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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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dormaient.
     
    Quelques minutes
plus tard, il vit la Chevrolet noire d'Albert Miron s'immobiliser devant la
porte et le médecin s'en extraire après avoir pris sa trousse. Gérard
s'empressa d'aller lui ouvrir. Sans dire un mot, le praticien retira ses
couvre-chaussures et son manteau, et se dirigea directement vers la chambre où
la lampe de chevet était restée allumée.
     
    — Va me faire
bouillir de l'eau, ordonna-t-il au père de famille avant de refermer la porte
derrière lui.
     
    Le praticien ne
demeura dans la pièce qu'un bref moment. Il se présenta dans la cuisine et vint
se laver les mains dans un bol que Gérard avait rempli d'eau tiède.
     
    — C'est bien de
valeur, déclara-t-il, mais ta femme vient de perdre son petit. Je vais lui
faire un curetage. Il va falloir qu'elle reste couchée une couple de jours pour
récupérer.
     
    Devant la mine
catastrophée du jeune homme, Albert Miron tenta de le réconforter.
     
    — C'est des
choses qui arrivent. Vous êtes jeunes, toi et ta femme. Vous allez pouvoir en
avoir d'autres.
     
    Sur ces quelques
mots, le médecin retourna dans la chambre d'où il ne sortit que près de
quarante-cinq minutes plus tard. Il revint dans la cuisine, se lava à nouveau
les mains et déroula les manches de sa chemise.
     
    — Bon. Tout a
l'air correct. Ta femme est forte. Elle va remonter vite la côte. Je lui ai
donné quelque chose pour la faire dormir.
     
    Vers quatre
heures trente, Albert Miron quitta l'appartement. Debout derrière les rideaux
de la fenêtre de la chambre, Gérard le regarda peiner à faire démarrer sa
voiture. Pendant un bref moment, le jeune père de famille se demanda s'il
valait la peine de retourner se coucher avant de partir pour le travail.
     
    Soudain, il
songea aux enfants. Il lui fallait trouver quelqu'un pour s'occuper d'eux le
temps que leur mère se remette. Évidemment, il pensa à leur grand-mère
maternelle, qui habitait tout près. Alors il s'habilla de nouveau et sortit de
la maison sans faire de bruit. La tête enfoncée dans le col de son manteau, il
parcourut rapidement les quelques rues le séparant de la rue Champagne.
     
    Arrivé devant
l'appartement des Brûlé, il frappa directement à la fenêtre de leur chambre.
Presque immédiatement, la tête hirsute d'Honoré apparut. Son beau-père
s'empressa de venir lui ouvrir. En entrant, Gérard aperçut sa belle-mère debout
dans la cuisine, qui s'activait déjà à préparer le déjeuner de son mari, devant
le poêle à bois, malgré l'heure matinale.
     
    — Entre, Gérard.
Qu'est-ce qui se passe ? demanda Honoré en ouvrant la porte. 
     
    Le jeune père
pénétra dans la maison en frottant ses mains gelées l'une contre l'autre.
Annette s'était précipitée à sa rencontre, se doutant que quelque chose
n'allait pas
     
    — C'est pas un
des petits qui est malade au moins? demanda-t-elle, alarmée.
     
    — Non, madame
Brûlé. C'est Laurette. Le docteur vient de partir. Elle a perdu le bébé. Il l'a
mise au lit pour une couple de jours. Je suis venu vous demander si vous
     
    pourriez pas vous
occuper d'elle et des enfants pendant que je travaille.
     
    — J'arrive, se
contenta de dire sa belle-mère. Laisse-moi une minute pour finir de préparer le
déjeuner de mon mari et je pars avec toi.
     
    — Laisse faire. Je
suis encore capable de faire du gruau, intervint Honoré, consterné.
     
    Quelques minutes
plus tard, Gérard et Annette poussèrent la porte de l'appartement de la rue
Emmett. Les enfants ne s'étaient pas réveillés et Laurette dormait. Gérard
mangea, laissa à sa belle-mère le soin de sa famille et partit pour le travail.
     
    Laurette récupéra
assez vite, mais quelque chose semblait s'être brisé chez la jeune femme à la
suite de la perte de son bébé. Son humeur s'était assombrie et la moindre
contrariété la faisait sortir de ses gonds. Ses proches ne savaient plus quoi
faire pour l'arracher à l'espèce de tristesse malsaine dans laquelle elle
semblait vouloir se complaire.
     
    — Bonyenne,
Laurette, reviens-en ! finit par s'impatienter sa mère. T'es pas la première à
avoir perdu un petit! J'en ai perdu deux, et j'en suis pas morte. T'es pas pour
passer toute ta vie à avoir un air de chien battu. Secoue-toi un peu !
     
    — C'est pas ça,
m'man, se défendit la jeune mère de famille.
     
    — Si c'est pas
ça, c'est quoi, d'abord ?
     
    — Je suis écœurée
de vivre ici dedans, de gratter la moindre cenne, de jamais

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