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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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n’avait pas été détruite par la moindre explosion, mais abattue et embarquée dans le cadre du pillage de Bonaparte.
    Aussi triste que cela soit de constater la mutilation causée par le départ des Français, je me considérai chanceux d’avoir échappé à la brève dépression anarchique dans laquelle était tombée la population restée à Moscou durant les vingt-quatre heures suivant le départ des Français. Ce que j’en entendis était assez décourageant. Une foule avait marché sur la Maison des enfants trouvés, où l’on ne trouvait plus le moindre orphelin, mais des centaines de Français blessés, trop faibles pour être déplacés. Peu survécurent à la colère de la foule, bien que leur mort ait été plus rapide que celle de nombre de leurs camarades qui, eux, avaient été en mesure de marcher au cœur du glacial et fatal hiver russe. Si la foule s’était cantonnée à des actions de pure vengeance, celles-ci auraient pu être attribuées à quelque sens patriotique mal placé mais, d’après ce que l’on me raconta, le pillage était devenu plus répandu que jamais. Le ravitaillement, que l’on aurait dû partager entre tous les Moscovites, fut saisi par les plus forts et les plus égoïstes. Par chance, il y avait eu près de la ville des troupes russes sous le commandement du prince Khovansky, attendant le départ des Français, et la période durant laquelle aucune loi — ni française ni russe – ne régna fut heureusement brève. Lorsque je revins, la civilisation — sinon la civilité — avait été restaurée depuis longtemps.
    L’auberge de Tverskaïa où je dormais habituellement (lorsque je ne fréquentais pas les étables ou les cryptes) avait au moins en partie survécu aux incendies. Les flammes avaient consumé une grande partie du pâté de maisons et une bonne moitié des chambres avaient été détruites, mais ses propriétaires étaient déjà revenus et tentaient de ressusciter leur commerce en utilisant les quelques pièces qui demeuraient habitables. Je bavardai avec l’aubergiste tandis qu’il me conduisait à une chambre d’une modestie décourageante. (La suite que j’occupais jadis n’existait plus – l’escalier qui y avait autrefois mené ne conduisait maintenant plus qu’à un précipice surplombant un terrain vague jonché de détritus et de gravats.) Il s’enquit de Vadim, Dimitri et Max. Je lui dis qu’ils allaient tous bien, trouvant plus facile de mentir au sujet de Max, mais j’en déduisis qu’il n’avait pas vu Vadim plus récemment que moi.
    Il n’y avait pas grand-chose que je puisse faire pour retrouver la trace de Vadim. Lorsque les Français étaient arrivés, il avait — comme moi — plongé dans la clandestinité. Ses talents de dissimulation n’étaient peut-être pas les meilleurs au monde, mais, dans une ville de la taille de Moscou, je ne savais où commencer à chercher. Je ne pouvais que me présenter aux différents points de rendez-vous quotidiens que nous avions fixés plusieurs semaines auparavant. C’était un faible espoir, mais c’était le dernier plan d’action que nous avions. Aussi minces que soient les probabilités, c’était encore la meilleure chance que j’avais de le trouver. De surcroît, il y avait aussi la possibilité qu’un ou plusieurs des Opritchniki s’y présentent, une perspective que j’envisageais avec une certaine ambivalence.
    Le point de rendez-vous du dimanche était l’église de Feodor Stratilit, à côté de la tour de Menchikov, à l’est du Kremlin. Je fis un léger détour pour revoir l’endroit où j’avais passé ma dernière nuit en ville, dans le logement minuscule de Boris et Natalia au sein du bidonville. Lorsque j’y parvins, il n’en restait rien, à part quelques biens de peu de valeur éparpillés çà et là, et je pus voir les restes des tentes de fortune que les gens avaient fabriquées. Je parvins même à retrouver l’endroit exact où, selon mon estimation, le recoin de Boris et Natalia était situé. Ils n’avaient rien laissé de valeur. Un tesson de bouteille émergeait de la boue. Mais j’étais incapable de dire si c’était la bouteille à laquelle j’avais bu, ou l’une de celles que je leur avais données, ou encore une autre bouteille égarée, jetée.
    En me renseignant, j’appris que le campement avait été démantelé par les Français quelques jours seulement après que nous étions partis. Il n’y avait pas eu d’effusion de

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