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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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soupçonneux et morose. Mais dans le récit du connétable au sujet des relations du roi et de la demoiselle de Sennecour, j’ai cru deviner des choses qui m’ont donné comme un frisson d’effroi. Et dans les quelques mots embarrassés qu’il m’a dits, touchant la mort de cette infortunée qui, paraît-il, succomba en la fleur de son âge à une désespérance inconnue, il m’a semblé voir je ne sais quoi de sombre et de terrible…
    DE LA 37 e NOTE :
    Au I er de décembre. – L’empereur est parti hier de Brantôme, à midi, pour se rendre à Angoulême, où de nobles fêtes lui sont préparées. J’ai dû rester pour visiter en son nom les principaux notables de cette petite cité, qui, sans tant de faste, lui avaient fait le plus touchant accueil. Et Sa Majesté a voulu que je leur laisse à chacun un présent, en souvenir de son passage. En sorte que le jour du 30 e de novembre finissait quand j’ai pu, avec mes quatre suivants, quitter Brantôme pour rejoindre l’escorte. Et bientôt la nuit nous a surpris.
    Parvenu à environ trois lieues de pays au delà de Brantôme et ayant devant moi, à cinquante pas, sise au bord de la route, une grande maison carrée dont deux fenêtres du bas étaient éclairées, un grand cri en est sorti…
    J’ai su ensuite qu’on l’appelle l’auberge de la «  Grâce de Dieu » , mais qu’en vérité c’est un logis désert, un coupe-gorge où viennent se concerter ces pillards, écorcheurs, anciens arquebusiers licenciés, qui, depuis la paix, infestent ce beau royaume.
    Ayant mis pied à terre et étant entrés, nous avons vu deux grands diables de routiers se sauver par l’une des fenêtres ; sur quoi mes gens les ont poursuivis, mais sont bientôt revenus sans les avoir rejoints.
    Sur le sol de la salle éclairée par une torche de résine, j’ai vu, étendu de son long, la main encore serrée sur la poignée de sa rapière à demi tirée comme s’il n’eût point eu le temps de dégainer, un tout jeune gentilhomme, la poitrine déchirée d’un coup de dague, et cela m’a donné grand’pitié.
    Comme il respirait encore, j’ai lavé et bandé la plaie pour retenir le reste de vie qu’il pouvait avoir ; et non sans peine, l’avons porté jusqu’au plus proche village où j’ai heurté la porte d’une chaumière dont les gens ont accueilli ce gentilhomme, l’ont mis en un lit, et ont fait diligence pour lui donner des soins, le tout de fort bon cœur.
    Voyant qu’il ouvrait les yeux, je lui ai dit qui j’étais, et qu’il pouvait avoir toute confiance en moi au cas où il aurait quelque volonté à exprimer. Il n’a pu me répondre que des choses inintelligibles où j’ai seulement compris qu’il parlait d’un pont, je crois, puis il s’est affaibli.
    J’ai pensé que ce malheureux jeune homme ne tarderait pas à trépasser ; et, ayant vu dans ses habits qu’il avait été dépouillé de tout son argent, j’ai donné deux ducats d’or à ces bonnes gens pour qu’ils aient soin de l’enterrer chrétiennement, et nous avons poursuivi notre route.
    DE LA 43 e NOTE :
    Au 7 e de décembre. – Le gouvernement de Poitiers est venu à notre rencontre escorté de cinq cents gentilshommes portant des équipements dont chacun était une fortune. Et deux mille bourgeois nous ont fait la haie, tous vêtus de satin blanc avec passements d’argent, les pourpoints à boutons d’or et les bonnets de velours tout couverts de pierreries.
    Et j’ai eu la grande joie de retrouver en Poitiers le comte Amauri de Loraydan venu du Louvre pour me voir, sur l’ordre du roi. Ce parfait gentilhomme sera près de moi jusqu’à notre entrée dans Paris.
    Nous arrêtons ici nos extraits. Nous en savons assez sur la marche du Commandeur d’Ulloa.
    En fait, nous savons :
    Que le roi de France lui a fait don de l’hôtel d’Arronces, autant pour le remercier de ce qu’il a déjà fait que pour l’inciter à de nouveaux efforts auprès de Charles-Quint.
    Que cet hôtel d’Arronces a jadis appartenu à une demoiselle Agnès de Sennecour qui y est morte.
    Que le Commandeur, à quelque distance de Brantôme, a donné des soins à un jeune gentilhomme dont il n’a pu tirer aucun renseignement.
    Que le Commandeur, à Poitiers, a trouvé le comte Amauri de Loraydan, venu à sa rencontre sur l’ordre de François I er .
    Voilà ce que nous savons.
    Et c’est le moment d’appeler sur notre scène certains personnages dont les faits et gestes ont

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