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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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faisant pas crédit, mais pouvant à l’occasion, pour certaines gens d’un entourage familier, faire office de boîte à lettres. On peut donc supposer que la jeune séditieuse cache son émotion derrière un ton d’autorité qui ne demanderait qu’à s’adoucir avec le temps et le soutien de quelques missives parfumées.
    — Diable, dit don Juan, j’ai donc un concurrent ! Il faut agir vite avant que ce rival, que je pourrais toutefois mettre au bout de mon épée et remplacer au pied levé, ne me prenne de vitesse. Quoi qu’il en soit, l’information est de première importance. Nous avons un poste d’observation, un relais où faire passer nos propres mots, nos compliments amoureux. Cette révélation sera mise à profit, dès ce soir, j’y tiens ! Quant à la possibilité de rejoindre la compagnie de Lanteaume, c’est chose jouable, j’ai déjà eu, à peine arrivé, de la part de ce brigand, une offre de ralliement.
    — Je me suis laissé conter l’histoire par d’Artagnan, en effet, dit le cardinal. Puis après un court silence, Son Éminence replace ses lunettes postiches sur son nez et s’apprête à nous quitter sur ces mots :
    — Eh bien, messieurs, si tout est convenu entre nous, il ne me reste plus qu’à vous dire bonne nuit et bonne chance ! Que Dieu vous garde !
    Amadéor a de la suite dans les idées
    Ainsi donc, poursuit d’Artagnan, je reprends ma route au côté d’Amadéor, de don Juan de Tolède. Quel étrange personnage ! Il est peut-être l’agent privilégié de Mazarin, il n’en reste pas moins un aventurier libre de ses mouvements, une tête brûlée éprise d’initiative. Il a des ordres, des consignes, mais pour le reste, il agit à sa guise. Aucune autorité, si haute soit-elle, ne l’empêchera d’aller chercher l’argent où bon lui semble, de jouer sa vie à la roulette.Si le cardinal vient de lui demander de renoncer à la conquête de Desdémone, notre homme qui fit mine d’acquiescer ne perd pas de vue cet objectif prioritaire.
    — J’en fais une affaire personnelle, me dit-il. Je fus enchanté que Son Éminence Giulio Mazarini me commandât ce travail. D’ailleurs, tout est en place. Je n’ai plus qu’à me présenter chez elle, nous avons rendez-vous ! Pour un dîner aux chandelles …
    — Vraiment ? dis-je .
    — Comme je vous le dis.
    — Mais comment avez-vous fait ?
    — Ah, mon ami, c’est toute une histoire, et j’ai bien failli y laisser ma peau.
    Prenez ce qui vient…
    L’aventurier s’explique :
    « Il est décidément vrai qu’approcher cette femme d’un peu trop près, c’est jouer avec le feu. En l’occurrence, cependant, elle ne fut point directement responsable du péril que j’encourus. Tout a commencé dans la matinée. Vous étiez alors en audience chez monsieur le cardinal… votre présence là-bas, vos paroles, la suite de votre enquête, votre excursion chez la belle Desdémone, les confidences surprises, l’espion démasqué, tout cela me fut rapporté mot à mot par Son Éminence dans un courrier écrit sur le vif et diligenté de son cabinet à mon poste de repli cet après-midi même. Bref, vous étiez en audience, je demeurai à l ’Auberge du Petit Parisien . Je venais de quitter le lit de cette chère Adélaïde. Là-dessus, un scandale éclate à la porte de l’hostellerie. Comme tous les curieux aux environs, je tiens à savoir pourquoi l’on s’alarme. L’affaire n’a rien d’extraordinaire. Un voyageur portant les armes venait de quitter la selle de son cheval et s’apprêtait à faire porter ses bagages. Il souhaitait prendre une chambre dans l’hôtel pour quelques jours. Mais avant même de passer l’enseigne et de sonner l’aubergiste, un voleur à la sauvette courut lui dérober sa bourse que l’imprudent avait laissée pendante près de ses sacoches… L’homme essaya de rattraper le fuyard, peine perdue. Ce tire-laine était parti avec toute la fortune de notre malheureux cavalier, réduit à la mendicité.
    — Allons, monsieur, lui dis-je, remettez-vous, ne vous laissez pas abattre, ce qui est parti n’est plus à vous, mais prenez ce qui vient et remettez tout en jeu.
    Je lui tends quelques pièces et je l’entraîne à ma suite à passer la porte d’un bouchon où l’on bat les cartes du destin, où roulent les dés de la chance. L’homme fait si bien qu’il retrouve tous ses fonds de départ et pousse l’heureuse fortune jusqu’à repartir les mains pleines. Nous

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