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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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arriver là-bas d’ici dimanche, et nous aurons alors une journée entière pour tout vérifier avant la rencontre de lundi.
    — Cela te dérange-t-il alors si je ne passe pas demain soir ?
    — Pourquoi ? Tu n’aimes pas l’idée d’être réveillée aussi tôt ? plaisantai-je.
    — Je n’aime pas l’idée de me réveiller pour te voir partir… ou pour te voir déjà parti.
    — Bien, dis-je, bien que la perspective me touche plus durement que je l’aurais imaginé.
    — C’est égoïste de ma part, je sais.
    — Ce n’est pas grave. Si tu étais là, je ne pourrais probablement pas partir.
    — Tu peux m’avoir toute la journée de demain, par contre. Je ne vais pas travailler.
    — Tu peux ? Juste comme ça ?
    — Je peux faire ce que je veux. Piotr Piétrovitch a une peur bleue de toi.
    — Vraiment ? (J’étais surpris.) C’est à peine si je lui ai jamais parlé.
    — Oui, mais je lui ai raconté un certain nombre de choses sur le grand soldat que tu es, et ainsi de suite. Totalement exagérées, bien sûr.
    — Merci.
    — De toute façon, il a besoin de moi à ses côtés. Je suis la plus populaire de ses filles.
    Je sentis un nœud dans mon estomac à me voir confronté à une réalité dont j’étais déjà pleinement conscient.
    — Est-ce censé me rassurer ? demandai-je, essayant de rendre les choses plus légères qu’elles l’étaient pour moi.
    — Ne mérites-tu pas ce qu’il y a de meilleur ? sourit-elle.
    Je me levai et entrepris de débarrasser la table. Puis vis son visage se vider de toute couleur. Je suivis son regard jusqu’à l’épée de bois de remplacement sur laquelle j’avais travaillé, posée, à demi achevée, sur le bureau dans le coin de la chambre.
    — Qu’est-il arrivé à l’autre ? demanda-t-elle.
    — Dimitri l’a cassée, dis-je.
    Elle perçut mon désir de ne pas lui donner davantage de détails, et ne posa pas de questions.
    — Elles doivent se briser très facilement, dit-elle simplement.
    — Ce n’est jamais un problème d’en faire une nouvelle, lui dis-je.

    Nous passâmes le jour suivant à nous promener dans la ville. Il faisait en dessous de zéro et une couche de neige recouvrait le sol (rien en comparaison de ce qui était à venir). Nous portions tous les deux de lourds manteaux pour nous réchauffer.
    — Je déteste voir Moscou ainsi, dit Domnikiia après que nous eûmes marché un petit moment. Si dévasté – si vide.
    Elle ne voyait pas les choses comme moi. Malgré les maisons réduites en cendres et les rues vides, ce qui ressortait à mes yeux était le regain. Comme les premières pousses vertes du printemps, ce n’était pas évident, mais, pour ceux qui y prêtaient attention, il était partout, impossible à contenir. À chaque coin de rue, quelqu’un réparait les dommages causés à sa maison ou rouvrait une boutique. Même le froid de l’hiver ne parvenait pas à gâcher mon optimisme. Le rétablissement prendrait du temps, mais il viendrait inévitablement.
    Nous étions arrivés à un cimetière de Kitaï-Gorod que je connaissais bien.
    — C’est ici que nous avons séjourné après l’incendie, dis-je à Domnikiia, avec Boris Mikhaïlovitch et sa fille.
    — Cela me rappelle… L’une des filles au travail la connaît.
    — Connaît Natalia ?
    — Oui, j’allais te le dire.
    — Raconte-moi. Vont-ils bien ?
    — Oui, oui. Elle l’a vue il y a quelques jours.
    — Ont-ils trouvé un endroit où vivre ?
    — Ils partagent un logement avec un autre cordonnier sur la rue Ordinski, à Zamoskvorechié. Veux-tu que nous allions les voir ?
    — Non, répondis-je. Pas aujourd’hui.
    — Mais tu en parleras à Dimitri, n’est-ce pas ?
    — Oui, oui.
    Mais je ne le lui dirais pas tout de suite.
    Nous fîmes nos adieux devant sa porte de la rue Degtiarni. La place était couverte de neige et je ne pus m’empêcher de me rappeler la scène la première fois que j’avais posé le regard sur elle, un peu moins d’un an auparavant. Je ramassai une poignée de neige et en fis une boule, que je lançai à travers la place sans cible particulière. Elle sourit, se souvenant, et prit mes mains.
    — Mon sauveur, dit-elle, mais elle devint ensuite plus grave. Combien de temps partez-vous ?
    — Deux jours pour y aller – deux jours pour en revenir.
    — Tu vas donc revenir ?
    — Bien sûr que je reviens, souris-je.
    — Directement ?
    — Je ne peux pas te le promettre. Cela dépendra de ce qui se passe. Mais je

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