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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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épouse.

Hercule de Maisonneuve
    On échange des politesses toutes formelles et le vieux mari finit par laisser la place.
    Edmond de Villefranche est seul.
    Monsieur de Mazarin en vient aux faits.
    — Monsieur, dit-il, je vous écoute… mais avant de vous entendre, je tenais à vous féliciter.
    — Votre Éminence…
    — On m’a rapporté le succès de votre page. Que ne le faites-vous entrer… !
    — Je n’osais…
    — Osez, osez. Oser c’est vivre et la vie doit être vécue pleinement, ici et maintenant. N’attendons pas qu’il soit trop tard pour le comprendre.
    Hercule fait son entrée et sa révérence.
    — Ah, s’exclame Son Éminence, voici le héros de Paris. Je n’ignore rien en vérité de votre double intervention. Arrivé tambour battant, vous défendez tour à tour l’Italie, puis l’Espagne et la France. D’abord, au nom de la tolérance, ensuite pour l’honneur, et enfin par amour pour le génie de votre race. Voilà ce qui s’appelle faire une entrée remarquée, pour ne pas dire remarquable… Oui, j’ai de bons informateurs, dans la rue comme aux théâtres. Je ne suis ni Dieu ni Diable, mais j’aime avoir un œil aux champs et l’autre à la Ville. Je regrette d’avoir manqué votre performance en l’hôtel de Bourgogne. Mais peut-être rejouerez-vous ?
    — Je crains que non, Votre Éminence, répond Edmond à la place de son page.
    — Et pourquoi donc ?
    — Hercule ne s’est porté volontaire que pour un soir… Afin de remplacer un malade, mais le malade va se remettre sur pied.Je doute, en effet, en dépit de son succès, que la troupe de monsieur Bellerose consente à l’adopter tout de bon. De plus, si j’applaudis ce beau coup d’essai, j’émets mes propres réserves quant à laisser Hercule s’investir trop avant dans une profession qu’il ne pourrait servir à la légère. Sa mère, en me le confiant, a émis des vœux clairs et précis : elle souhaite voir Hercule – et je crois pouvoir dire que cette prière répond à l’ambition de son fils – rentrer un jour dans la compagnie des mousquetaires.
    — Quel est votre nom, jeune homme ?
    — Hercule de Maisonneuve.
    — Maisonneuve… seriez-vous un proche parent de ce malheureux soldat qui périt voilà seize ans sur l’échafaud, sous le ministère de mon prédécesseur ?
    — Cet homme était mon grand-père.
    — Un batailleur victime de sa trop grande passion pour les duels. J’espère que vous n’avez pas hérité de ce penchant, monsieur le Cid , votre fougue – si éclatante – pourrait vous y conduire.
    — Dieu m’en garde.
    — Et votre père, le connaît-on ?
    — Il est mort avant ma naissance. Et j’ai voulu reprendre le nom de ma mère.
    — Triste histoire. Mais j’aime les hommes qui se font seuls, sans vouloir vous offenser, monsieur de Villefranche. D’ailleurs, ces sentiments pour votre page que je lis dans vos yeux, de l’affection, de la fierté, me font fort bonne impression.
    — Votre Éminence, dit Edmond avec émotion, je connais Hercule depuis bientôt dix ans. Je ne remplacerai jamais son père, mais je le considère comme mon fils.
    — Le théâtre et les armes… la gloire, quoi qu’il en soit. Pour ce qui est de monsieur Bellerose, je crains que vous n’ayez raison, monsieur de Villefranche. Les corporations et les guildes, quelles qu’elles soient, n’aiment guère ces prodiges qui brûlent les étapes. Les maîtres y sont jaloux de leurs succès. Vous recommander là-bas et forcer un peu votre introduction ne vous rendrait pas service. Ce parrainage, pourtant mérité, se retournerait contre vous, vous créant des ennemis là où vous devriez trouver une nouvelle famille.
    Pour ce qui est des mousquetaires… Ah, c’est autre chose. Mais ces mousquetaires coûtent fort cher à l’État, c’est une ruche defrondeurs ! Là encore, vigilance ! Celui qui rentre par la grande porte, sans cicatrice, en gants blancs, n’y fera pas long feu. On lui tournera le dos, on l’entraînera dans un piège, on le chassera dehors, mort ou vif… Mon conseil : continuez d’attirer l’attention, de faire parler de vous, il faut que votre réputation vous précède… et alors, aussitôt des leurs, vous aurez cent hommes, les plus valeureux qui soient, qui se jetteront devant vous, en plein tonnerre, pour prendre une balle ou un boulet à votre place. Mais attention, je ne vous invite pas à risquer votre vie n’importe comment. Je vais réfléchir aux moyens de

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