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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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zélés, des espions, des agents, de gens de basse besogne. Mais dans son intérieur, il est sec, cassant et impatient. Il renvoya de chez lui, voici quelques semaines, l’un de ses plus vieux valets. Humilié, cet homme vint me trouver. Il cherchait asile et vengeance. Je lui offris ma protection, celle de mon épée. Vivant modestement moi-même, je ne pouvais lui offrir davantage. Retrouvez votre fortune , me dit-il, et vous me récompenserez plus tard. Ce serviteur m’indiqua l’entrée d’un passage secret qui me permit de gagner l’intérieur du château sans être vu. Le souterrain me fit même aboutir directement dans le bureau de mon oncle.
    Je vins plusieurs fois.
    J’espérais trouver des indices, des documents qui l’auraient compromis. Mais l’homme cachait bien son jeu. Tous ses tiroirs, tous ses coffres étaient fermés à clef. Je ne pouvais en forcer les serrures sans éveiller les soupçons. Il aurait accusé, torturé et mis à mort l’un de ses domestiques. Je cherchai les clefs… Rien. J’espérais qu’il laisserait par mégarde traîner quelque chose, qu’à force de visites, je finirais par obtenir un sésame. Mon obstination fut un jour récompensée. Cette affaire privée qui m’amenait m’en fit découvrir une autre, de plus large envergure. J’étais dans le cabinet. J’entendis des pas. Mon oncle arrivait, suivi d’un de ses sbires, un complice de longue date, son confident et son exécuteur, le sinistre Fargis . N’ayant plus le temps de fuir, je me cachai dans la pièce. Je fus bien placé pour surprendre une conversation qui éveilla toute ma curiosité.
    — Eh bien, Fargis, dit mon oncle, je crois que nous allons bientôt doubler nos gains, et asseoir durablement nos positions. Dans les plus hautes sphères. Après la fortune, nous aurons les honneurs. Ces messieurs les Grands ont besoin de s’attacher la loyauté d’un homme de confiance, d’un ambassadeur. J’ai bien pesé les risques.J’ai même songé à dénoncer leur entreprise, à tirer ma récompense de l’autre bord. Mais il faut choisir son parti. Ces messieurs les Grands sont riches, puissants, nombreux et pour ainsi dire indélogeables. Leur adversaire est presque seul, tous le haïssent, ses caisses pourraient bientôt grossir, mais pour l’heure c’est encore un mauvais payeur, et enfin il ne tient debout que par la faveur de la régente. C’est une branche pourrie. J’ai donc donné mon accord à ces cabaleurs, je serai leur homme, et nous allons faire sauter le cardinal.
    Fargis semblait mal à l’aise…
    — Encore un complot ? Ce doit être le vingtième au bas mot que ces intrigants mettent sur pied, et pas un n’a réussi. Tout ce qu’on gagne dans ces aventures, c’est une chambre à la Bastille ou un billet pour l’échafaud.
    — Tout cela est de l’histoire ancienne, lui répondit mon oncle, c’était au temps du Richelieu. Après avoir essuyé les plâtres, nos hommes sont désormais rodés. Du reste, il ne s’agit plus de terrasser un sphinx, mais d’embrocher un rat. La victoire nous est acquise.
    Fargis ne trouva rien à y redire. De toutes les manières, il suivra mon oncle, comme un chien son maître.”
    — Monsieur de Villefranche, voilà un rapport fort intéressant.
    — Ce n’est pas fini. Mon oncle a montré à Fargis une lettre que la Cabale lui avait fait parvenir. Elle contenait ses instructions. Tout est là, désormais , dit-il en montrant sa tête, faisant office de coffre-fort… Avant de jeter le papier au feu. Les deux hommes s’en allèrent en laissant derrière eux la lettre se consumer dans les flammes.
    Lanteaume apparaît dans les cendres
    — Dès que la porte se fut refermée, je me précipitai vers la cheminée pour retirer ce qui n’avait pas brûlé encore. Hélas, je ne pus sauver qu’un dernier morceau de parchemin. Le voici. L’écriture est partout illisible, sauf à cet endroit où l’on voit apparaître un nom… Celui d’un certain Lanteaume.
    — Un brigand ! dit le cardinal… Monsieur de Villefranche, jouons franc jeu. Êtes-vous bien résolu à me servir ? Par fidélité de principe plus que par désir de vengeance ?
    — Votre Éminence, répond le gentilhomme, je ne vois qu’une chose, c’est que de traîtres gens veulent mettre la France sous la férule de l’Espagne !
    Edmond de Villefranche osa alors parler avec force et audace, en rajoutant ces mots :
    — Tout italien que vous êtes, monsieur le cardinal, en

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