Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi
signent, ils promettent.
Heureux de pouvoir partir, d’aller au bout de leur quête, ils vont fêter leur départ. Dans la nuit, ils font la rencontre d’une jeune femme. Elle est si belle qu’ils en tombent tous deux amoureux. Puisqu’il est impossible de céder sa place, puisque l’on ne peut décider par l’épée, par la mort de l’un des deux prétendants, qui aura le droit de faire sa cour, il faut laisser faire le hasard. On joue aux dés. Celui qui perdra devra se consoler dans les bras de la première venue.
Philippe est vainqueur.
Il triomphe si bien qu’il parvient en effet à conquérir le cœur de cette jeune Andalouse nommée Esperanza. Amoureux fou, il retarde les adieux. Mais son compagnon, don Ruis, s’impatiente. Il rappelle à son frère d’arme l’engagement qu’ils ont pris tous deux.
Je reviendrai , dit l’amant à la femme qu’il abandonne bien à regret. Je reviendrai riche et puissant, je ferai de toi ma femme, je mettrai mon or et mon âme à tes pieds .
Il faut partir.
Quelques jours plus tard, un navire est trouvé, une compagnie est constituée. La Chimère , leur vaisseau, prend la mer.
Après une traversée tumultueuse, un voyage épuisant, Ruis et Philippe accostent enfin avec leurs hommes en terre promise. Ce continent est à l’image de leurs rêves. Ici, tout est démesuré : les arbres, les fleuves, les fruits, les serpents et les fièvres. Très vite, la troupe soldatesque menée par les deux aventuriers rencontre des autochtones. Ces païens leur font bon accueil. Malgré la différence de mœurs et de langage, on finit par se comprendre. À tel point que l’on décide de passer accord, donnant-donnant. Oukatchac, le chef de la tribu, a besoin d’alliés pour combattre un chef voisin qui lui fait la guerre. Les armes à poudre des Espagnols lui seraient d’un précieux secours. Elles font tomber la foudre, elles tuent à distance. Oukatchac est prêt à payer cette assistance militaire qui lui apporterait une victoire certaine. De l’or ? Oh oui, il sait où en trouver.
Ruis Vasco et Philippe Corada veulent s’assurer qu’on ne les trompe pas, qu’ils auront satisfaction.
Oukatchac en personne consent à les mener, eux seuls, dans un territoire sacré où l’or est dans la pierre. Les deux Espagnols auront les yeux bandés. C’est la règle.
On part au coucher du soleil, le périple dure deux jours. Arrivés sur place, c’est l’éblouissement.
Le bandeau retiré, les deux amis n’en croient pas leurs yeux.
Cet endroit, c’est plus qu’ils ne pouvaient imaginer.
Oukatchac parvient à se faire comprendre en traçant sur la terre, d’une pointe de bâton, une série de dessins traduisant ses volontés. Les deux Espagnols reviendront seuls, une fois la bataille gagnée, l’ennemi écrasé. Et les mercenaires n’emporteront que ce que leursmains pourront prendre. Cet endroit sacré peut récompenser les guerriers valeureux, mais il ne doit pas être pillé.
Pour Ruis, ce spectacle, celui de l’or couvrant la falaise, est trop impressionnant. Il lui fait tourner la tête, perdre l’esprit. Il veut prendre sans rien donner. Il s’imagine qu’il pourra retrouver son chemin, qu’il saura revenir. Ce païen n’a pas à lui dicter de conditions.
Il veut entraîner Philippe dans son projet, à deux, ils parviendront sans peine à tuer cet homme.
— Mais tu es fou ! dit Philippe à son compagnon. Songes-tu que nous avons donné notre parole ! Et nos hommes, qu’en ferons-nous ? Nous les abandonnons ?
Ruis Vasco n’a aucune estime pour ces mercenaires qui les accompagnent.
— Ils pourraient être les premiers à vouloir nous égorger si nous revenons ici avec eux, dit-il. Quand l’or partagé rétablit l’égalité entre les hommes, la mutinerie gouverne et les chefs sont sacrifiés. Nous serions deux contre une bande affamée. Autant agir les premiers.
Philippe s’oppose. Il s’indigne, il refuse la trahison, d’autres victimes. Mais Ruis entend bien aller au bout de son projet. La vue de l’or lui échauffe les sangs. Il s’emporte contre son ami, l’accuse de toujours prendre la meilleure part, de ne lui laisser que les restes. Il est temps que cela change, une bonne fois pour toutes. Dans son exaltation, il sort un poignard et frappe son ami. Il le tue. Aussitôt après, Ruis s’avance vers le chef indigène. Un corps à corps s’engage. À l’issue du combat, Oukatchac est grièvement meurtri, mais il parvient à
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