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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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depuis longtemps à la chaude compréhension du
curé Monette, eurent du mal à accepter le ton cassant de leur nouveau pasteur. Lorsqu'il
annonça du haut de la chaire, le dimanche suivant, son intention d'entreprendre
une grande tournée paroissiale dès la seconde semaine d'octobre, beaucoup de
ménagères restèrent stupéfaites.
     
    — Vous parlez
d'une drôle d'idée ! s'exclama Laurette en berçant sa petite lors de sa visite
dominicale habituelle chez ses parents.
     
    — C'est sûr que
le curé Monette et ses vicaires en ont pas fait une depuis au moins cinq ans,
expliqua sa mère. Pour moi, notre nouveau curé veut juste essayer de mieux nous
connaître. Ça me surprendrait ben gros qu'il en fasse une tous les automnes,
comme les curés font à la campagne. La paroisse est ben trop grosse pour ça.
     
    — En tout cas,
moi, j'haïs ça être obligée de faire un grand ménage et d'attendre, comme une
dinde, qu'il passe, rétorqua sa fille. Qu'est-ce que vous voulez que je lui
raconte, moi, à monsieur le curé ? Il a l'air bête comme ses pieds, cet
homme-là.
     
    Évidemment, à
cause de la présence de Gérard, elle ne pouvait avancer qu'elle l'avait
rencontré lors de son arrivée
     
    dans la paroisse
et qu'elle l'avait entendu s'adresser durement à ses vicaires.
     
    — T'auras juste à
répondre à ses questions, la calma sa mère. De toute façon, il restera pas plus
que cinq ou dix minutes.
     
    — A
Saint-Hyacinthe, le curé fait encore ça chaque année, intervint Gérard.
     
    — C'est normal,
Saint-Hyacinthe, c'est la campagne, laissa tomber sa femme pour le taquiner.
     
    — Toi, t'es
chanceuse que ma mère t'entende pas dire ça, rétorqua son mari en affichant un
air mécontent.
     
    Laurette dut tout
de même se rendre à l'évidence : rien ni personne ne pourrait changer la
situation.
     
    Le curé Crevier
vint donc sonner à la porte des Morin à la fin de la deuxième semaine
d'octobre. Le ciel était gris et une petite pluie froide tombait depuis l'aube.
     
    Laurette avait
allumé le poêle à huile dès son lever pour préparer le déjeuner de Gérard. Elle
avait ensuite transporté le berceau de Denise près de cette source de chaleur
et s'était empressée de faire sa toilette et son ménage. Quand elle eut fini,
elle donna le boire à son bébé et changea ses langes avant de le réinstaller
dans son berceau. Elle venait à peine de s'allumer une cigarette quand on sonna
à la porte.
     
    — Pas déjà lui,
bonyeu ! s'exclama-t-elle en écrasant sa cigarette dans un cendrier qu'elle
dissimula rapidement dans l'armoire.
     
    N'attendant
personne en ce mardi matin, elle se douta qu'il s'agissait du curé. Elle se
précipita dans le couloir, ouvrit la porte pour se retrouver face au petit
homme austère qu'elle fit pénétrer dans le salon. Au même instant, Denise se
réveilla et se mit à pleurer.
     
    — Ôtez votre
manteau, monsieur le curé, et assoyez-vous, dit-elle. Je reviens tout de suite.
     
    Laurette, de
retour dans la pièce, tenait Denise dans ses bras. Anselme Crevier ne s'était
pas encore assis et il la fixait avec l'air de chercher à se rappeler où il
avait bien pu la voir auparavant.
     
    — Il me semble
que je vous ai déjà vue quelque part, finit-il par lui dire au moment où il se
décidait enfin à s'asseoir.
     
    — C'est au
presbytère que vous m'avez vue, monsieur le curé. J'ai aidé votre ménagère à
faire son grand ménage d'automne.
     
    — Comme ça, vous
faites des ménages, reprit le prêtre sans grand tact.
     
    — Pantoute,
monsieur le curé, se rebiffa Laurette en croyant deviner un petit air méprisant
chez son vis-à-vis. J'ai accepté d'aller aider au presbytère pour rendre
service, sentit-elle le besoin de préciser.
     
    — Et votre mari
accepte ça, même si vous avez un bébé dont vous devez prendre soin ?
     
    — Il n'a pas
besoin de le savoir, répondit-elle d'une voix sèche.
     
    — Attention, ma
fille, oubliez pas que vous devez obéissance à votre mari, reprit le prêtre sur
un ton sévère.
     
    — Ce qu'il sait
pas lui fait pas mal, monsieur le curé, répliqua-t-elle avec un certain bon sens.
En plus, quand je me suis mariée, j'ai pas décidé de devenir son esclave et de
faire toujours ce qu'il veut.
     
    — Je trouve que
vous avez une drôle de mentalité, madame Morin, la réprimanda le visiteur.
Faites bien attention au péché d'orgueil.
     
    Le prêtre
s'informa ensuite de son assiduité à la messe

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