Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
a raison
quand il dit qu'il paye sa pension et que t'as juste à te mêler de tes
affaires.
     
    — Ce qui se passe
dans ma maison me regarde, maudit verrat ! protesta Laurette. Là, en tout cas,
c'est clair à cette heure. Il sait que je les mets à la porte au commencement
de mai. Il a juste à se grouiller pour se trouver une job.
     
    — Ça va être le
fun encore de vivre en chicane avec du monde pendant un mois, soupira Gérard,
qui savait qu'il n'y avait pas grand-chose à faire pour arranger la situation.
     
    — Moi, ça me
dérange pas pantoute, fit sa femme, l'air bravache. Ça faisait assez longtemps
que je me retenais de lui dire ce que je pensais de lui, à ce maudit
traîne-savates-là.
     
    Lorsque Angelina
rentra à son tour, elle retrouva la famille Morin attablée. Laurette avait pris
l'habitude de servir le souper aux siens avant son arrivée de manière à ce que
le partage de la cuisine se fasse le mieux possible. La jeune femme salua ses
logeurs avant d'aller rejoindre son mari, toujours enfermé dans leur chambre.
Laurette continua à manger, mais il était évident qu'elle tendait l'oreille.
Mais elle en fut pour ses frais. Elle ne perçut que des murmures inaudibles qui
durèrent plusieurs minutes.
     
    Angelina ne
sortit de la chambre que lorsqu'elle fut certaine que Laurette avait commencé à
laver sa vaisselle. Elle plaça sur le poêle un chaudron rempli de soupe aux
légumes préparée la veille et dressa son couvert et celui de son mari. Gérard
s'était retranché dans le salon en compagnie des deux enfants, laissant les
deux femmes seules. Il y eut entre elles un long silence embarrassé que
Laurette finit par briser.
     
    — Emile t'a dit
que je lui avais parlé à matin ?
     
    — Oui.
     
    — Tu sais, j'ai
rien contre toi, Angelina, s'excusa Laurette. Je te trouve ben courageuse de
faire ce que tu fais. Je lui ai parlé comme ça pour le secouer.
     
    — Tu sais, il a
pas une grosse santé.
     
    — Voyons donc,
Angelina ! Ouvre-toi les yeux, bonyeu ! Tu vois pas qu'il est ben plus en santé
que toi ? Il profite de toi pour se laisser vivre. Arrête de te laisser manger
la laine sur le dos.
     
    — Il a toujours
été comme ça.
     
    — C'est pas une
raison, verrat, pour le laisser continuer ! protesta Laurette.
     
    — Je sais
vraiment pas ce qu'on va devenir, chuchota alors Angelina, au bord des larmes.
     
    — T'as juste à
lui dire que t'arrêtes de travailler dans deux semaines, que t'en peux plus. Il
va ben être obligé de se trouver de l'ouvrage s'il veut pas mourir de faim.
     
    — Tu penses ?
     
    — Essaye, tu vas
ben voir. Qu'est-ce que tu risques? Tu peux pas continuer comme ça. T'es en
train de te crever à l'ouvrage.
     
    — J'ai ben peur
qu'il te fasse la baboune, dit la petite femme en lui adressant un
demi-sourire.
     
    — Ça me fait pas
un pli. Il peut faire la baboune tant qu'il voudra. Je peux te garantir que,
moi, je l'endurerai plus à traîner dans la maison toute la journée à partir de
demain. Je te passe un papier qu'il va aller s'en chercher de l'ouvrage, veut,
veut pas. De toute façon, je vais dire à Gérard de lui parler, à ton flanc-mou.
     
    Lorsque Laurette
vit Angelina déposer les bols de soupe fumante sur la table, elle s'éclipsa à
son tour au salon. Elle demanda alors à son mari de convaincre leur
pensionnaire de se mettre sérieusement à la recherche d'un emploi.
     
    — Il en est pas
question, tu m'entends? s'emporta Gérard à mi-voix. Ça me regarde pas. Tu lui
as dit que tu les sacrais dehors à la fin de la première semaine de mai. Ben,
jusque là, il fera ben ce qu'il voudra. Moi, je m'en
     
    mêle pas. Et je
te défends de t'en mêler. T'as assez fait de trouble comme ça !
     
    Laurette se le tint
pour dit. Quand son mari élevait la voix, elle savait qu'elle ne parviendrait
pas à le faire changer d'avis.
     
    Contre toute
espérance, Emile passa la journée du lendemain à la maison, comme à son
habitude. Il se leva à la fin de l'avant-midi, vint chercher son goûter dans la
glacière et s'enferma dans sa chambre jusqu'à l'heure du souper, ne sortant de
la pièce que pour se rendre à la salle de bain. Tout dans son comportement
prouvait qu'il ne cherchait qu'à braver sa logeuse. Il ne lui adressa cependant
pas le moindre regard.
     
    — C'est ça, mon
Emile, fais la baboune, se moqua-t-elle à voix basse après que le chômeur eut
refermé la porte derrière lui. Tu me fais ben peur.
     
    Toute la

Weitere Kostenlose Bücher