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Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie

Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie

Titel: Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnauld d'Abbadie
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tentatives d'émancipation, se rappelant que, dans des circonstances analogues, sa vigilante mère l'avait décontenancé et réduit à disgracier ses confidents.
    Cet état de choses favorisait l'esprit d'indépendance des grands vassaux; la régente avait souvent dû les réprimer par les armes; ils étaient encore menaçants. La responsabilité de la Waïzoro s'aggravait à chaque victoire, et son impopularité augmentait à mesure que son fils approchait de l'âge d'homme. Néanmoins, malgré les rébellions, malgré les tiraillements, qui énervaient l'autorité, la prépotence acquise par la dynastie de Gouksa était telle, que la cour de Dabra-Tabor conservait son ascendant sur l'Éthiopie, depuis Moussawa jusqu'à l'Innarya, et depuis Wohéni jusqu'à Ankobar, capitale du Chawa.
    Comme il a été dit plus haut, pendant les quelques années qui précédèrent le démembrement effectif de l'Empire, les Empereurs avaient attribué au Ras Bitwodded, ou Grand Connétable, Gouverneur du Bégamdir, une sorte de suprématie sur plusieurs Dedjazmatchs, qui devinrent ainsi les vavasseurs ou arrière-vassaux de l'Empire. Les successeurs de Tallag Ali, s'appuyant sur ce précédent, ont prétendu à l'hommage de tous les Gouverneurs de l'ancien Empire, et, selon les circonstances, ils ont cherché à faire prévaloir par les armes cette prétention, point de départ de toute leur politique. Cette politique consistait à prévenir ou à dissoudre les ligues que formaient naturellement les Gouverneurs du Tegraïe, du Samen, du Lasta, du Gojam, du Damote, de l'Agaw Médir et du Dambya, dont les forces réunies eussent été plus que suffisantes pour balayer, sans combat, du Bégamdir, une famille étrangère, entachée, aux yeux des indigènes, de son origine musulmane.
    Lors de mon arrivée dans le pays, la suzeraineté effective du Ras Ali s'étendait sur les plus riches contrées; ses principaux feudataires étaient:
    Le Dedjadj Conefo, Gouverneur du Dambya et de l'Agaw Médir;
    Le Dedjadj Guoscho, Gouverneur du Damote, du Metcha et de l'Ybaba;
    Le Fit-worari Birro, fils du Dedjadj Guosche, Gouverneur de la plus grande partie du Gojam;
    Le Dedjadj Ahmédé, Gouverneur du Wora-Himano, du Wadla, du Dawonte et d'une portion du Wallo;
    Le Dedjadj Farès Aligaz, Gouverneur de l'Idjou et d'une partie du Lasta;
    Le Wagchoum Wacen, Gouverneur du Wag, du Tcharatch-Agaw et de la meilleure partie du Lasta;
    Le Dedjadj Ceddet, Gouverneur de l'Armatcho;
    Le Dedjadj Deureusso, Gouverneur de Erbabe, de Basso et de quelques districts du Gojam;
    Le Dedjadj Béchir, Gouverneur du Délanta, des districts voisins du Wallo et de l'Amara;
    Le Dedjadj Brillé, Gouverneur de l'Amara;
    Enfin, quelques Dedjazmatchs répartis dans les gouvernements du Bégamdir.
    De ces leudes ou vassaux, le moindre en importance était le Dedjadj Deureusso, qui se rendait à l'appel de son suzerain à la tête d'un contingent de 5 à 6,000 hommes, et le plus important, le Dedjadj Ahmédé, qui en conduisait, dit-on, près de 40,000. On estimait qu'en convoquant le ban et l'arrière-ban, Ali devait rassembler une armée d'au moins 140,000 hommes. Mais depuis la régence de la Waïzoro Manann, la fidélité des grands vassaux n'était que précaire; les Dedjazmatchs Farès, Guoscho et Conefo donnaient le plus à craindre.
    Aligaz Farès, parent éloigné du Ras, gouvernait un pays difficile, dont les habitants aimaient la guerre, et où il était très-populaire; quatre fois vaincu par l'armée d'Ali en bataille rangée, il était tombé deux fois aux mains des vainqueurs; mais il avait été réintégré, grâce à sa famille toujours unie, grâce aussi à son habileté politique et aux séductions de son esprit.
    Le Dedjadj Guoscho tenait par sa mère à la famille impériale; son père, le Dedjadj Zaoudé, Gouverneur du Gojam, du Damote, de l'Agaw Médir, du Metcha et de l'Ybaba, était mort captif du Ras Gouksa, contre lequel il avait combattu plusieurs années pour son indépendance. Le Dedjadj Guoscho, quoique réduit au gouvernement du Damote, du Metcha et de l'Ybaba, était encore redoutable. Princes, gens d'église et cultivateurs, tous le tenaient en grande considération, tant à cause de sa haute naissance que de la bonté de son caractère.
    Le Dedjadj Conefo, Gouverneur du Dambya et de l'Agaw Médir, séparé du Bégamdir par des frontières indécises au point de vue militaire, eût été peu à redouter, malgré ses forces importantes et son esprit

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