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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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longue vie. Elle ne comprit pas davantage, quelques
     
    jours plus tard,
que plusieurs dizaines de milliers de personnes se soient déplacées en pleine
tempête de neige et par un froid sibérien pour assister aux obsèques du petit
frère Sainte-Croix.
     
    Il était tombé
tant de neige et il avait fait si froid depuis une semaine que les Morin
décidèrent, contrairement à leur habitude, de ne pas rendre visite aux parents
de Laurette le dimanche après-midi. Après la messe, ils s'étaient frileusement
encabanés, comme ils disaient.
     
    — On n'est pas
pour aller passer l'après-midi chez mon père et laisser s'éteindre la
fournaise, avait raisonné Laurette. Si on fait ça, on n'arrivera jamais à
réchauffer la maison et les petits vont attraper leur coup de mort.
     
    De fait, il n'y
avait pas que les vitres des fenêtres qui étaient totalement givrées chez les
Morin. De la glace était aussi apparue sur les plinthes de la cuisine et du
salon. Pendant les jours qui suivirent, le couple utilisa tous les stratagèmes
possibles pour conserver la chaleur dans leur logement. Cette constante lutte
contre le froid rendit Laurette plutôt morose.
     
    A leur grand
soulagement, il fit un peu moins froid le dimanche suivant. Par conséquent,
Gérard et Laurette décidèrent d'emmitoufler leurs enfants et d'aller passer
l'après-midi chez les Brûlé. Honoré était passé la veille pour laisser un bloc
de glace dans la glacière et s'était plaint de ne plus voir ses petits-enfants.
     
    Lorsqu'ils
passèrent devant l'hospice Gamelin, Laurette eut un instant d'hésitation. Elle
tendit finalement Jean-Louis à son mari.
     
    — Si ça te fait
rien, je vais arrêter cinq minutes à l'hospice pour dire un petit bonjour à
madame Dansereau. Dis à mes parents que j'arrive.
     
    — C'est qui ça,
madame Dansereau ? demanda Gérard, intrigué.
     
    — Tu sais ben.
C'est la vieille que j'ai ramassée devant la porte.
     
    — Ah, oui... OK,
mais niaise pas trop longtemps, accepta-t-il en prenant Denise par la main pour
lui faire traverser la rue Dufresne.
     
    Laurette grimpa
du mieux qu'elle put l'escalier de l'édifice en pierre grise et entra dans le
large couloir sombre à la droite duquel était installé un guichet. La jeune
femme se dirigea vers la religieuse âgée qui faisait office de portière.
     
    — Est-ce que je
pourrais voir madame Dansereau ? lui demanda-t-elle.
     
    — Elle est au
deuxième, répondit aimablement la sœur de la Providence. Prenez l'escalier au
fond du couloir et montez.
     
    Laurette longea
le couloir au plancher luisant de propreté et gravit l'escalier. En posant le
pied sur le palier, elle croisa une religieuse à l'air affairé qui portait un
plateau de médicaments et de pansements. Elle réitéra sa demande.
     
    — Je viens de la
voir. Elle est en train de se bercer avec les autres dans la salle, à gauche.
     
    Laurette la
remercia et se rendit à l'endroit indiqué. Elle se retrouva alors face à une
trentaine de vieilles dames, toutes occupées à se bercer. Certaines
s'entretenaient avec leurs voisines alors que d'autres parlaient toutes seules,
indifférentes à ce qui les entourait.
     
    La visiteuse
repéra immédiatement Amanda Dansereau, assise près d'une fenêtre. Elle s'en
approcha sous l'œil inquisiteur des autres pensionnaires.
     
    — Bonjour, madame
Dansereau, dit-elle à la vieille dame en s'arrêtant devant elle.
     
    — Bonjour.
     
    — Vous me
reconnaissez ?
     
    — Est-ce que je
te connais ?
     
    — Vous avez passé
la journée avec moi, il y a deux semaines. Vous vous en rappelez pas ?
     
    — N... Non,
répondit Amanda en hésitant.
     
    — Je m'appelle
Laurette, Laurette Morin. Vous vous souvenez pas ?
     
    — Je connais pas
de Laurette, finit par admettre la pensionnaire de l'hospice Gamelin après
avoir vainement cherché dans sa mémoire.
     
    —' C'est pas
grave, fit la jeune femme, soudain frappée par l'air absent d'Amanda. Je venais
juste voir si vous alliez ben.
     
    — T'es fine
d'être venue me voir. Je suis correcte.
     
    — Tant mieux.
Bon. Il faut que je m'en aille. Faites attention à vous.
     
    Sur ces mots,
Laurette sortit de la salle où elle croisa à nouveau la rreligieuse.
     
    — Vous l'avez
trouvée ? demanda cette dernière.
     
    — Oui, mais elle
se souvient pas pantoute de moi. Pourtant, elle a passé une journée chez nous
il y a pas deux semaines.
     
    — Il faut
comprendre. Cette pauvre madame Dansereau a

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