Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi
d’équilibre et de résonance sera mon point d’appui… »
— Sire, dit d’Artagnan, je ne sais s’il faut s’égarer encore … cette pièce qui va naître…
— Je veux en connaître l’histoire ! affirme le roi. Nous retrouverons bien assez tôt ces fâcheux intrigants.
— Dans ce cas, Majesté, qu’il soit fait selon votre volonté ! Mais je vous préviens nous risquons d’y passer la journée…
— À la bonne heure !
— Bien, dans ce cas, reprenons…
Conquistadors en vue
« — Quel air voulez-vous entendre, monsieur ? demande Fortunio au nouveau venu.
— L’air qu’il vous plaira, répond François de Lyon en bourrant sa pipe de tabac. Un air qui donne envie de prendre la mer, par exemple.
Fortunio accorde son instrument, ses doigts cherchent la bonne tonalité et bientôt résonne une mélodie charmante, qui nous met tous au diapason.
Un nuage de tabac s’élève au-dessus du fumeur.
La fumée prend le chemin de l’air, et s’enfuit par la fenêtre ouverte.
De même, l’esprit du poète semble emporté par une force invisible.
Suspendus à sa voix, nous allons le suivre et nous laisser conduire, comme à travers ciel, pour franchir de vastes distances, celles du temps et de l’espace.
C’est encore autour d’une table et près d’un verre, dans une salle obscure et close, que se joue la destinée des hommes
Nous sommes en Espagne, à Séville, en l’an 1530. Deux capitaines, Ruis Vasco et Philippe Corada, font les comptes. Voilà bientôt six ans qu’ils sont partis de chez eux. Six ans qu’ils prêtent leurs bras et leur épée aux armées du roi d’Espagne. Ils espéraient la gloire et la richesse. Les batailles se suivirent, avec des victoires et des défaites, du vin et des femmes. Mais si le sang a coulé, la fortune n’est pas venue.
Ces mercenaires n’ont pourtant pas perdu tout espoir.
Puisque rien de grand ne peut arriver du côté de la vieille Europe, mieux vaut tourner ses regards de l’autre côté des mers, vers le Nouveau Monde. Ils rêvent tout haut. Là-bas , dit-on , l’or est à porté de main .
Ruis Vasco et Philippe Corada jurent d’unir leurs forces et leurs volontés pour traverser la mer des ténèbres et changer leur destinée avant le début de la prochaine année.
Le vin coule à flots. Mais le lendemain, on sort de l’ivresse les idées claires. Plus question de reculer, l’honneur est en jeu.
Soit, il faut donc de l’argent pour embarquer, monter une expédition, payer des troupes. Cet argent, où le trouver ? Celui qui veut rester honnête doit prendre patience, mais pour Ruis et Philippe, le temps presse.
Une fête costumée a lieu chez un grand seigneur de Séville.
Ruis et Philippe se mêlent à la foule des invités. Profitant de l’animation, ils montent aux étages, ils fouillent les pièces et les tiroirs. Ils trouvent quelques bijoux. C’est un bon début, mais ils veulent davantage. Ils poussent d’autres portes, ils forcent d’autres serrures. Ils sont surpris par l’un des invités. Celui-ci comprenant que des voleurs se sont introduits dans la maison veut appeler des renforts. Il est violemment repoussé par Ruis Vasco, si violemment qu’il fait une chute malheureuse et se fend le crâne. L’homme est mort.
Ruis et Philippe ont du sang sur les mains.
Le sang d’un innocent… C’est le prix du voyage, se disent-ils pour justifier ce forfait que l’un a commis, et que l’autre n’a pu empêcher.
Les bijoux en poche, nos hommes vont trouver un banquier italien installé à Séville. Prêtez-nous l’argent manquant pour financer notre départ et la constitution d’un équipage, et nous nous engageons à vous rembourser, à vous laisser une part de notre butin . L’Italien se frotte le menton, se lisse la moustache.
Ces deux hommes ont en effet l’air capable de déplacer des montagnes. Ils semblent hardis, ils sont forts, et l’Amérique, paraît-il, regorge de richesses. Le banquier consent à leur accorder ce qu’ils demandent, mais à une condition : Si vous revenez riches de votre voyage, vous songerez à devenir respectables. À fonder une dynastie. Engagez-vous donc, par écrit et par serment, en prenant votre Dieu à témoin, de marier plus tard l’un de vos fils à l’une de mes nièces. Je vous avance l’argent contre votre parole de mêler votre sang de conquistador à celui de la banque et de l’usure. Acceptez-vous ?
Philippe et Ruis n’ont guère le choix.
Ils
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