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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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dire dans cette histoire-là ? intervint Laurette de façon
abrupte.
     
    — Qui prend mari,
prend pays, ma fille, intervint sa belle-mère sur un ton sentencieux.
     
    — Laissez faire,
madame Morin. Moi, je le dis tout de suite. J'ai pas pantoute l'intention
d'aller m'enterrer à la campagne. Je suis une fille de la ville, moi.
     
    — Mais
Saint-Hyacinthe est pas la campagne, Laurette, protesta Lucille, l'air
offusqué. C'est une ville. Une petite ville, mais une ville quand même.
     
    — Si vous veniez
rester en dessous de chez nous, intervint son beau-père, vos enfants pourraient
respirer du meilleur air qu'ici et ce serait pas mal plus tranquille.
     
    — Je serais loin
de ma famille, moi, déclara Laurette.
     
    — Mais nous
sommes aussi votre famille, ma fille, lui fit remarquer Lucille, les lèvres
pincées.
     
    — Je le sais,
mais c'est pas pareil.
     
    Sentant que la
discussion entre sa femme et ses parents risquait de s'envenimer, Gérard se
décida à intervenir.
     
    — De toute façon,
p'pa, on n'a pas à se décider tout de suite. Ça presse pas comme un coup de
couteau, cette affaire-là. On peut ben prendre une journée ou deux pour y penser.
     
    — Oui, mais il
faudrait pas que vous traîniez trop. Duchesne va partir et il y a rien qui dit
que le logement va rester vide longtemps.
     
    L'arrivée de
l'oncle Paul au volant de sa Dodge apporta une heureuse diversion à une
discussion qui risquait de tourner à l'aigre. Accompagné de sa femme Françoise,
le frère de Lucille Morin entra saluer son neveu et sa nièce et en profita pour
embrasser les enfants. Dix minutes plus tard, le petit groupe de visiteurs
quitta le 2318 Emmett.
     
    Avant de monter à
bord de la voiture de son beau-frère, Conrad ne put s'empêcher de dire au jeune
couple :
     
    — Traînez pas
trop pour vous décider. Quand tu sauras ce que tu veux, ajouta-t-il à l'endroit
de son fils, téléphone-moi ta réponse chez madame Hamelin. Elle me fera la
commission.
     
    Dès que la porte
de l'appartement fut refermée, Laurette s'alluma une cigarette et passa à
l'attaque sans attendre.
     
    — Ça a pas
d'allure, cette histoire-là. Veux-tu ben me dire quel avantage on aurait
d'aller rester en dessous de chez tes parents, bonyeu ? On sait même pas quel
loyer on aurait à payer.
     
    — Je suppose que
ce serait à peu près le même prix qu'ici.
     
    — Me vois-tu
vivre avec ta mère sur les bras du matin au soir ? Je peux pas l'endurer et,
pour elle, c'est la même chose. On finirait par s'haïr à mort.
     
    — T'exagères.
     
    — Le pire, c'est
que je pourrais plus voir ma famille pantoute, ajouta Laurette, au bord des
larmes. Moi, si je me ramasse toute seule là-bas, je vais mourir d'ennui. Je
connais pas cette place-là.
     
    — Tu finirais par
t'habituer.
     
    — Non, je veux
pas aller rester là. Vas-y si tu veux. Moi, je reste ici avec les enfants.
     
    — Voyons donc !
Parle donc avec ta tête ! lui ordonna son mari en haussant le ton.
     
    — Si encore
c'était pour un meilleur salaire, raisonna la jeune femme. Ben non. Tu
gagnerais à peu près la même chose, peut-être même moins. A quoi ça servirait
de tout lâcher pour aller rester là ?
     
    Gérard poussa un
soupir d'exaspération et alla s'asseoir dans le salon, signifiant ainsi à sa
femme qu'il ne voulait plus discuter. Il resta singulièrement silencieux toute
la soirée.
     
    Avant de
s'agenouiller aux côtés de Laurette au pied de leur lit pour réciter leur
prière du soir, il finit par lui dire :
     
    — C'est correct.
Demain, je vais appeler mon père pour lui dire qu'on aime mieux rester à
Montréal. Lui et ma mère vont être insultés, mais qu'est-ce que tu veux qu'on y
fasse ? Ils vont juste penser que t'as encore gagné. J'aime mieux t'avertir que
ma mère va être ben fâchée et elle va pousser mon père à nous bouder un bon
bout de temps.
     
    — Ils feront ce
qu'ils voudront, fit Laurette en se signant avant de réciter à haute voix le Je
crois en Dieu.
     
    Ce soir-là, en se
mettant au lit, la jeune femme formula également une prière muette pour
remercier Dieu de l'avoir exaucée en faisant en sorte que Gérard refuse l'offre
de ses parents. Elle savait fort bien que ses menaces de demeurer seule avec
ses enfants dans la métropole demeureraient sans effet. Si son mari avait
décidé de retourner à Saint-Hyacinthe, elle aurait été obligée de le suivre,
que cela lui plaise ou non.
     
    Plusieurs

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