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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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en prévision de ma chute. Je sentais mon corps descendre peu à peu. Mais ce n’étaient pas mes doigts qui abdiquaient, c’était la planche elle-même. Accompagnée par le grincement des clous extraits du bois, la latte que je tenais céda. Sa pointe traça un quart de cercle à travers la pièce, se déplaçant tout d’abord horizontalement puis se courbant doucement pour finir par une descente verticale, finale et rapide, et je tombai avec elle.
    J’atterris sur mes pieds mais m’affalai immédiatement sur le flanc, parvenant à garder en main mon épée. Où la planche de bois s’était trouvée, la lumière du soleil pouvait maintenant pénétrer en un rayon de l’épaisseur d’un mur de briques qui découpait la pièce en deux. Pour les vampires, c’était tout aussi infranchissable. J’avais atterri du mauvais côté de la séparation, aux pieds de Iouda et Piotr, mais pour moi la barrière n’était pas plus impénétrable que l’air. Je roulai de côté vers l’autre partie de la pièce et me relevai.
    Iouda était en rage. Il bondit vers moi avec une expression de malveillance indicible sur son visage, et il fallut la force conjointe de Piotr et Dimitri pour l’empêcher de traverser la lumière intrusive qui aurait très certainement signé son arrêt de mort.
    J’écrasai la poignée de mon épée dans l’estomac d’Andreï et ses souffrances redoublèrent, ses mains abandonnant sa gorge pour se poser sur son ventre. Sa nuque était maintenant totalement exposée et j’y abattis la lame de mon sabre à mes deux mains. Toutefois, ce n’était pas encore assez pour la trancher. Je pouvais sentir que mon épée était légèrement coincée entre deux vertèbres et ne pouvait se déplacer ni en avant ni en arrière. Je donnai une chiquenaude du poignet et imprimai un brusque mouvement latéral de torsion à la lame. J’entendis le bruit sec produit par la rupture de ligaments quelconques qui maintenaient la tête d’Andreï sur ses épaules et sentis la lame se libérer.
    La tête d’Andreï était tombée en poussière avant même d’atteindre le sol. Son corps se raidit et ses mains se portèrent à l’endroit où se trouvait autrefois son visage. Elles non plus n’en eurent pas le temps, se desséchant puis se désintégrant tandis qu’il tombait à genoux. Sa chute ne s’interrompit jamais. Au moment où ses genoux touchaient le sol, son corps tout entier n’était plus qu’une fine poudre qui se déposa, plutôt qu’atterrit, au sol. Au cours de sa descente, son manteau, sa chemise et sa culotte cessèrent d’être portés par son corps et se mirent à tomber d’eux-mêmes pour former un tas de linge, comme une marionnette dont les fils ont soudain été coupés.
    L’horreur sur le visage de Piotr et Iouda n’était rien comparée à celle de Dimitri. La leur exprimait la colère et le désir de vengeance. La sienne montrait un choc sincère à la vue de son ami Andreï abattu sous ses yeux et de son ami Alexeï accomplir la boucherie avec une satisfaction évidente.
    — Attrapez-le, Dimitri Fétioukovitch ! gronda Piotr. Vous seul le pouvez.
    Dimitri s’approcha du mur de lumière, mais même lui semblait réticent à le franchir. Il y avait des larmes dans ses yeux lorsqu’il parla.
    — Pourquoi, Alexeï ? dit-il. Toi plus que tout autre, tu es un homme éclairé. Tu n’as pas à te complaire dans les préjugés et superstitions de nos grands-parents. Ils sont venus ici pour nous aider, pour combattre nos ennemis, comme s’ils étaient nos frères. Tout au long de leur existence, ils ont été confrontés à la haine des ignorants, et maintenant toi – même après qu’ils nous ont aidés à expulser les Français –, même toi, tu ne peux leur offrir d’autre remerciement que la mort.
    Il tira son épée et fit un pas dans ma direction, debout au milieu de la barrière même qui divisait la pièce, son visage, ses cicatrices et ses larmes illuminés par la lumière du soleil.
    — Tuez-le, Dimitri ! rugit Iouda de derrière.
    — Je ne veux pas lutter contre toi, Dimitri, dis-je, baissant mon épée à mon côté mais n’étant pas assez insensé pour la rengainer. Mais je le ferai si j’y suis contraint, et, si c’est le cas, je gagnerai.
    — Je ne crois pas que tu me tuerais, Alexeï, mais, après avoir vu ce que tu as fait à Andreï, que sais-je de toi ?
    — Regarde autour de toi, Dimitri, insistai-je. Regarde les cadavres sur le sol. Ils ne sont

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