça. Si un rat revient cette nuit, il va en manger et on va le trouver mort
demain matin. Es-tu contente, là ?
     
    Gérard ne vint la
rejoindre au lit qu'après s'être exécuté.
     
    — J'ai mis au
milieu du salon quatre morceaux de pain avec du poison, lui apprit-il. Il y a
là de quoi empoisonner toute une armée de rats.
     
    Cette ultime
précaution sembla avoir rassuré Laurette qui s'endormit après avoir déclaré à
son mari :
     
    — En tout cas, ce
curé-là, moi, je l'aime pas.
     
    Le lendemain
matin, la jeune femme fut la première debout. Après avoir allumé le poêle à
huile sur lequel elle déposa la théière, elle alla entrouvrir la porte du salon
et alluma le plafonnier pour s'assurer qu'elle ne trouverait pas un animal mort
empoisonné en plein milieu de la pièce. Aucune trace des morceaux de pain. Son
cœur eut un raté et elle referma nerveusement la porte avant de se précipiter
dans la chambre à coucher.
     
    — Gérard !
Réveille-toi, lui ordonna-t-elle en le secouant.
     
    — Qu'est-ce qu'il
y a ? demanda-t-il, ensommeillé. Est-ce qu'il y a le feu ?
     
    — Ben non. Je
viens d'aller voir dans le salon. Les rats ont mangé tout le pain.
     
    — Ben non. Calme
donc tes nerfs ! dit-il en s'assoyant dans le lit. Je suis allé aux toilettes à
cinq heures. J'ai regardé ce que j'ai bouché hier, tout était correct. Ça fait
que j'ai ramassé le pain et je l'ai jeté dans le bol des toilettes.
     
    — Ah ben là, j'ai
eu peur, admit-elle en retrouvant ses couleurs. Tu parles d'une façon de se
réveiller le matin. Si jamais je revois cette vermine-là, je t'avertis que je
pique une crise.
     
    Quand elle
raconta sa mésaventure à ses parents le dimanche après-midi suivant, sa mère ne
put s'empêcher de lui faire remarquer avec un certain humour :
     
    — Toi qui te
demandais à quoi ça pouvait ben servir la visite paroissiale, tu le sais
maintenant. Monsieur le curé peut servir à faire peur aux rats. As-tu pensé à
ce que t'aurais fait s'il avait pas été là ?
     
    — Dites-moi pas
ça, m'man. Je pense que j'aurais perdu connaissance.
     
    — Pauvre petite
fille, tu devrais ben savoir que les petites bêtes mangent pas les grosses.
Quand on vit dans une vieille maison, il faut s'attendre à ça.
     
    Toutefois, cette
remarque de sa mère ne la convainquit pas. À son avis, les rats ne venaient que
là où ce n'était pas propre.
     
    /
     
    Chapitre 10
     
    Les fêtes
     
    Le mois d'octobre
fut à l'image de l'été: pluvieux et frais. La cour arrière était
perpétuellement boueuse et le quartier semblait baigner dans une grisaille
dominée par les odeurs de la Dominion Rubber et de la Dominion Oilcloth.
     
    Quelques jours
après la visite du curé Crevier, Laurette rentra un vendredi soir après avoir
acheté les provisions à l'épicerie Bourgie, rue Notre-Dame. Elle laissa tomber
deux sacs de papier kraft sur la table de cuisine avant de retirer son manteau.
Gérard, assis dans sa chaise berçante, lisait La Presse alors que Denise
dormait à poings fermés dans son berceau, placé près du poêle.
     
    — Le prix du pain
a encore augmenté, dit la jeune mère de famille. A matin, j'ai pas pris de pain
du boulanger en pensant le payer moins cher chez Bourgie. C'est le même prix.
C'est ben clair, on n'arrive plus, ajouta-t-elle, découragée. Le pain à douze
cennes et la pinte de lait à dix cennes. Ça a pas d'allure pantoute.
     
    — On a juste à
faire plus attention aux dépenses, laissa tomber son mari d'une voix
indifférente.
     
    — On peut pas
faire plus attention qu'on fait là, bonyeu ! explosa Laurette, fâchée de
constater que Gérard prenait la chose si légèrement. Je gaspille pas une
maudite cenne, tu sauras. Je me suis pas acheté une robe depuis qu'on est
     
    mariés. J'achète
jamais de gros morceaux de viande et on sort juste le dimanche pour aller faire
un tour chez ma mère. Moi, je peux pas faire plus.
     
    Finalement alerté
par la colère de sa femme, le jeune père de famille referma son journal et
chercha à désamorcer la crise.
     
    — Bon, je vais
voir mon boss lundi matin pour lui demander si la compagnie peut pas me donner
une petite augmentation. Après tout, ça fait

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