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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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argent ira mieux dans sa poche que dans celle d’un autre, le premier qui les trouvera gisant sur le pavé.
     
    Chacun va partir de son côté. Don Juan se dit qu’il n’a pas volé son cadeau de gratification, qu’il peut aller le réclamer sans honte, et que tout bien considéré, deux morts valent bien une dame.
    Quant à moi, je veux retrouver Bastoche, mon informateur secret. Je dois inventer un prétexte, une raison de ne pas rentrer au gîte tout de go. Edmond de Villefranche se laisse aisément convaincre, nous nous disons à demain.
    Mais j’ai beau chercher Bastoche en tous coins, celui-ci a disparu.
    A-t-il couru avertir le guet pour qu’il nous prête renfort ? Je l’ignore.
    Les explications vont arriver, quelques instants plus tard.
    Après cette journée bien remplie, je vais enfin goûter un repos mérité, quand une poignée de cailloux lancés à ma fenêtre me tire du lit. C’est Bastoche, il est en bas. Je descends.
    — Eh bien, où étais-tu ?
    — J’ai devancé vos ordres.
    — M’en diras-tu davantage avant que je te félicite en connaissance de cause ?
    — Vous n’étiez pas seuls.
    — Où donc ? Sur la place ?
    — Oui. Et je ne parle pas de ces traîneurs d’épées que vous avez mis en pièces.
    — Tu es donc resté jusqu’à la fin ?
    — Je n’ai rien raté, comme cet autre observateur qui se tenait à couvert dans la rue d’en face.
    — Bastoche, tu as gagné un autre doublon, le voici, et maintenant des précisions.
    — Je l’avais remarqué devant le théâtre de l’hôtel de Bourgogne.
    — Ah…
    — Mais il n’est pas rentré. Il a dû attendre la fin des représentations pour se remettre en marche…
    — Mais que faisait-il aux abords de la place ?
    — Rien, il regardait, c’est tout.
    — Mais qui regardait-il ?
    — Trois vaillants hommes croisant le fer contre cinq malandrins… Peut-être observait-il plus particulièrement le don Juan, mais ce n’est qu’une supposition. Faut dire que l’aventurier forçait l’admiration, dit Bastoche en s’apprêtant à mimer les actions du bretteur : … Là, d’un coup de pointe et il traversait un œil, ici, d’un tour de poignet et il tranchait de taille, en plein cœur, tel saint Michel archange !
    — Ce témoin… saurais-tu me le décrire ?
    — Je peux même vous dire où il réside. Je l’ai suivi, me doutant que vous sauriez applaudir l’initiative.
    — Et des deux mains encore. Tu as donc son adresse en tête et sa physionomie devant les yeux ?
    — Voici l’adresse : rue du Puits. Notre rôdeur, qui semble pourtant attifé avec soin, niche dans une auberge suspecte : La Belle Jeanne . Le maître hôtelier, monsieur Renard, tire le diable par la queue. L’hiver dernier un client s’est pendu sous son toit, et les rumeurs vont bon train. Depuis, les chambres sont vides. On n’y veut plus dormir… juste dîner et souper, car la table est excellente. Notre suspect, cet esprit fort – dont le peu de superstition, voire de religion, doit réjouir l’amphitryon – ne sera pas dérangé : il a tout l’étage pour lui seul. Quant à l’aspect du drôle, je vous livre la description d’une silhouette, n’ayant pas eu l’occasion de l’approcher de trop près, de lui voir le blanc des yeux :une trentaine d’années, peut-être un peu plus, cheveux, habits, chapeau, bottes et plumes noirs… Une longue plume de corbeau.
    — Diable, on dirait mon homme…
    — Votre homme ?
    — Un visiteur qui m’est tombé sur le nez, aux douze coups de midi. C’est bien, Bastoche, j’irai vérifier prochainement, puisque nous savons où il loge. Va dormir. Demain, l’enquête se poursuit, j’aurai besoin de toi. Il me faut l’adresse de l’Italienne Desdémone…
    — Rue Saint-Sauveur, vous ne pouvez pas vous tromper, c’est le plus bel hôtel de toute l’avenue.
    — Merci, Bastoche, je comptais bien sur toi, dis-je en lui lançant une nouvelle pièce, pour me donner ce dernier renseignement de première importance. Nous nous y retrouverons dans la matinée. »
    Fin d’un chapitre, histoire à suivre…
    — Sire, cette journée qui vient de s’écouler, dit d’Artagnan en se levant, fut également bien remplie, pour nous aussi, il est temps de nous dire à demain.
    — Eh bien, chevalier, grâce à vous, la journée a passé comme un rêve.
    — Tant mieux, Sire. Vous avez matière, je crois, à ce que le songe se prolonge jusqu’à l’aube.
    — Alors, vous viendrez me retrouver et

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