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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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le Commandeur tient en toute propriété de la munificence royale, et qui, dans l’esprit d’Ulloa, doit faire partie de la dot de sa fille Léonor. Allez, comte, et songez que le Commandeur vous aime au point qu’il vous considère comme un fils…
    Loraydan s’inclina au plus bas, mais sans avoir compris la véritable portée de ces paroles, car le Commandeur ne lui avait jamais parlé de sa fille. Il courut aux écuries du roi, se fit seller un cheval, et sortit du Louvre au galop.
    Aussitôt, dans les antichambres, le long des escaliers encombrés, dans les cours bruissantes de conversations et de rires, la rumeur se répandit que le comte de Loraydan était grand favori : plus d’un courtisan se rappela soudain qu’Amauri était un charmant cavalier dont il avait toujours été l’ami fidèle, plus d’un chercha dans sa généalogie si quelque parenté éloignée ne pourrait s’y découvrir… Loraydan galopait, le cœur gonflé d’orgueil, l’esprit éperdu d’espérance… il galopait vers la fortune !
    Lorsqu’il passa devant son hôtel, il eut un tressaillement et piqua son cheval pour passer plus vite. Là, quelqu’un souffrait, quelqu’un le maudissait… Mais ce vague sentiment dura peu ; les dents serrées, le regard enflammé, Loraydan songea : Malheur à qui se trouve sur mon chemin ! Malheur à qui me tombe sous la main !
    Il atteignit l’hôtel d’Arronces et jeta un rapide regard sur le logis Turquand.
    La fenêtre aux vitraux coloriés était entr’ouverte.
    Et là, mise en valeur par la masse d’ombre du fond de la salle, éclairée par un pâle rayon de soleil, ce fut une soudaine et vaporeuse apparition blonde… une délicate vision de vierge aux yeux bleus… un sourire craintif où se révélait une tendresse passionnée…
    Loraydan sentit l’amour fondre son cœur.
    – Qu’elle est belle ! pensa-t-il. Qu’elle est belle et comme mon cœur tremble à son aspect !
    Lentement, longuement, il s’inclina, salua d’un grand geste empli de respect…
    Quand il se redressa, Bérengère avait disparu, et la figure grave de Turquand se montrait dans la pénombre. Loraydan lui adressa de la main un geste familier, et mit pied à terre.
    – Oui, murmura-t-il tout haletant, elle est belle et je ne puis la voir sans me sentir bouleversé. Mais, par l’enfer, je ne serai pas sa dupe ! Et en attendant… celui qui l’aime… celui qu’elle aime sans doute… oui, ce Clother est à jamais perdu pour elle !… Pour le reste, nous verrons bien !
    Il vit alors avec surprise que la grille de l’hôtel d’Arronces était ouverte.
    Il attacha son cheval à l’un des barreaux, et s’avança vivement dans l’allée des tilleuls vers un groupe de serviteurs assemblés au pied du perron. Un homme vêtu de noir vint à sa rencontre. C’était l’intendant, messire Jacques Aubriot.
    – De la part de Sa Majesté le roi ! dit Loraydan. Faites savoir à M. le Commandeur d’Ulloa que je dois l’entretenir sur l’heure même.
    L’intendant s’inclina respectueusement, et dit avec une sorte de solennité :
    – M. le Commandeur d’Ulloa n’obéira plus jamais à aucun ordre d’aucun roi de la terre. M. le Commandeur d’Ulloa ne peut plus obéir maintenant qu’au roi du ciel. M. le Commandeur d’Ulloa est mort !…
    Loraydan eut un mouvement de stupeur :
    – Mort !… Le Commandeur est mort !…
    Jacques Aubriot s’inclina. Loraydan continua :
    – Hier encore si vigoureux !… Quel mal inconnu a pu, si rapidement…
    – Ce mal porte un nom bien connu, dit l’intendant. Cela s’appelle une dague : M. le Commandeur d’Ulloa a été égorgé…
    – Égorgé ! s’exclama le comte. Où ! Quand ! Par qui ?…
    – Où ? Dans la salle d’honneur de l’hôtel. Quand ? Hier, entre neuf et dix heures du soir. Par qui ? C’est ce que j’ignore, et c’est ce que vous dira M me  Léonor d’Ulloa s’il vous plaît que je vous conduise à elle, car vous venez au nom du roi !
    Loraydan, d’un signe de tête, refusa cette offre, et tout en courant, revint à son cheval sur lequel il sauta pour s’élancer à fond de train vers le Louvre. Il était pâle. La rage contractait ses traits. Le coup le frappait si rudement qu’il en oubliait jusqu’à Bérengère. Mort ! Le Commandeur était mort !… Et morte aussi la fortune de Loraydan, peut-être ! Tout son rêve de puissance n’était-il pas échafaudé sur cet appui que Sanche

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