Douze
Leur inquiétude était tellement focalisée sur le fait de découvrir si je connaissais leur véritable nature qu’ils n’ont pas montré la moindre curiosité par rapport à ma véritable nature. Le fait que j’avais été capturé par les Français était universellement accepté et la possibilité que je sois volontairement entré dans le camp français n’a même jamais été évoquée.
Ils ont suggéré que je me repose et me remette de la blessure à la tête qu’Andreï – il s’est avéré que c’était lui – m’avait infligée, pendant qu’ils continueraient à harceler les Français du mieux qu’ils pouvaient. Le plan était de nous réunir de nouveau à Goriatchkino, quatre jours plus tard. J’étais d’accord, heureux que cela me donne suffisamment de temps pour manigancer leur chute.
Une fois qu’il a fait jour, je suis retourné au camp où les événements de la nuit précédente avaient eu lieu. Pas une âme n’avait survécu. Les Opritchniki avaient fait quelque effort pour couvrir leurs traces. De nombreux cadavres présentaient des blessures par balles ou par baïonnettes qui, c’était clair à mes yeux, avaient été infligées après la mort. Un certain nombre d’incendies avaient été démarrés, mais eux aussi ne parvenaient que superficiellement à cacher les blessures à la gorge à vous soulever le cœur que j’ai trouvées sur chacun des cadavres.
Les Opritchniki n’avaient pas tué les chevaux au camp, mais les avaient libérés de leurs enclos afin d’ajouter à l’impression générale de chaos. Je suis parvenu à m’emparer de l’un d’entre eux, de sorte que mon trajet vers Goriachtkino a été rapide. Je suis resté quelques jours au lieu de rendez-vous – le bâtiment fermier – que nous avions choisi, mais ni toi, ni Vadim, ni Dimitri, ni aucun des Opritchniki ne s’est montré. Le 24 août – la nuit où j’étais convenu de retrouver mes trois Opritchniki –, les Français étaient déjà presque dans le village et se préparaient pour la grande bataille à Borodino. J’ai laissé un bref message à votre intention disant simplement que j’étais passé, et puis je suis retourné derrière les lignes françaises pour préparer le piège que j’avais prévu pour les Opritchniki.
J’ai prévenu les gardes du camp que j’allais leur envoyer trois espions ennemis cette nuit-là. Je les ai décrits, leur ai indiqué d’où ils allaient arriver et même le mot de passe erroné qu’ils utiliseraient lorsqu’ils seraient sommés par une sentinelle. J’ai chargé les gardes de simplement les capturer, de leur lier pieds et poings et de les détenir jusqu’à mon retour. Je leur ai dit de s’assurer que les captifs n’étaient pas enfermés dans une tente, mais gardés à l’extérieur, près du feu. Tu es peut-être surpris, Alexeï, de la facilité que j’ai eue à émettre ces ordres, mais une fois que ma bonne foi a été prouvée, les hommes du camp n’étaient que trop impatients d’aider à capturer les infiltrés russes.
Je suis revenu à Goriatchkino et j’ai attendu. Peu après la tombée de la nuit, Andreï, Iakov Alfeïinitch et Simon sont arrivés. Ils avaient ramené avec eux Faddeï, qu’ils avaient rencontré quelque part en chemin. Mon enthousiasme à la perspective de détruire quatre de ces créatures, au lieu des trois que j’avais initialement prévu de tuer, a été, je suppose, ma perte. Je leur ai dit que j’avais trouvé un camp français isolé qui était parfait pour qu’ils y mènent une attaque. Je leur ai indiqué les points faibles dans le périmètre et même le mot de passe du jour (incidemment, j’ai dit que c’était toi qui me l’avais fourni, Alexeï).
Faddeï n’avait pas très envie de se joindre au détachement chargé de l’attaque. Il estimait qu’il devait revenir vers Vadim et les autres Opritchniki sous son commandement. Je l’ai persuadé que le camp français était une cible facile et qu’il serait idiot de ne pas y aller. La description que j’ai donnée de tous ces soldats jeunes, innocents et en bonne santé a dû, je pense, exciter son appétit. Ils sont partis et je me suis allongé pour attendre l’aube.
Peu de temps après que le soleil s’est levé, je suis revenu au camp français dans lequel j’avais envoyé les quatre Opritchniki. Mes instructions exigeant de les attacher et de les garder à l’air libre avaient été un test pour eux et un test pour ma
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