Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
Vom Netzwerk:
Assassin ! Fripon ! Voleur ! Belître ! Vous avez dérobé ma bourse ! Ma cassette ! Nos bijoux ! Au guet ! Au guet ! La police du roi ! Faites arrêter cet homme !
    Les comédiens doivent renoncer. Le bruit est trop fort. Ils descendent de l’estrade quand la foule fait volte-face.
    Les cavaliers de la garde, chargés d’ouvrir la route, sont prêts à baisser les bras. Tous leurs efforts ont été anéantis. Les gens arrivent par paquets pour s’engouffrer dans les brèches qu’ils ontcreusées. On vient plus nombreux. D’ici et d’ailleurs. On entoure la voiture, on fait cercle.
    Alarmée par tant de déplacements et de fureur, la maréchaussée passant là répond à l’appel. On voit des piques remonter la place pour s’approcher de la querelle. Devant l’autorité légitime, on s’écarte plus aisément, avec respect.
    Le chevalier du guet demande explication, au nom de la loi, au nom du roi.
    Le propriétaire de la voiture est sorti de sa cabine. Son escorte a fini par le rejoindre, elle entoure le suspect et son complice pour les empêcher de fuir.
    Je suis aux premières loges. Encore une fois, je peux tout voir, tout entendre.
    — Voyez cet homme, lance l’accusateur en désignant le cavalier du bout de sa canne, c’est un voleur de grands chemins ! À quatre lieues d’ici, lui et son commensal nous ont tendu une embuscade pour nous piller nos biens !
    Le cavalier ne sourcille pas.
    Toute cette force qui l’entoure, civile ou privée, ne l’effraie point. On attend sa réponse. On lui laisse la parole. Il va s’en servir brillamment.
    — Comment ? Vous voulez dire qu’à deux seulement, nous aurions réussi ce tour de force d’arrêter le galop de vos chevaux, de mettre vos mercenaires hors de combat – trois hommes, si je ne m’abuse –, avant de vous dérober votre dot ? C’est flatteur.
    Puis, prenant la foule à témoin, il conclut :
    — Allons, pour un tel prodige, ce ne sont pas les chaînes que nous méritons, mais une ovation !
    La foule se met à rire. On garde la note. L’entracte vaut la pièce.
    Profitant de cette faveur qu’on lui accorde si chaleureusement, le cavalier désigne la troupe des acteurs venue se mêler aux spectateurs.
    — Pardon à tous ces beaux comédiens, en revendiquant cette prouesse, je poursuis mes forfaits, prenant dans la foulée ces applaudissements qui vous reviennent.
    Tous, en effet, se mettent à battre des mains. Des bravos s’envolent avec des chapeaux. Le passager du carrosse est humilié. Son épouse a bien fait de rester cachée aux regards, dans l’ombre de la cabine.
    Le guet ne sait que faire. Faut-il se laisser aller à rire avec les autres, ou montrer visage de bois, afin d’affirmer l’impartialité de sa position ?
    Le chevalier de cette milice se tourne vers l’offensé.
    — Expliquez-vous, monsieur, nous voulons des faits.
    Celui-ci va plaider.
    — La vérité n’est pas dans le camp des rieurs ! Ce mauvais plaisant se moque pour mieux se disculper ! Un masque de comédien ne suffit pas à tromper l’œil de la justice ! S’il vint m’agresser le visage couvert, il ne prit pas la peine de changer son déguisement quand il se représenta à l’instant, plein d’impudence, par pure provocation ! Je l’ai mieux reconnu encore à sa mise qu’à ses traits !
    La maréchaussée se tourne vers le cavalier.
    — Monsieur, qu’avez-vous à dire pour votre décharge ?
    — Oh, je ne suis guère étonné que ce monsieur, cédant aux préjugés de son âge, mesure la qualité d’un homme à la couleur de son habit.
    Une nouvelle salve d’applaudissements salue la répartie.
    — Cependant, continue le cavalier, je suis bien assuré que ces messieurs de la Force montreront plus de prudence.
    — Au vrai, monsieur, dit le chevalier du guet, il nous faut des preuves.
    — Fouillez-le ! s’exclame le passager du carrosse. Vous verrez qu’il porte sur lui ou dans l’une de ses sacoches ce récent butin que je pourrais vous détailler pièce à pièce. Rira bien qui rira le dernier !
    — Mais soit, dit le cavalier. Je ne m’y oppose pas.
    Les agents du guet s’exécutent. On ne trouve rien. On fouille également le second, le jeune homme aux cheveux noirs, mais là encore, chou blanc. Ces deux-là n’ont ni poudre ni plomb.
    Le passager de la voiture n’y tient plus.
    — Ce maraud l’aura caché dans l’une de ses retraites ! Faites-le parler ! Soumettez-le à la question !
    — Tout beau, monsieur

Weitere Kostenlose Bücher