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Dieu et nous seuls pouvons

Dieu et nous seuls pouvons

Titel: Dieu et nous seuls pouvons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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sous les
yeux. Et ça jusqu’à ce que ce malheureux pourrisse dans la vermine née de son
bran ! »)
    Les deux inséparables durent leur
salut à des mercédaires espagnols, moines d’un ordre mendiant voué au rachat
des chrétiens prisonniers des Infidèles.
    A peine débarquaient-ils à Malaga
qu’ils s’enrôlaient sur le brigantin d’un capitaine grec, contrebandier à ses
heures, pirate chaque fois que l’occasion se présentait. Ce fut une période
faste pour Martin et Jules. Si faste qu’ils s’enrichirent jusqu’à s’offrir leur
brigantin et pirater à leur compte.
    De nouveau coulés par des musulmans
au large de Tripoli, ils furent cette fois achetés par El Djibril, un riche
propriétaire d’oasis. Celui-ci rejoignait le Fezzan où il destinait ses
nouveaux esclaves quand sa caravane fut attaquée par une bande de pillards
voilés jusqu’aux yeux.
    Contribuant largement à les
repousser, Martin et Jules gagnèrent sa confiance. Après les avoir
solennellement embrassés sur les joues devant tous, il les avait nommés chefs
de sa garde personnelle.
    Pibrac, qui avait trouvé sur l’un
des Touaregs tués un beau couteau à lame d’acier damasquinée se repliant dans
une corne de girafe lumineuse comme de l’ambre, avait été autorisé à le
conserver.
    Invariablement, à ce stade du récit,
Justinien demandait à toucher le couteau. Martin, qui aimait raconter ses
histoires tout en taillant ses modèles réduits de bateaux, s’interrompait pour
le lui laisser.
    Profitant d’un voyage d’El Djibril
dans ses oasis de Cyrénaïque, Martin et Jules s’étaient enfuis en compagnie de
quatre esclaves touaregs et des deux eunuques du harem qu’ils dévorèrent durant
le parcours. (« On les avait emmenés pour ça. Ils étaient bien gras et ils
nous ont duré plusieurs jours. »)
    Une nuit, Martin fut réveillé par
son compagnon qui souriait « jusqu’aux oreilles ». (« Il venait
d’égorger les quatre Touaregs. Crois-moi si tu le veux, mais c’était eux ou
nous. D’ailleurs c’est à partir de ce moment-là qu’on a eu assez d’eau et de
viande séchée pour tenir jusqu’à la côte. ») Là, ils s’étaient emparés
d’une felouque et après trois semaines d’errance étaient parvenus jusqu’à
Chypre, à demi morts de soif. (« C’est durant cette dérive que Pibrac a
gravé son nom sur le manche. Il s’est servi de la pointe du harpon se trouvant
dans le bateau. Les derniers jours, on avait tellement soif qu’on a bu notre
jus de nature. C’était peu goûteux, je te l’accorde, mais j’ai tout bu… Tiens,
va me chercher un pichet de clairet au lieu de tirer cette grimace. »)
    Lassés pour un temps du monde marin,
Martin et Jules embarquèrent sur un bateau de pèlerins revenant de Terre sainte
avec l’intention de rentrer au pays et de devenir soldats. (« C’était son
idée plus que la mienne, mais là encore, je l’aurais suivi. »)
    Durant la traversée, Pibrac fut
terrassé par une fulgurante inflammation d’entrailles qui le tua en deux jours.
C’était Martin qui l’avait glissé dans un drap, et c’était lui qui l’avait
cousu en linceul. (« J’ai coupé les fils avec son couteau. Et c’est moi
qui ai soulevé la planche. D’habitude le corps surnage un moment avant de
disparaître, mais lui non, il a coulé à pic, comme on s’en va sans se
retourner. Ça m’a fendu le cœur, j’ai eu l’impression d’être orphelin. »)
    Martin était revenu à Roumégoux,
mais il ne s’était enrôlé dans aucune armée. Après une période de flottement,
il avait épousé Éponine, la dernière des filles Navech, le fabricant de
chandelles. Ils eurent un fils qui ne vécut que quelques jours. C’est pour
pouvoir donner son lait qu’Éponine devint nourrice.
    Et puis un jour, ou plutôt un soir,
le Grand Vigilant Melchior Fendard était entré chez eux pour déposer sur la
table un grand panier en osier. Éponine avait eu un hoquet de surprise en
découvrant son contenu.
    — Par les tétons de sainte
Agathe ! Qui a pu faire une telle beuserie ?
    — Nous l’avons trouvé ainsi. Ça
venait de lui arriver. C’est notre médecin empirique qui a cautérisé les
plaies. Ce que je ne comprends pas, c’est comment il peut continuer à dormir
après tout ce qui vient de lui arriver.
    Soulevant le nouveau-né, Éponine
s’était assurée que ses pieds n’étaient point fourchus ni qu’aucune corne ne
pointait sous son

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