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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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de fonte lorsque le soleil se mettait à briller durant
l'après-midi. L'air se réchauffait peu à peu, annonciateur d'un printemps
précoce. Laurette songeait déjà à son grand ménage annuel quand la visite
d'Isidore Paradis, le nouveau responsable des immeubles appartenant à la
Dominion Oilcloth, lui fit réaliser combien le temps avait passé rapidement.
L'homme lui avait laissé un nouveau bail à faire signer par Gérard. Il ne
comportait aucune augmentation du loyer.
     
    La vue du nouveau
bail rappela à la jeune mère de famille que les Parenteau vivaient sous son
toit depuis plus de deux mois et qu'Emile n'avait toujours pas cherché
sérieusement un emploi.
     
    Ce dernier sortit
de sa chambre en se frottant les yeux au moment où elle déposait le bail sur la
glacière.
     
    — Qui est-ce qui
fait du bruit comme ça aussi de bonne heure? marmonna-t-il.
     
    — De bonne heure
! s'exclama Laurette. Mais il est passé dix heures !
     
    — Moi, je trouve
ça de bonne heure, répliqua son pensionnaire en ouvrant une porte d'armoire
pour y prendre une tasse.
     
    — Si tu veux le
savoir, t'as été réveillé par la sonnette de la porte. C'est celui qui s'occupe
des maisons de
     
    la Dominion
Oilcloth qui vient de laisser le nouveau bail.
     
    — Ah bon, fit
l'autre, de toute évidence peu intéressé par le sujet.
     
    — Il va ben
falloir qu'un jour ou l'autre, tu te décides à te louer un logement, toi
aussi.  ¦
     
    — J'ai pas les
moyens, reconnut Emile en s'allumant une cigarette. Angelina gagne pas assez.
     
    — T'étais pas
supposé te chercher une job, toi aussi?
     
    — Oui, je vais
finir par en trouver une.
     
    — Ça me fait
rien, mais je pense pas que c'est en restant étendu dans ton lit toute la
journée que tu vas en trouver une, reprit Laurette sur un ton sarcastique. Il y
a personne qui va venir te chercher ici dedans.
     
    — Depuis que j'ai
eu la grippe, j'ai de la misère à remonter la côte. Je me fatigue ben vite, dit
Emile sur un ton geignard.
     
    — Mais ta femme
m'a dit que t'as eu la grippe au commencement de l'automne passé. Elle doit être
guérie depuis longtemps.
     
    — Ben non.
     
    — T'es sûr que tu
t'écoutes pas un peu trop ?
     
    — Je te le dis,
je me sens pas ben pantoute.
     
    — Moi, à ta
place, je me sentirais gêné en bout de viarge de me faire vivre par ma femme !
ne put s'empêcher de dire Laurette, plantée devant lui, les poings sur les
hanches.
     
    — Ma femme fait
ce qu'elle veut. Je l'oblige pas à aller travailler.
     
    — Mais si elle le
faisait pas, vous crèveriez de faim. Tu sais ce que je pense ? T'ambitionnes
sur le pain béni, Emile Parenteau. Si t'étais mon mari, je te secouerais en
maudit. Fais un homme de toi, bonyeu! Grouille-toi un peu !
     
    — Christ, arrête
de me parler comme si t'étais ma mère ! s'emporta Emile à son tour. Je te paye
notre pension. Le reste te regarde pas pantoute.
     
    — Ben là, j'ai
des petites nouvelles pour toi, mon Emile ! dit Laurette d'une voix
inquiétante, en s'approchant dangereusement de l'homme qui ne put s'empêcher de
faire un pas en arrière. Écoute-moi ben ! Je te le répéterai pas une autre
fois. Je ,vous garde jusqu'à la fin de la première semaine de mai, pas un jour
de plus. Tu m'entends ? Je vous garde juste parce que j'ai pitié de ta pauvre
femme. Puis viens surtout pas me dire que ça me regarde pas. Ça fait deux mois
que je te regarde chienner dans ma maison en attendant que ta femme revienne de
travailler pour te servir. Il y a tout de même un boutte, bonyeu ! Si je me
retenais pas, je te poignerais par la peau du cou pour te secouer. A cette
heure que je t'ai dit ce que j'avais sur le cœur, envoyé, ôte-toi de devant ma
face ! Disparais dans ta chambre !
     
    Les deux enfants
se mirent à pleurer à l'unisson et Laurette alla les rassurer. Emile ne se fit
pas répéter l'invitation. Il rentra dans sa chambre, claqua violemment la porte
derrière lui et n'en sortit plus de la journée.
     
    Lorsque Gérard
rentra de son travail, sa femme l'intercepta dans le couloir et lui fit signe
de la suivre dans leur chambre.
     
    — Qu'est-ce qui
se passe ?
     
    — Il y a que j'ai
parlé dans la face de ton petit-cousin à matin.
     
    Elle lui raconta
alors la scène qui avait eu lieu durant la matinée.
     
    — Cybole,
Laurette ! s'exclama son mari. Il me semble que je t'avais dit que ça te
regardait pas pantoute, ce qui se passait entre lui et sa femme. Il

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