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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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communiquant plus particulièrement les circonstances, Alexeï, et (bientôt, j’espère) en me plaçant sous ta garde, je vise au moins à garantir que je meurs avec un certain vestige de ma réputation intact et également à mourir d’une manière permettant à mon âme d’être sauvée. J’imagine ta surprise en apprenant que l’une ou l’autre de ces choses puisse me préoccuper, mais je tiens à t’assurer que la première l’a toujours été. L’avenir de mon âme est une question qui, je n’en ai pris conscience que récemment, vaut la peine d’être posée.
    Je compte rester ici quatre jours. J’ai indiqué à Dominique où je suis et elle va, je l’espère, te le dire, à toi et seulement à toi. Si tu n’es pas arrivé au bout de ce laps de temps, je serai contraint de partir. La possibilité que Dimitri ou les Opritchniki restants me trouvent ici est trop horrible pour que je prenne ce risque. Je vais me diriger vers Toula au sud, puis continuer jusque chez ma mère. Tu sais où elle vit. Je n’écrirai pas où, dans l’espoir que mon omission puisse me protéger de toute autre personne qui pourrait lire ceci. Une fois que je l’aurai vue ainsi que, avec un peu de chance, mes sœurs, je tenterai alors de quitter définitivement le pays. Je ne serai pas heureux d’établir mon foyer en France. C’est de moins en moins le pays que je croyais que c’était.
    Tu es, je le sais, très au courant de mon intérêt pour les républiques tant des États-Unis que de France. Nous avons maintes fois jovialement discuté de la question et je sais que, au moins sur les principes généraux, ton opinion et la mienne ont souvent coïncidé. Je sais que tu n’approuveras pas ma décision, prise, du fait de ces principes, il y a quelques années de fournir un effort actif pour soutenir la France républicaine. C’était lorsque j’ai été capturé à Austerlitz que j’ai commencé à travailler pour la France. J’imagine ta moue cynique, sachant que tu me dirais qu’à l’époque la république n’était déjà plus une république puisqu’elle avait alors un empereur. Bien que Napoléon soit en effet devenu empereur, et que la bataille d’Austerlitz ait mené à l’anniversaire de son couronnement, je croyais encore que lui et ceux qui l’entouraient accomplissaient tout cela pour le bien des idéaux républicains éclairés. Même aujourd’hui, je le crois encore.
    Après ma capture, un certain colonel français (dont il vaut mieux garder le nom secret) m’a persuadé – sans peine – qu’en les aidant je pourrais en fin de compte aider la Russie elle-même à devenir une république aussi grande et puissante que la France ou l’Amérique pourraient jamais l’être. Je fus renvoyé en Russie comme si j’étais un prisonnier de guerre libéré. En réalité, c’était un acte non pas de libération, mais d’infiltration.
    Tu vois donc, Alexeï, que la majeure partie du temps où je t’ai connu, j’ai été un espion français, mais, crois-moi, c’est la seule chose sur laquelle je vous ai trompés. Tu peux voir cela comme une faible consolation, si c’en est une, mais en tout ce que je t’ai jamais dit, en toute affaire d’opinion, de stratégie et d’amitié, il n’y a eu aucun voile de faux-semblant entre nous, pas plus qu’entre moi et Vadim ou Dimitri. Le Maxime que vous avez connu était le véritable Maxime dans tous ses aspects, à l’exception de cette unique et minuscule question d’allégeance. Des hommes de couleurs politiques différentes et même de nationalités différentes n’ont pas à être en guerre les uns avec les autres, et, même lorsque c’est le cas, ils deviennent ennemis non pas par choix mais à cause des circonstances. Leur amitié peut-être ranimée une fois que la fumée de la bataille s’est évanouie. Si j’étais né français, peut-être que nous ne serions pas devenus les amis que nous étions autrefois – et que, j’espère, nous sommes encore –, mais j’aurais au moins conservé ton respect. Ce n’est pas pour dire que je tiens un accident de naissance pour responsable de ma trahison. Je n’aurais pas choisi d’être né français plutôt que russe. Ma loyauté a toujours été aux idées plutôt qu’aux États. Mon espoir était de prendre une idée née en France et de la voir prospérer en Russie.
    Je me dois de douter d’avoir été, en pratique, d’une grande utilité à la France. Le seul travail

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