Douze
s’était échappé de l’attaque contre les Français. Il avait manifestement compris que je les avais trahis. Je ne pouvais pas tenter de le nier. Au lieu de cela, j’ai dit à Dimitri ce que j’avais vu, ce que les Opritchniki avaient fait, qu’il s’agissait de vampires, mais il a juste dit qu’il en était parfaitement conscient. Je lui ai demandé comment il pouvait vivre avec cette connaissance et il a déclaré qu’il était prêt à utiliser tous les moyens qu’il pouvait trouver pour vaincre les Français. Andreï en avait après mon sang, mais Dimitri – à son crédit – l’a retenu. Il m’a demandé de jurer que je ne tenterais plus aucune action contre les Opritchniki. Il avait l’air de penser que, maintenant que je comprenais ce qu’ils étaient, je les laisserais poursuivre leur travail à la façon qui leur convenait le mieux. J’ai refusé.
Je crois qu’à ce stade Dimitri pensait seulement que j’avais trahi les Opritchniki parce qu’ils étaient des vampires ; il n’avait pas remarqué que je travaillais pour les Français. Peut-être que, même si Andreï le lui avait dit, il ne l’avait pas cru. Mais c’est au cours de notre conversation qu’il a pris conscience du fait que je n’avais pas pu mettre en place le piège sans être en mesure de traverser librement les lignes françaises. Il était inutile pour moi de le nier. Il l’a pris comme une blessure physique, un choc bien plus grand pour lui que ne l’avait été pour moi le choc d’apprendre que les Opritchniki étaient des vampires. Il a marmonné qu’il n’appréciait pas la perspective de devoir te l’annoncer, ainsi qu’à Vadim, et il m’a abandonné aux mains d’Andreï.
J’ai tenté de parler avec Andreï, mais il était aussi peu communicatif que le reste des Opritchniki. Sa seule intention était de me voir mort. Tout comme Dimitri, il avait une énorme confiance en ses capacités, car tous deux n’avaient fait aucun effort ne serait-ce que pour me désarmer. Lorsqu’ils attaquent à la dérobée, les Opritchniki sont des assaillants couronnés de succès, mais les chances d’Andreï étaient moins bonnes ici dans un combat équitable. J’ai dégainé mon épée et il n’a montré aucune crainte. Cela ne semblait pas juste de l’utiliser sur un homme non armé, donc je lui ai dit de rester à distance, mais il a continué à avancer. Lorsqu’il est arrivé à portée de mon épée, il m’a bondi dessus. Je n’ai pas eu d’autre choix que d’amener la lame entre nous, et j’ai senti la pression sur ma main lorsque mon épée a rencontré puis surmonté la résistance de son corps. Son visage était tout contre le mien et je pouvais sentir son haleine fétide, mais, même si la blessure causée par ma lame ne semblait pas le faire souffrir, l’obstacle physique de la garde de mon épée elle-même l’empêchait de s’approcher davantage de moi. Après avoir persisté un petit moment, il a reculé et j’ai entendu et senti mon épée s’extraire en douceur de sous ses côtes. Il y avait une légère tache de sang sur son manteau, mais il ne semblait guère y avoir d’autres dégâts.
Je soupçonne qu’à partir de ce moment la plupart des victimes d’Andreï abandonnent face à son invincibilité, car il s’est mis à rire et a suggéré que je capitule face à l’inévitable. Il ne se rendait pas compte qu’on apprend plusieurs manières d’utiliser un sabre. À son avancée suivante, j’ai choisi non pas de poignarder mais de couper. À chaque pas qu’il faisait, je lui tailladais le torse. Chaque coup aurait brisé plusieurs côtes d’un homme normal. Je ne sais pas si c’était le cas sur lui. Il n’a montré que peu d’affaiblissement, mais la force même des coups a commencé à le repousser un peu. L’énergie que je dépensais pour chaque coup ne m’aurait pas permis de continuer longtemps, mais, en reculant, il a trébuché sur quelque chose et s’est retrouvé allongé sans défense par terre. J’ai levé mon épée pour porter à sa tête un coup qui devait, je l’espérais, l’affaiblir, et il a tendu le bras pour se protéger. La lame est entrée en contact avec son bras et a fait couler son sang. J’ai abaissé mon épée encore et encore, sachant que mon attaque ne portait maintenant que sur son bras. Je n’ai pas tenté de lui infliger un coup fatal, car je savais qu’une telle attaque serait vaine. Je ne peux pas te décrire, Alexeï – et
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