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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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soutenir, elle ferait ployer les faibles – et ne laisse à son père que les besognes secondaires), le bourreau de Paris, disons-nous, et à ses côtés, comme compagnons d’armes, des truands (parmi les plus noirs, mais ceux-là ne sont pas toujours les pires), des gibiers de potence, de futures victimes ; ensuite, un gentilhomme sinon de pure souche, du moins de grande tenue ; enfin, un mousquetaire et un aventurier, tous deux agents de Son Éminence ! Pardieu ! Il ne manque que Fortunio pour apporter à la confrérie une note légère, une note de couleur, une note de musique. Mais Dieu sait où se trouve Fortunio ! Près de Valériane,sans doute. Lui a-t-on donné un rôle dans cette tragédie, qui va se jouer chez Desdémone ? Nous l’apprendrons bientôt.
    Oui, le roi n’est pas à plaindre, c’est un beau défilé d’hommes, de figures contrastées, qui l’entraîne au pays de Morphée, pour une longue chevauchée.
     
    Que le roi sache que les choses sont bien ordonnées quand on ne les contrarie point. La Nature et La Providence sont bonnes ouvrières, elles n’ont rien à envier aux travaux entrepris par la main et la volonté de l’homme. En effet, quand le roi sort de son sommeil, quitte le lit, que son narrateur entre alors à sa demande, avant même que Sa Majesté ait pu s’habiller, les cavaliers viennent juste d’arriver à destination.
    Certes, le couvent n’est point si loin de Paris qu’il faille huit heures de course pour s’y rendre depuis la demeure du tourmenteur de la Ville. Mais la nuit, c’est entendu, les frontières du temps et de l’espace sont abolies. Tout prend une autre mesure.
    Quoi qu’il en soit et encore une fois, ces mesures ont été bien établies, le roi a bien fait d’obéir à sa mère. Il est désormais parfaitement attentif, réceptif, et qu’il se rassure en apprenant qu’il n’a point manqué l’épisode suivant : l’entrée au couvent.
    Il faut cependant se vêtir à la hâte, afin de paraître dignement devant le chevalier qui va pouvoir reprendre la parole d’un instant à l’autre.
    — Sire, puis-je poursuivre ?
    — Faites, d’Artagnan, faites, je vous écoute, je vous suis, après vous.
     
    Après vous … ce petit prince qui sera un grand roi est décidément plein d’esprit !
    À la grâce de Dieu
    « Nous nous sommes rangés au bas d’une rue débouchant sur l’entrée du couvent.
    De loin, nous apercevons la porte. Elle est tenue comme celle d’une place forte.
    Par trois gardes portant une casaque à croix blanche et tenant une pique à la main.
    Cela est à la fois rassurant et inquiétant. Inquiétant, parce que trois devant, cela veut dire dix de plus de l’autre côté.
    Rassurant, parce qu’un couvent qui se barricade est un couvent qui a quelque chose à cacher. Nous avons donc été guidés à la bonne adresse.
    Quelle approche choisir ?
    Déguisée ou déclarée, franche ou sournoise ? Nous tirons la chose à pile ou face. Face l’emporte et face, c’est la force. Soit. Un couvent, c’est une prison. Pas une hostellerie. Donc, pas d’issue dérobée, de petite porte. Quand on rentre, on renonce à sortir. On s’y enferme pour y mourir. Il faut se résoudre à venir tout devant, à faire sauter les gonds, à envahir la place le plus violemment et le plus bruyamment possible. Notre charrette n’est pas seulement une cave, c’est aussi une sainte-barbe. Maître de La Hache eut en effet l’heureuse idée, avant de partir, d’y placer sous bâche, à côté des barriques de vin, quelques tonnelets de poudre. Mèches et brûle-feu, nous avons tout ce qu’il faut pour passer coûte que coûte.
    Don Juan de Tolède, Belles-Manières, Auvergne et Pied-de-fer vont devant, à pied, les chevaux ont été attachés non loin. Je suis derrière à bord de la charrette conduite par maître de La Hache.
    Les hommes de tête marchent d’un bon pas, échangent des plaisanteries, ils rient fort. On parle des dames, ou plutôt des femmes… bref, ces passants portant la cape et l’épée n’ont en rien l’air d’assaillants préparant une attaque.
    Ils passent devant l’entrée.
    Don Juan revient sur ses pas et interpelle l’une des sentinelles.
    — Mais je vous connais, dit-il.
    — Moi ? dit l’autre.
    — Oui, vous, bon sang, quel est votre nom déjà ?
    Mais avant que le garde puisse se présenter, les truands ont déjà frappé ici et là, par trois fois. Les miséricordes ressortent sanglantes et les vigiles

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