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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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protégeant la femme outrageusement menacée, j’évite une balle qui siffle dans l’air… Car l’on fait feu de tout bois… avec de la poudre blanche, je le suppose… et je passe à l’action. Nous ferraillons avec brutalité, nul doute pour Desdémone : ces hommes vont s’écharper jusqu’au dernier sang. Mais alors tout bascule… dans la lutte, je vois mon adversaire, non pas Fortunio, mais l’inconnu, se prendre au jeu. Il ne triche plus. Nous nous rapprochons du carrosse. La chance me sourit, je désarme le drôle. Mais alors, au lieu de fuir, il sort une dague et prend l’Italienne en otage .
    — Jette ton épée, me dit-il .
    Que faire ? Lui demander des explications, faire tomber le masque et révéler l’imposture ? Je suis prêt à m’y résoudre, quand surgit un cavalier.
    Oui, d’Artagnan !
    Et le cavalier n’écoutant que son courage, bondit de son cheval pour agripper mon complice, ou plutôt mon adversaire. Il l’entraîne à la chute, tous deux roulent à terre. Je reprends mon arme… Trop tard. Notre brigand masqué a gagné la colline. L’autre sauveur est blessé au bras, dans la lutte, il a reçu un mauvais coup. Une plaie ouverte qui mettra quelques jours à se refermer. Ce secours inattendu, je le reconnais : César Ravier, Altus, le conseiller de l’Italienne, son étoile polaire . Que faisait-il là ? Diable, je ne l’avais pas invité, au nom d’Hercule, au nom de Rodrigue, à venir se présenter également au rendez-vous, pour tenir la lumière. Cette question, c’est également celle que pose l’empoisonneuse. Mais l’homme, incapable de rentrer seul, demande à être soigné et raccompagné. Je vous expliquerai plus tard, dit-il à son élève . Plus tard, cela signifie sans doute loin de moi. L’Italienne ne peut refuser de répondre à cette prière. Après tout, cet homme s’est fait blesser pour elle… M’est avis qu’il la suivait, et qu’il est amoureux fou, jaloux à en crever. En voiture, monsieur ! Son cheval est attaché à l’arrière. On fait demi-tour. Après tout, ce n’est pas plus mal. Ne pouvant plus se rendre au point de rencontre, Desdémone ne pourra s’interrogersur l’absence du jeune homme… et supposer ainsi que cette altercation à couteaux tirés ne fut qu’une imposture.
    Avant le départ du carrosse, je viens tout de même auprès de madame me faire reconnaître. Nous échangeons quelques mots, mais sans pouvoir s’épancher, diable, l’importun tend l’oreille. Je parviens néanmoins à obtenir ce que je souhaitais : ce fameux rendez-vous. Il est pour demain soir…
    Voilà, mon ami. Mais si je suis satisfait du résultat (reste à espérer que l’Italienne vive encore pendant un jour et une nuit), j’avoue ne pas apprécier d’avoir ainsi été pris en traître. »
     
    — Je crois, dis-je, avoir une part de l’explication. L’homme vous a-t-il laissé son nom ?
    D’Artagnan y voit clair
    — Charles Lacroix, répond l’aventurier.
    — Celui que j’ai rencontré s’est présenté sous le nom de Fabien Delorme…
    — Les noms, je suis bien placé pour savoir qu’il suffit d’en changer pour être un autre homme.
    — Eh bien, si ce traître est bien celui auquel je pense, vous l’avez échappé belle. En revanche, monsieur César Ravier peut dire son manus .
     
    Je décris le personnage auquel je fais allusion : notre sinistre client de l’antre infernal, le marchand de poison . Je comprends maintenant pourquoi cet assassin de métier que le hasard me fit rencontrer au détour d’un chemin nous observa tous trois, hier au soir, sur cette place sans lumière où nous livrâmes bataille contre ces brigands lancés après monsieur Edmond de Villefranche.
     
    — Ma parole ! Nous nous donnions en spectacle ! s’exclame don Juan de Tolède.
    — Oui. Il y avait cet intrigant d’un côté, et l’un de mes agents de l’autre, ne le quittant pas des yeux.
    — Vous avez donc des troupes, d’Artagnan, cachées dans l’ombre ?
    — Puisque nous sommes désormais associés en cette affaire, je puis vous en faire la confidence. Ce second dont je réponds commede moi-même, se nomme Bastoche. C’est un gamin de Paris. Je l’avais laissé derrière moi, il repéra aussitôt cet intrus dissimulé dans la rue d’en face. Et j’en déduis d’après vos dires que c’est bien vous, et vous seul qu’il suivait, qu’il surveillait, qu’il observait sous tous rapports. Manifestement ce mercenaire a été

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