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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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en
tira une cigarette qu'elle alluma avec un plaisir évident.
     
    Sous le choc,
Lucille en échappa son linge à vaisselle.
     
    — Mais dites-moi
pas que vous fumez maintenant ! s'exclama-t-elle, horrifiée.
     
    Surprise par
l'exclamation, sa bru sembla apercevoir la cigarette qu'elle tenait entre ses
doigts comme si elle la voyait pour la première fois.
     
    — Ah ben ! On
dirait ben, déclara-t-elle, frondeuse. —- Mais c'est effrayant ! ne put
s'empêcher de dire une
     
    Lucille Morin
rouge d'indignation.
     
    — C'est pas plus
effrayant que de voir un homme fumer, se rebiffa la jeune femme avec humeur. Je
peux ben fumer quand je suis chez nous, je suis pas sur la rue.
     
    — Mais ça vous
donne un bien mauvais genre, ma fille, dit tout net sa belle-mère, toujours
scandalisée.
     
    — Vous allez vous
habituer, dit Laurette en déposant sa cigarette d'un geste désinvolte dans le
cendrier posé sur le rebord de la fenêtre de cuisine.
     
    — Mon Dieu !
J'aurai tout vu ! Je comprends pas que mon garçon vous laisse faire ça, conclut
Lucille, réprobatrice.
     
    Cette scène gâcha
un peu le reste de la soirée. De retour dans le salon,, Laurette retrouva la
belle-mère désagréable qu'elle avait toujours connue. Gérard lui-même remarqua
le changement d'attitude de sa mère.
     
    Après le départ
de ses parents, à la fin de la soirée, il manifesta son étonnement.
     
    — Veux-tu ben me
dire ce qui est arrivé entre toi et ma mère pendant que vous étiez en arrière ?
Quand vous êtes venues nous rejoindre dans le salon, vous aviez l'air bête
toutes les deux.
     
    — Pourquoi tu me
demandes ça ?
     
    — Cybole ! Parce
que c'était ben visible.
     
    — Ah, c'était
juste une niaiserie... Je me suis allumé une cigarette après avoir lavé la
vaisselle et ta sainte femme de mère a pas aimé ça pantoute. J'ai eu droit à
tout un sermon. Tu la connais. Elle est comme une mère supérieure toujours en
train de dire aux autres ce qu'ils doivent faire.
     
    — Il me semble
que t'aurais pu te retenir, la réprimanda Gérard, agacé.
     
    — Il y avait pas
de raison de me retenir. Je suis chez nous ici dedans et j'ai ben le droit de
faire ce que je veux. C'est pas ta mère qui va venir me mener par le bout du
nez dans ma propre maison.
     
    -
     
    Chapitre 11
     
    Un fils
     
    Le rude hiver de
1934 passa trop lentement au goût de Laurette. La future maman, dont le tour de
taille prit progressivement de l'ampleur au fil des semaines, aurait bien aimé
faire des promenades à l'extérieur. Elle avait même trouvé au fond du hangar un
vieux traîneau en bois sur lequel elle aurait pu déposer Denise, mais sa mère
la mit en garde contre les chutes possibles qui auraient pu nuire au bébé à
venir.
     
    A la fin du
printemps, Denise commença à se déplacer sur les genoux, pour la plus grande
fierté de ses parents et de ses grands-parents maternels. L'événement coïncida
avec la naissance très médiatisée des cinq jumelles Dionne, à Corbeil, en
Ontario. Ce phénomène rare occupa une place de choix dans les émissions
radiophoniques et dans les journaux durant plusieurs semaines.
     
    — Moi, madame
chose, je plains ben la mère de ces enfants-là, affirma Cécile Lozeau, la
voisine du dessus rencontrée à l'épicerie Bourgie quelques jours après cette
naissance. Ça doit pas être drôle pantoute d'être regardée comme un veau à deux
têtes par tout le monde.
     
    — Peut-être,
madame Lozeau, mais il paraît que ces enfants-là vont recevoir des cadeaux de
partout, fit Laurette. Il me semble que ça devrait rendre la vie pas mal plus
facile aux parents. Les petites filles vont être gâtées en pas pour
     
    rire. Aïe !
Pensez-y une minute ! On a de la misère à faire vivre un enfant quand il nous
arrive, mais là, cinq d'un coup sec !
     
    — C'est sûr, mais
le père et la mère vont payer pour ça, je vous en passe un papier, reprit la
femme en déposant sur le comptoir deux boîtes de conserve. J'ai entendu au
radio qu'ils vont être obligés de laisser voir leurs petites par tout le monde.
Il va y avoir même des visites guidées, comme ils disent.
     
    — C'est certain
que ça, c'est pas mal moins drôle, reconnut Laurette au moment de quitter
l'épicerie, son sac de provisions dans les bras.
     
    — En tout cas,
moi, ça me rendrait folle de voir tout ce monde autour de mes enfants. Je
finirais par tous les sacrer dehors, cadeaux ou pas, trancha la voisine

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