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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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retirant, il se répétait tout heureux son nouveau nom, pour se le mettre en bouche.
     
    Molière… Molière… Molière… Il est vrai que cela est bien trouvé. »

Chapitre quatre
    La bonne compagnie n’est pas toujours
la plus honnête
    Don Juan de Tolède, batailleur infatigable, joueur invétéré, séducteur impénitent
    — En effet, ce nom ne s’oublie pas, dit le roi. Vous m’avez rendu ce comédien bien vivant et vous m’avez fait l’aimer. Avez-vous entendu parler de lui, depuis ?
    — Hélas, non, il dut quitter Paris pour la province, nous y viendrons plus tard…
    — C’est fâcheux. Pourvu qu’il reste dans notre royaume et que son nom revienne à mes oreilles, je serais content de le rencontrer.
    — Et moi, je suis heureux de vous l’avoir présenté, mais nous le retrouverons bientôt, et vous pourrez mieux faire connaissance. Pour l’heure, nous avons à nos côtés un singulier cavalier.
    — Oh oui, celui-là aussi me plaît fort. Que d’audace dans ses discours !
    — Il ne va pas manquer de vous surprendre… Son jeu est varié, et la blancheur de son habit ne montre qu’un côté de sa personne. Bientôt nous apercevrons la doublure de ce vêtement et la tête de ces secrets qu’il garde sous cape.
    — Vous m’intriguez.
    — Eh, aucun homme n’est fait tout d’une pièce. Celui-là encore moins qu’un autre. Mais suivons-le. Il est évident qu’il s’agit de ce cavalier dont Bastoche m’a parlé la veille. Je tiens à en apprendre davantage sur son compte, en tirant de lui cequ’il voudra bien me dire. L’assistance que je lui portai servait aussi ce but. Je reste à pied, les autres sont à cheval. Nous allons vers un estaminet nous asseoir pour mieux causer, et peut-être se mettre quelque chose sous la dent. Nos hommes étant ruinés, j’ai proposé de les inviter à ma table. D’ici là, dans les rues ensoleillées de Paris, nous faisons les présentations.
    — Ah, monsieur d’Artagnan, je compte sur vous pour me rapporter toute la conversation !
    — Majesté, je ne demande pas mieux.
     
    « C’est l’aventurier qui ouvre l’échange, en me questionnant :
    — Eh bien, monsieur, qui dois-je remercier ?
    — D’Artagnan.
    — D’Artagnan… beau nom, complimente le cavalier.
    — Et vous ?
    — J’aime à me faire appeler don Juan de Tolède.
    — Espagnol ?
    — Romanesque. Cet intitulé fera un beau titre sur ma pierre tombale : Ci-gît le déshérité don Juan de Tolède, baron de l’estoc, marquis de la jarretière.
    — Vous songez déjà à votre grand départ ?
    — Tout est dans la fin. Je soignerai ma révérence. Une diseuse d’horoscope me l’a prédit : j’achèverai mes jours dans la fleur de l’âge.
    — Les cartes ou les femmes peuvent mentir, s’exclame son compagnon, avec un accent étranger.
    — Voici Fortunio, dit le don Juan en me désignant son complice.
    — Fortunio… dis-je, un prête-nom porte-bonheur ?
    — Le sobriquet d’un enfant trouvé, recueilli dans le ruisseau de Florence par un vieux saltimbanque, me répond-t-il. Ce père de substitution fit mon éducation…
    Le don Juan s’empresse d’ajouter
    — … Et lui enseigna l’art de la rime.
    — Je ne suis qu’un humble parolier, rectifie le jeune homme. Un faiseur de chansons.
    — Un bon refrain vaut mieux qu’un mauvais livre, dit le don Juan. Le premier ne lasse jamais. Il passe sur toutes les lèvres et traverse le temps sans vieillir.
    — Votre portrait craché ! s’exclame son compagnon.
    L’aventurier doit cependant préciser :
    — Gare ! Pour les lèvres, je les aime roses, jeunes et charnues, du reste, à la différence du refrain, je varie les gammes et ne reviens jamais.
    — Vous mentez, mon maître.
    — Ah ! Voilà qu’il m’appelle mon maître, ce drôle aura quelque faveur à me demander. Quoi, je mens ?
    — Eh bien, ce retour au pays, qu’en faites-vous ?
    — La situation l’exige. Et depuis, tout a changé, je suis un autre homme.
    Je questionne.
    — Ainsi, vous êtes bien français ?
    — Quelquefois, oui, répond l’intéressé. Aujourd’hui, je me sens tout à fait parisien.
    — Sans doute parce que Paris sourit au temps de la reverdie, dit Fortunio.
    — Peut-être, répond le don Juan, mais nous parlions de toi. Ce jeune homme ne veut pas me voir mourir de sitôt, pour la bonne et simple raison que je suis son gagne-pain.
    — À lui les conquêtes et la renommée, à moi…
    — … Le récit. Fortunio n’est pas

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