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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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quitter Séville et construire ailleurs une nouvelle existence. Avant de partir, Ruis alla rendre visite à son investisseur, le banquier italien, attendant patiemment le retour de ses aventuriers téméraires partis pour le Nouveau Monde.
    Ruis avait pris trop de mauvaises habitudes.
    Après tout, cet homme n’était qu’un usurier.
    Plutôt que d’acquitter sa dette et de gaspiller ses fonds, il sortit une nouvelle fois son couteau d’assassin, il écourta la vie du prêteur, et mit le feu à son établissement pour effacer toutes les traces, toutes ses lettres de change, ce précieux document, la promesse d’engagement, signée avant le départ.
    Avec l’or qu’il rapporta, Ruis fit fortune.
    En homme avisé, il renonça à la vie facile, à brûler ses biens dans la dépense et le luxe. Il préféra prospérer depuis la ville de Cadix. Il se lança dans le commerce, il envoya des navires en Afrique, en Orient. Il fit connaître son nouveau nom de Venise à Anvers, de Grenade à Paris.
    Diego, l’enfant qu’il a adopté, est devenu un beau jeune homme.
    Diego, lui, au grand désespoir de sa mère, ne songe qu’à une chose : reprendre le flambeau. Il a entendu son père lui raconter plusieurs fois son voyage, de l’autre côté des mers. Il croit à cette histoire, celle d’un Eldorado caché au milieu de la forêt. Cet Eldorado que son père n’a fait qu’approcher, il le retrouvera, il rapportera l’or d’une main et la gloire de l’autre.
    Tous les jours, tous les matins, Diego se rend au port.
    Il va discuter avec les marins, il sympathise avec les voyageurs, les navigateurs, il s’intéresse à tout ce qui vient d’ailleurs. Le monde est si vaste… Et l’Espagne est si rigide : elle étouffe sous le corset de l’étiquette et la chaleur des bûchers ! Toute jeune qu’elle est encore, cloîtrée dans ses habitudes, prisonnière de ses dogmes, elle se meurt. Ce matin-là, Diego est parti de chez lui. Il ne vient pas seulement admirer toutes ces voiles à l’horizon, ces caravelles sur le départ, chargées d’hommes et d’épices, de canons et d’aventuriers, il vient aussi fuir le chagrin et la maladie qui se sont installés chez lui. Son père, don Ruis Esquobal est au lit, une vieille fièvre le tourmente. Cette fièvre, aucun médecin n’est parvenu à la soigner. Elle semble venir de fort loin… du passé, et d’un autre continent.
    Diego n’est plus aussi joyeux que d’habitude, tous le remarquent, tous s’inquiètent.
    Un navire rentre à quai.
    Une femme en descend, un homme la suit.
    Elle est si belle que Diego ne peut détacher ses yeux de son visage.
    La femme s’adresse à son compagnon.
    Un cavalier qui passe à ses côtés l’entend s’exprimer et s’arrête aussitôt. Il reconnaît à la couleur de l’épiderme, au dialecte employé, une sauvage en habit civilisé… Il se moque d’elle, il l’insulte. Diego ne peut rester immobile. Il prend la défense de l’étrangère. Les hommes se font face. Tous deux portent l’épée. On se donne rendez-vous, à la nuit tombée, sans témoin, pour conclure l’affaire.
    Satisfait, le cavalier s’en va. À ce soir, monsieur .
    — Comment puis-je vous remercier ? demande la passagère du navire à son sauveur.
    — En me donnant votre nom et votre main à baiser, répond Diego.
    La femme se nomme Gabriela. Elle est vêtue de noir, elle porte le deuil de son époux, mort subitement peu de temps après le mariage.
    — Ne puis-je rien d’autre pour vous ?
    Diego songe à son père, souffrant d’un mal inconnu, d’une fièvre qu’il pourrait avoir rapportée de son ancien voyage. Il se confie.
    — Voyez, jeune homme, répond Gabriela, comme j’ai bien fait d’insister. J’ai appris la médecine. Cependant, cette médecine, je vous en préviens, n’est pas celle de vos docteurs, elle me vient de mes ancêtres, et de ma mère la Terre.
    Diego ne veut pas en savoir davantage.
    Elle pourrait sauver son père. Elle est peut-être l’envoyée de la Providence.
    Il la conduit jusque chez lui, en compagnie de ce mystérieux serviteur qui marche dans son ombre.
    Don Ruis, se sentant au plus mal, a fait demander un prêtre.
    Ce prêtre, c’est Francisco, le meilleur ami de Diego.
    Si Diego rêve de conquêtes, d’aventures et d’épopées guerrières, Francisco, lui, songe à une vieille chimère : les croisades. C’est un idéaliste, un exalté, un chevalier de Dieu. Il veut convertir les infidèles, ou brûler

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