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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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cette araignée humaine, cet ouvrier du démon, ce spectre et ce soldat du crime se donnant la main, tout cela me laisse présager le pire. Votre rôdeur inconnu, ce bretteur sur gages me fait un effet particulier. Je le vois comme un agent fatal, l’instrument froid et cruel de la destinée… Il me fait penser à ce grand fou qu’était Ravaillac, le meurtrier de mon aïeul. Oui, cet homme prépare quelque chose, mais quoi et contre qui ? De grâce, chevalier, je vous prie de ne pas me faire souffrir plus longtemps et de me dire ce que vous savez.
    — Sauf votre respect, Majesté, vous êtes en avance sur votre âge, mais ne précipitons pas les choses. Vous m’en tiendriez grief par la suite. Et je ne veux pas vous satisfaire un court instant, pour vous déplaire ensuite. Comme le dit notre don Juan, tout est dans la fin ! Quand notre récit sera achevé, vous verrez tout prendre sens, et comme chaque étape fut bien à sa place. Qui veut aller trop vite se repent au bout du chemin, et ne songe qu’à une chose : revenir en arrière. Mais alors, il est trop tard. La pièce est jouée.
    — Entendu, vous m’avez convaincu.
    — Le meilleur moyen de vous tenir en haleine, c’est encore de poursuivre notre marche, où tant d’autres surprises nous attendent.
    — Sont-elles bonnes ?
    — Certaines oui, d’autres non. C’est ce qui fait toute la force de l’histoire. Mais ne restons pas plus longtemps à l’arrêt et courons retrouver monsieur votre parrain, Son Éminence le cardinal de Mazarin, au pied de la statue de votre illustre grand-père, Henri le Quatrième.

Donne et tu recevras
    « Minuit vient de sonner. Je ne vois personne, pourtant, de près ou de loin, qui puisse ressembler à mon vénérable employeur. Un vieux mendiant portant des lunettes et une barbe blanche, vêtu d’un long manteau troué, vient me demander l’aumône. Je lui donne une pièce sans hésiter, sachant que cet argent que je possède vient de la couronne, et que la couronne pratique la charité. En retour de quoi, le mendiant me demande de tendre la main. Va-t-il me dire la bonne aventure ? Non pas. Je reçois à mon tour, fort surpris – on le serait à moins – un lourd présent. Une bourse pleine. C’est à n’y rien comprendre.
    Le mendiant s’explique :
    — Qui donne reçoit au centuple, dit l’Évangile .
    C’est alors que je reconnais au timbre de sa voix le cardinal de Mazarin, qui ôte ses lunettes et me regarde avec un sourire dans les yeux, avant d’ajouter :
    — Vous êtes bon chrétien, chevalier, mais gardez-vous des imposteurs. De grands hypocrites financent leurs intrigues en recevant de généreux mécènes ces dons destinés à leurs bonnes œuvres.
    — Je vois, dis-je , comme le dicton nous l’apprend, l’habit ne fait pas le moine.
    — C’est cela même, répond le cardinal. Mais je vous en dirai davantage, dès que notre homme sera arrivé. Il ne devrait plus tarder. J’ai toute confiance en cet agent et pour lui, je n’ai guère de secret. Cependant, pas un mot, chevalier, sur ce que vous savez… Cet homme sera désormais votre alter ego . Je l’ai tenu informé, aujourd’hui même, de l’évolution de votre enquête. Je n’ai évidemment rien dit sur ce passé qui nous unit, Desdémone et moi, mais je lui ai parlé de ce poison qui la tuera bientôt, du moins, s’il en est bien ainsi. Enfin, cet homme sait également que vous avez démasqué un autre espion qui parvint à prendre la fuitepour alerter ses employeurs. Mais n’en disons pas davantage, voici venir celui que l’on attend…
     
    En effet, un cavalier s’approche au loin. D’un bond, il descend de cheval, attache d’un tour de main ce destrier à une rambarde, fait voler sa cape – une cape lie-de-vin assortie au reste de son habit d’un rouge plus triomphant –, enlève un gant de cuir brun de sa main, pose l’autre au pommeau de l’épée, et vient me saluer en se faisant reconnaître. Cet homme à l’allure à la fois martiale et désabusée, ce cavalier aux longs cheveux châtains, à la moustache fine, qui marche avec un air de défi et de provocation au fond des yeux, cette grande figure dépassant d’une bonne tête le commun des hommes, ce batailleur insaisissable en costume écarlate, tel un bourreau dans son uniforme, mais un bourreau des cœurs, c’est bien évidemment notre don Juan de Tolède. »
    Amadéor et Amadieu se serrent la main
    — Lui ? s’exclame le jeune roi, tout à la fois

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