Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
Vom Netzwerk:
vous demande d’où il vient, répondez avec amusement de la part de Son Éminence , cela fera rire tout le monde et l’on vous dira bienvenue en vous tapant sur l’épaule, pour peu, il n’est pas impossible que l’on vous convieà vous rincer les lèvres. Bon vivant, laissez-vous faire, laissez-vous conduire. Les autres, Belles-Manières , Pied-de-fer et Auvergne seront dissimulés dans ces lourdes barriques que nous allons, hélas, que Dieu nous pardonne, nous empresser de vider. Une fois au cellier, advienne que pourra. Le contenu va révéler sa véritable nature, et sortir l’épée la première. Arrivant par le haut et par le bas, on devrait se retrouver au milieu. Le premier groupe qui trouve la prisonnière se débrouille pour rejoindre le second. Deux entrées différentes, c’est deux possibilités de sorties. Maintenant, à la grâce de Dieu !
    J’avoue être dubitatif.
    — Ne ferions-nous pas mieux, dis-je à mon compagnon Amadéor, de ne pas nous séparer ?
    — Raison ou intuition, il faut choisir, me répond-t-il. L’intuition, c’est une lampe éclairant l’inconnu. Suivez-moi dans les ténèbres, d’Artagnan, vous ne le regretterez pas.
     
    Nous nous partageons les armes.
    Les unes sont enfouies dans des ballots que les grimpeurs emporteront sur leurs dos, les autres sont cachées sous la bâche qui servit jadis à dissimuler Edmond de Villefranche.
    La nuit tombe. Il est temps de nous séparer.
    Reste à espérer que cette prison de pierre et de granit soit bien celle que l’on cherche…
    Ascension. Encore des paris
    Il faut un volontaire pour grimper jusqu’au sommet de la tour.
    Rude montée.
    — Donnez-moi vos dagues, demande don Juan, j’y vais.
    Nous lui tendons nos armes. Muni de cordes, d’un grappin, et de couteaux, Amadéor entreprend l’ascension de la paroi.
    Adossés au mur, la tête levée, nous attendons avec angoisse. Ses couteaux sont plantés entre les pierres, un peu de terre tombe à nos bottes. Mais le grimpeur semble tranquille. Pied par pied, il gagne du terrain. Attente insoutenable. Enfin nous le voyons rejoindre les sommets. Là-haut, il doit encore égorger la sentinelle qui revient sur ses pas. La voie est libre. La corde tombe jusqu’à nous, il n’y a plus qu’à monter, nos paquetages sur le dos. Arrivésau faîte, nous nous répartissons les armes. Il faut éviter les rondes, se confondre avec la muraille, rester à l’affût. Mais où trouver la captive ?
    Nous poussons la porte permettant de rentrer dans la tour, nous apprêtant à descendre l’escalier, menant aux degrés inférieurs. Du bruit, des lumières, des ombres : des gardes montent les marches. C’est le moment de tenter sa chance. Olà, qui vient ? demande-t-on, alors que don Juan de Tolède se porte en avant sans une hésitation. Nous restons à couvert, la main moite.
    Don Juan donne le mot de passe, ce mot arraché par la force.
    — Salus Populi , messieurs, allons, baissez les armes. Comment va la fille ?
    — Toujours muette, dit l’un des gardes. Un vrai mur.
    — Joli mur, dit une autre sentinelle, un mur blanc comme nacre, couvert de vigne vierge.
    — Et elle ne veut rien avaler, dit le premier, ni pain ni vin.
    — C’est qu’on ne sait pas s’y prendre, dit don Juan d’un ton gai. Il faut s’accrocher au lierre et frapper à sa fenêtre. Je vous fais le pari que j’arrive à la nourrir. Qui veut en être ? Je suis prêt à miser une petite fortune, puisqu’on est si bien payé, autant jouer à deniers vaillants.
    — Combien ? demande-t-on soudain alléché.
    — Huit pistoles, propose don Juan.
    — Huit ? Mordieu, c’est une somme ! s’exclame l’un des gardes. Eh bien, soit, c’est tenu, nous en sommes, et comme nous sommes quatre, cela fait deux pistoles par tête, de notre côté, de quoi garder la face en cas de défaite, mais n’y compte pas trop.
     
    Ouf. Les gardes rebroussent chemin, emmenant Amadéor avec eux, tandis qu’Edmond de Villefranche et moi-même suivons derrière, le plus discrètement possible, prêts à intervenir. En vérité, la chambre de captivité n’est pas si loin, quelques pas suffisent.

Dans la cellule
    « Sire, dit d’Artagnan, comme vous le comprenez, je ne puis rentrer dans cette cellule. Je reste en retrait, aux côtés du gentilhomme. Il va bientôt falloir intervenir.
    Nous longeons la colonne soutenant les marches de l’escalier à vis. Deux autres sont devant la geôle. On s’explique, la porte s’ouvre.

Weitere Kostenlose Bücher