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Des souris et des hommes

Des souris et des hommes

Titel: Des souris et des hommes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John Steinbeck
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chien.
    — J’fais
rien, dit-il. J’suis juste venu voir mon chiot. Et j'ai vu qu'il y avait de la
lumière, expliqua-t-il.
    — Ben,
j'ai bien le droit d'avoir de la lumière. Allons, sors de ma chambre. On veut
pas de moi dans votre chambre, moi j’veux pas de vous dans la mienne.
    — Pourquoi
qu'on n' veut pas de toi ? dit Lennie.
    — Parce
que je suis noir. Ils jouent aux cartes, là-bas, mais moi, j’peux pas jouer
parce que je suis noir. Ils disent que je pue. Ben, j’peux te le dire, pour
moi, c'est vous tous qui puez.
    Lennie,
déconcerté, laissait pendre ses grosses mains.
    — Tout
le monde est allé en ville, dit-il. Slim, et George, et tout le monde. George a
dit qu'il fallait que je reste ici et que je fasse pas de bêtises. J'ai vu
qu'il y avait de la lumière.
    — Et
après, qu'est-ce que tu veux ?
    — Rien...
J'ai vu de la lumière. J'ai pensé que je pouvais entrer m'asseoir une minute.
    Crooks
dévisagea Lennie, et prit derrière lui les lunettes qu'il décrocha et ajusta
sur ses oreilles roses. Puis il dévisagea Lennie de nouveau.
    — Et
puis, j’sais pas ce que tu viens faire dans l'écurie, dit-il en manière de
protestation. T’es pas roulier. Les débardeurs n'ont rien à voir à l'écurie. T’es
pas roulier. T’as rien à faire avec les chevaux.
    — Le
chien, répéta Lennie. J’suis venu voir mon petit chien.
    — Eh
ben, va le voir ton chien. Ne viens pas là où qu'on ne veut pas de toi.
    Lennie
perdit son sourire. Il fit un pas dans la chambre, puis, se rappelant, recula
vers la porte.
    — J’les
ai regardés un peu. Slim dit qu'il faut pas que j’les caresse trop.
    Crooks dit :
    — T’as
passé ton temps à les sortir de leur caisse. Ça m'étonne que la mère n' les
ait pas emportés ailleurs.
    — Oh !
ça lui est égal. Elle me laisse faire.
    Lennie
s'était de nouveau avancé dans la chambre.
    Crooks
fronça les sourcils, mais le sourire désarmant de Lennie eut raison de lui.
    — Entre,
et assieds-toi un moment, dit Crooks. À ce qu'il paraît, t’as pas envie de me
laisser tranquille, alors autant t'asseoir.
    Sa voix se
faisait plus cordiale.
    — Comme
ça, tout le monde est parti en ville ?
    — Tout
le monde, sauf Candy. Il est là-bas, dans la chambrée, à tailler son crayon, à
tailler et à compter.
    Crooks
consolida ses lunettes.
    — A
compter ? Qu'est-ce qu'il compte, Candy ?
    Lennie
cria presque :
    — Au
sujet des lapins.
    — T’es
dingo, dit Crooks, fou à lier. Qu'est-ce que tu veux dire avec tes lapins ?
    — Les
lapins qu'on va avoir, et c'est moi qui les soignerai, j’couperai de l'herbe, j’leur
donnerai de l'eau, des choses comme ça.
    — Un
vrai dingo, dit Crooks. J’comprends que le type avec qui tu voyages aime autant
n' pas t'avoir près de lui.
    Lennie dit
tranquillement :
    — C'est
pas de blague. On va l'avoir. On va avoir une petite ferme et on vivra comme
des rentiers.
    Crooks
s'installa plus confortablement sur son lit.
    — Assois-toi,
proposa-t-il. Assois-toi sur le baril à clous.
    Lennie se
tassa sur le petit baril.
    — Tu
crois que c'est de la blague, dit Lennie. Mais c'est pas de la blague. Chaque
mot est la vérité, t’as qu'à demander à George.
    Crooks mit
son menton noir dans sa paume rose.
    — Tu
voyages avec George, pas vrai ?
    — Pour
sûr, dit Lennie. Nous deux, on va partout ensemble.
    — Des
fois il parle, continua Crooks, et tu n' comprends rien à ce qu'il
raconte. C'est pas vrai ?
    Il se
pencha, scrutant Lennie de ses yeux profonds.
    — C'est
pas vrai ?
    — Oui...
des fois.
    — Et
il continue à causer et tu n' comprends rien à ce qu'il raconte ?
    — Oui...
des fois. Mais... pas toujours.
    Crooks se
pencha sur le bord du lit.
    — J’suis
pas un nègre du Sud, dit-il. J’suis né ici même, en Californie. Mon père
élevait des volailles. Il avait environ cinq hectares. Les gosses des blancs
venaient jouer chez nous, et il y en avait qui étaient assez gentils. Mon père
n'aimait pas ça. C'est que bien plus tard que j'ai compris pourquoi qu'il
n'aimait pas ça. Mais, maintenant, je sais.
    Il hésita,
et, quand il se remit à parler, sa voix était plus douce.
    — Y
avait pas une famille noire à plusieurs milles à la ronde. Et maintenant, y a
pas un seul noir dans ce ranch, et il n'y a qu'une famille à Soledad.
    Il se mit
à rire.
    — Si
je dis quelque chose, ben, c'est juste un nègre qui parle.
    Lennie
demanda :
    — Combien
que

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