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Des souris et des hommes

Des souris et des hommes

Titel: Des souris et des hommes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John Steinbeck
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boîte. Bon Dieu, j'en ai vu trop, des types comme
vous. Lennie, là, il quittera le travail, et, dans deux ou trois semaines, il
se retrouvera sur les routes. A ce qu'on dirait, tout le monde a un coin de
terre dans la tête.
    Candy se
frottait la joue avec colère.
    — Pour
sûr, nom de Dieu, qu'on va le faire. George l'a dit. Nous avons déjà l'argent.
    — Ah
oui ? dit Crooks. Et où est-il, George, en ce moment ? En ville, dans
quelque bordel. C'est là qu'il s'en va vot'argent. Bon Dieu, j'ai vu ça arriver
tant de fois. J'ai vu trop de gars avec de la terre dans la tête. Ils n'en
trouvent jamais sous leur main.
    Candy s'écria :
    — Sûr
que tout le monde en veut. Tout le monde veut un lopin de terre, pas beaucoup.
Quelque chose qui est à vous, simplement. Quelque chose où qu'on peut vivre et
d'où personne n' peut vous faire partir. J'en ai jamais eu. J'ai fait des
récoltes pour tous les habitants de cet État, autant dire, mais c'étaient pas
mes récoltes, et quand je les coupais, c'était pas ma moisson. Mais maintenant,
nous allons le faire. George n'a pas l'argent sur lui. Cet argent est à la
banque. Moi, et Lennie, et George. Nous aurons une chambre à nous. Nous aurons
un chien, et des lapins et des poulets. Nous aurons du maïs vert, et peut-être
bien une vache aussi, ou une chèvre.
    Il
s'arrêta, débordé par son tableau.
    Crooks
demanda :
    — Tu
dis que vous avez l'argent ?
    — Comme
tu le dis. La plus grande partie. Il ne nous en manque qu'un petit peu. On
l'aura dans un mois. George a déjà choisi la terre.
    Crooks
tordit le bras et s'explora l'épine dorsale avec la main.
    — J'ai
jamais vu personne le faire, dit-il. J'ai connu des gars qu'étaient moitié fous
de l'envie d'avoir une terre, mais, chaque fois, un bordel ou une partie de
vingt-et-un leur prenaient ce qu'il leur fallait.
    Il hésita :
    — Si
des fois... vous autres, vous aviez besoin de quelqu'un qui travaillerait pour
rien, juste au pair, ben, j'irais vous donner un coup de main. J’suis pas
infirme au point d'pas pouvoir travailler comme une brute si je veux.
    — Dites,
les gars, vous auriez pas vu Curley, l'un de vous ?
    Ils
tournèrent la tête vers la porte. La femme de Curley les regardait. Elle était
fortement maquillée. Ses lèvres s'entrouvraient légèrement. Elle haletait comme
si elle avait couru.
    — Curley
n'est point venu ici, dit Candy hargneusement.
    Elle était
toujours sur le seuil, leur souriant un peu, se frottant les ongles d'une main
avec le pouce et l'index de l'autre. Et ses yeux se posaient successivement sur
chacun d'eux.
    — Ils
ont laissé ici tous ceux qu'étaient pas forts, dit-elle enfin. Vous vous
figurez que j’sais pas où ils sont allés. Même Curley, je sais où ils sont
allés tous.
    Lennie la
regardait, fasciné, mais Candy et Crooks, mécontents, évitaient de rencontrer
ses regards. Candy dit :
    — Alors,
si vous savez, pourquoi c'est-il que vous venez nous demander où qu'est Curley ?
    Elle les
regarda, amusée :
    — C'est
drôle, dit-elle, quand je trouve un homme et qu'il est seul, j’m'entends
toujours avec lui. Mais, sitôt que vous êtes deux ensemble, on n' peut pas
vous tirer une parole. Vous vous contentez de vous foutre en rogne.
    Elle cessa
de s'occuper de ses doigts et mit ses mains sur ses hanches.
    — Vous
avez tous peur les uns des autres, c'est pas autre chose. Vous avez tous peur
que les autres aient quelque chose à raconter sur votre compte.
    Au bout
d'un instant, Crooks dit :
    — Vous
feriez peut-être mieux de rentrer chez vous. On n' veut pas avoir d'ennuis
ici.
    — Oh !
c'est pas moi qui vous ferai des ennuis. Vous croyez que j'aime pas causer à
quelqu'un de temps en temps ? Vous croyez que j’m'amuse, à rester toute la
journée dans cette maison ?
    Candy posa
son moignon sur son genou et le frotta doucement avec sa main. Il dit d'un ton
de reproche :
    — Vous
avez un mari. Vous avez aucune raison d'aller tourner autour des hommes, pour
qu'on ait des histoires.
    La femme
s'emporta :
    — Sûr
que j'ai un mari. Vous l'avez tous vu. Un type un peu là, hein ? Passe son
temps à annoncer ce qu'il va faire aux gars qu'il n'aime pas, et il n'aime
personne. Vous vous figurez que je vais rester dans cette maison de quatre sous
à écouter comment Curley attaque du bras gauche et puis amène ce vieux coup
droit ? Un, deux, qu'il dit, ce vieux un-deux, et v' là le type sur
le dos.
    Elle
s'arrêta, et son

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