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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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monde de lumière, le salut de l’âme par le rachat des fautes, et qu’il ait voulu se libérer de la haine qui pouvait l’enchaîner à son bourreau. Cela, nul ne le saura jamais.
    Toujours est-il que j’avais appris à comprendre Lanteaume par les rapports qu’Amadéor me fit de lui et les actions qu’il pouvait mener.
    Cet homme resta toujours fidèle à des principes établis – il avait son code d’honneur – ainsi qu’à ses affections profondes. Lanteaume était un homme complexe, mais un cœur simple.
    Où pouvait-il donc cacher ce précieux document, sa sauvegarde, dans quel lieu, entre quelles mains ? Une seule personne ne l’avait jamais jugé. Qu’il fasse le bien, qu’il fasse le mal, celle-ci ne le condamnait pas, pour elle, il restait toujours le compagnon des premières années, l’ami de toujours, celui pour lequel il ne fallait jamais oublier de prier… espérant chrétiennement qu’il se repentirait peut-être, qu’il reviendrait dans le droit chemin, plus secrètement, qu’il continuerait d’échapper à ses poursuivants, qu’il resterait protégé au combat par tous ses alliés célestes.
    Cette personne, c’était bien sûr la cousine Louise, la mère prieure.
    Oui, Lanteaume n’était pas compliqué.
    Lui qui changeait souvent de gîte, de camp, devait désirer plus que tout autre un toit le protégeant, un lieu d’asile où dormir en paix, un foyer où la famille serait toujours réunie. Au fond, n’ayant qu’une véritable amie, il n’avait qu’une cachette, et cette cachette était un couvent.
    C’est là-bas que j’envoyai Edmond de Villefranche, et c’est là-bas, rangé sous clef, parmi le peu de bien appartenant à feue la mère prieure, que le gentilhomme trouva ce que nous cherchions tous.

Chapitre dix

Repose en paix

Le cavalier noir
    « Amadéor et moi-même saluons Son Éminence.
    Le carrosse s’en va. Deux chevaux ont été laissés à notre disposition.
    — Chevalier, c’est ici que nos routes se séparent, me dit don Juan de Tolède en montant à cheval.
    — J’ai eu grand plaisir à vous connaître et à…, dis-je, mais soudain un bruit m’alerte, je tire l’épée, l’aventurier fait de même.
    — Qui va là ? Montrez-vous !
    Un cavalier sort de l’ombre.
    Cette ombre dans laquelle il respirait sans bruit en attendant mon départ, de manière à se retrouver seul face à son adversaire. Mais le cheval a tapé du pied, dénonçant son maître.
    Et le maître s’avance. C’est un cavalier noir, menant un frison de la plus belle robe d’une main souple et ferme. Ce cavalier portant chapeau à longue plume de paon, le cordon de la cape attaché bas sous l’épaule, ce spadassin à la barbe taillée, un anneau d’or à l’oreille, c’est notre oiseau de malheur, ce bretteur sur gages sorti de sa cellule de la Bastille, faute de charges pouvant l’incriminer.
    Oui, Sire, il fallait bien le retrouver, lui aussi.
    Il aurait souhaité attendre mon départ pour se faire reconnaître mais je suis là, il faudra faire avec. »
    Simple témoin
    Le roi pâlit. Lui !
    Cet agent des ténèbres… ce trompeur personnage, cette ombre dissimulée… venant quand on ne l’attendait plus, alors que tout semblait achevé…
    « Au demeurant, Majesté, dit d’Artagnan, l’homme ne cache plus son nom ni ses desseins. Pour commencer, il félicite don Juan de Tolède pour son intervention éclatante sur l’échafaud de la Bastille.
    Il s’apprêtait en vérité à quitter Paris, las d’attendre son heure, désolé au fond de lui-même de n’avoir pu accomplir ce travail pour lequel il avait été payé, par avance, en totalité. Le matin même, au sortir de son nouveau gîte, il avait entendu la nouvelle ; on avait dressé un échafaud place de Grève, on allait trancher la tête d’un brigand qui devait avoir quelques nobles origines. Notre homme ignorait alors le nom du prisonnier, ceux qu’il avait interrogés manquaient d’informations. Ma foi, se dit Fabien Delorme – car ce nom est bien le sien –, autant quitter la Ville sur une bonne impression, faute de pouvoir partir la conscience tranquille .
    Quelle ne fut pas sa surprise en reconnaissant le visage du prisonnier !
    Fabien Delorme écouta le sermon comme chacun, en se disant que l’estrade d’un échafaud valait bien la chaire d’une église, le réquisitoire d’un condamné, l’homélie d’un curé.
    Quand la violence succéda à l’exorde, l’action à la parole, il ne

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