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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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annonça :
    – Deux gentilshommes viennent d’arriver à l’instant, et attendent M. le comte dans la salle des armes.
    – Qui sont-ils ? demanda Loraydan. – Sansac et Essé, pensa-t-il. Ils sont bien pressés, les chers amis ! les dignes valets de ce rufian de roi !
    – Ce sont, répondit placidement Brisard, ce sont M. de Maugency et M. le roi…
    – Le roi !…
    Le grand seigneur se rua, bondit, se précipita dans la salle où se trouvait son maître, avec toutes les marques de la surprise, de la confusion, de la joie, du bonheur, de l’affection, du dévouement, s’élança vers François I er , assis dans un grand fauteuil armorié, se prosterna à demi, et, emporté par la puissante émotion qui lui faisait oublier toute étiquette, d’un accent de sensibilité débordée de son cœur fidèle, suffoqué, il bégaya :
    – Oh ! sire !… Oh ! sire !… Jamais je ne me pardonnerai de n’avoir pas été là !… Oh ! pardon, pardon ! J’ai osé parler sans être interrogé par mon roi !…
    – Eh ! dit gaiement François I er , comprends donc qu’il n’y a pas de roi ici !… et tu es chez toi ?
    – Chez vous, sire, je suis chez vous ! car tout ici vous appartient…
    – Allons, c’est bien… dis bonjour à Maugency, puis tu me raconteras ton voyage.
    Loraydan se jeta dans les bras de Maugency, gentilhomme très distingué de physionomie et d’allure, qui reçut assez froidement les démonstrations du comte.
    François I er était fort simplement vêtu d’un drap des Flandres de couleur sombre, qu’il portait avec toute l’élégance native des Valois. Il avait cette figure blafarde et fatiguée que lui donnaient les excès, mais au total, il semblait jouir d’une bonne santé ; en tout cas, M me  Ferron n’avait pas encore paru dans cette existence ; le roi n’était pas encore cet être luttant contre l’effroyable et inguérissable mal qui devait l’emporter huit ans plus tard, tel que nous l’avons présenté dans un autre ouvrage. Quant à sa visite au comte de Loraydan, il était coutumier du fait. Souvent, il lui arrivait d’aller surprendre un de ses gentilshommes favoris et de lui dire : « Allons courir les rues de Paris »…
    – Eh bien, qu’as-tu fait depuis ton départ ?
    – Sire, dit Loraydan, ainsi que Votre Majesté m’avait fait l’honneur de me le demander, j’ai accompagné jusqu’à Angoulême les princes et le connétable, mais je me suis attaché à la personne de M. d’Ulloa. À Angoulême, j’ai quitté le seigneur espagnol qui, avec l’escorte des princes, a continué sa route vers la Bidassoa. Rentré ce jourd’hui même, je me préparais à me rendre au Louvre… C’est tout, sire.
    François I er interrogea le comte du regard. Loraydan eut un geste évasif… Maugency se recula.
    – Tu peux parler devant Roland, dit le roi en ramenant le gentilhomme d’un signe bienveillant.
    – En ce cas, reprit Loraydan, selon les instructions que j’ai reçues de Votre Majesté, je dirai que j’ai tout mis en œuvre pour gagner la confiance et même l’affection de M. le Commandeur d’Ulloa.
    – As-tu réussi ? demanda vivement François I er .
    – Au delà de mon espoir, sire. Et à tel point que ce digne seigneur m’a proposé d’aller m’établir en sa commanderie de Séville. J’ai donc mis à profit cette estime qui m’était témoignée pour essayer de décider M. d’Ulloa à intervenir auprès de Sa Majesté le roi des Espagnes dans le sens que vous m’aviez indiqué.
    – As-tu traité la question du Milanais ?
    – Oui, sire. Et tous les jours, j’ai entretenu le Commandeur du grand désir de Votre Majesté de rentrer en possession de ce duché. Selon vos ordres, je lui ai laissé entendre d’abord qu’une paix définitive ne serait qu’à ce prix, et ensuite que votre royale reconnaissance serait sans bornes envers qui déciderait l’empereur à cet acte de justice.
    – Eh bien ? fit le roi qui écoutait avec une attention soutenue.
    – Eh bien, sire, ces vieux hidalgos sont fins comme des renards. M. d’Ulloa ne m’a donné que des assurances générales, sans entrer dans le positif. Il m’a comblé des marques de son affection, mais n’a rien promis de précis…
    Le roi se leva et commença dans la salle une promenade agitée.
    – Je lui ai donné l’hôtel d’Arronces, dit-il, je lui en ai expédié les lettres de donation. Mais je ferai bien plus s’il veut

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